Commentaire sur la pratique quotidienne de Chimé p’akmé nyingtik
La douce ambroisie d’immortalité
Brèves instructions sur les phases de génération et d’achèvement de la Pratique quotidienne de Chimé p’akmé nyingtik (L’essence du cœur de la sublime Dame d’immortalité) sous une forme unique
par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö
Namo Guru Ārya Tārāyai ![1]
Ô Noble Dame : il suffit de penser à toi
Pour recevoir l’accomplissement de la longévité parfaite.
Bienheureuse « Roue qui exauce les souhaits »,
Tu es inséparable du guru. Accorde-nous d’heureux auspices !
Ton sādhana – instructions orales du grand maître de l’Oḍḍiyāna –,
Est un trésor issu du sombre coffret de la profonde vastitude
De l’esprit de sagesse d’Ösal Trulpé Dorjé[2].
Je vais ici expliquer étape par étape cette essence du cœur de la Noble Dame.
De nombreux enseignements, kama et terma, portent sur Tārā blanche – l’immortelle Roue qui exauce les souhaits, la dispensatrice de longévité. Parmi ces enseignements provenant d’ācāryas accomplis, nous nous pencherons ici sur l’essence de l’esprit de sagesse du maître de l’Oḍḍiyāna, qui connaît les trois temps. Il sera plus précisément question d’un profond trésor de l’esprit dévoilé par Péma Ösel Dongak Lingpa : les enseignements de l’Essence du cœur de la sublime Dame d’immortalité, qui constituent un cycle dharmique vaste et profond. J’expliquerai pas à pas les instructions se rapportant à la « Pratique quotidienne sous une forme unique », laquelle distille l’essence du sādhana intitulé La Lumière de sagesse. Notre exposé comprendra des étapes préliminaires, la partie principale et la conclusion.
1. Les préliminaires
Cette section comprend deux éléments : 1) les étapes préliminaires à la séance ; 2) les étapes préliminaires au commentaire.
1. Les étapes préliminaires à la séance
Assoyez-vous sur un siège confortable, dans la posture en sept points de Vairocana. Le point crucial de la parole consiste à laisser les énergies (ou vents) qui circulent se déposer là où il leur est naturel de le faire. Expulsez tout air vicié, toute énergie impure, de la narine droite, de la gauche, puis des deux en même temps, neuf ou trois fois. Cela séparera les distillats purs et impurs des vents. Puis, détendez-vous un moment. Ces préparatifs vous rendront apte à la concentration méditative.
Dans l’espace devant vous apparaît le bouddha Amitābha qui est indissociable de votre maître-racine. Il porte les vêtements d’un nirmāṇakāya. Ses deux mains, reposant dans la position de l’équilibre méditatif, tiennent un bol à aumônes rempli d’ambroisie d’immortalité. Son siège est fait d’un lotus et d’un disque lunaire. Récitez au moins trois fois les prières suivantes, animé d’une dévotion sincère et d’une grande ardeur :
Glorieux maître-racine…[3]
Et :
Essence des bouddhas du passé, du présent et de l’avenir, précieux guru, je t’adresse mes prières :
Inspire-moi de tes bénédictions ;
Accorde-moi ta grâce, de sorte que naisse en moi l’extraordinaire réalisation de la voie profonde ; Accorde-moi tes bénédictions afin que je puisse, en cette vie, atteindre le kāya de sagesse immortel !
À la fin, imaginez que le guru se fond en lumière et se dissout en vous. Laissez alors votre esprit dans un état libre de toute saisie, clair et pourtant vide. Quand des pensées se produisent soudain, ne les encouragez pas, mais appliquez les visualisations appropriées, telles que décrites dans ce commentaire. Il est crucial que toutes les étapes décrites ci-dessous soient précédées de ce dont on vient de parler.
2. Les étapes préliminaires au commentaire
Cette section s’articule en deux parties : 1) les préliminaires ordinaires, et 2) les préliminaires extraordinaires.
1. Les préliminaires ordinaires
Le profond terma intitulé Les vers adamantins de Tārā dit :
En un lieu plaisant et isolé,
Inspire-toi avec un fort renoncement[4].
Au début, exercez-vous uniquement aux méthodes qui inspirent le renoncement et le souhait de se libérer du saṃsāra. Contemplez ce qui suit : que l’on naisse dans un domaine supérieur ou inférieur, on n’échappe jamais aux trois types de souffrance, et l’on ne jouit pas même d’une once de bonheur. De plus, si l’on naît dans l’un ou l’autre des trois domaines inférieurs, on éprouve une souffrance intolérable. Si, à l’heure actuelle, vous ne pouvez pas même tolérer une seule journée de froid intense, de grande chaleur ou de faim dévorante, comment pourriez-vous composer avec la souffrance des mondes inférieurs ?
Si vous naissez dans l’un des trois domaines supérieurs et êtes incapables d’éradiquer l’ignorance, cause du saṃsāra, il se peut tout de même que vous connaissiez un moment de bonheur – c’est-à-dire de bonheur contaminé. Or, ce semblant de bonheur est en soi une cause menant à une expérience purement douloureuse. Quand vous comprendrez que vous vous apprêtez à tomber toujours plus bas, une grande tristesse vous envahira. Depuis des temps sans commencement jusqu’à maintenant, vous avez erré dans ces domaines samsariques. Pourtant, vos actions du corps, de la parole et de l’esprit demeurent pour la plupart négatives et non vertueuses. Il est donc certain que quand vous mourrez, vous filerez immédiatement vers les domaines inférieurs. L’Ainsi-allé a dit que toutes vos actions, quelles qu’elles soient, ne disparaissent pas tout bonnement, et que vous ne ferez jamais l’expérience des [conséquences] karmiques de choses que vous n’avez pas faites. Vous seul récolterez le fruit de vos actes : on ne peut les transférer à quelqu’un d’autre. Comme vous ne pouvez effacer ou fuir ce que vous avez fait, vous devrez subir l’intense mûrissement du karma pendant longtemps. Il se pourrait que quelque petite action vertueuse vous fasse renaître dans les domaines supérieurs ; mais même en tant qu’humain, vous connaîtrez toujours la souffrance de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort ; et si vous renaissez en tant que dieu, vous éprouverez la souffrance associée à la mort, à la transmigration et au déclin. Dans les domaines supérieurs, vous pourriez peut-être demeurer en méditation pendant longtemps, mais une fois cet esprit épuisé, vous ne pourrez échapper à la dégringolade vers les états inférieurs, ce qui signifie que vous subirez des souffrances continuelles. Donc, à partir de maintenant, adoptez uniquement les actions vertueuses et évitez celles qui ne le sont pas.
Vous devez immédiatement vous consacrer à la pratique. À cet instant même ! La remettre au lendemain ou au surlendemain ne servira à rien. Votre vie est aussi impermanente qu’une bulle à la surface de l’eau, aussi vacillante que la flamme d’une chandelle dans le vent, aussi transitoire et instable que les nuages dans le ciel – elle est susceptible de disparaître à tout moment. Le monde extérieur aussi change sans arrêt, avec l’arrivée et le changement des quatre saisons. Les êtres qui l’habitent, quel que soit leur statut, mènent des vies incertaines. On ne peut échapper au fait que le moment de la mort est incertain, que les conditions qui y mènent le sont également, et que chacun est assuré de mourir. Et quand viendra la souffrance de la mort, votre force, votre richesse, votre famille, votre beauté, vos amis, aussi exceptionnels soient-ils, ne seront d’aucune aide : c’est seul que vous devrez faire cette expérience douloureuse.
La souffrance occasionnée par la peur dans l’état intermédiaire est inconcevable. Désorienté, vous n’aurez aucun contrôle sur votre prochain lieu de naissance ou sur le prochain endroit où vous irez. Vous devrez même abandonner votre corps tant chéri. Quand vous mourrez et vous en irez vers un autre monde, votre seul refuge, votre unique protection sera le saint Dharma. Se laisser aller à la procrastination, plutôt que de s’efforcer dès maintenant de pratiquer le saint et divin Dharma, ce serait vous tromper vous-même, follement, comme si un puissant démon avait élu domicile dans votre cœur. Ne vous dupez pas vous-même, mais veillez plutôt à vos propres intérêts grâce au soleil divin et sacré du Dharma.
Le support idéal pour pratiquer ce divin Dharma, c’est un corps doté des dix-huit libertés et avantages. Si vous avez un tel support, c’est parce que vous avez accumulé de bonnes actions par le passé. Mais assurez-vous de ne pas perdre cette ressource inestimable, puisque vous ne retrouverez plus de support aussi excellent, même parmi les dieux, sans parler des autres domaines. La perte supposément importante de quelques biens précieux ne serait rien, en comparaison.
Avec ce support corporel, il est possible d’accéder à un bonheur durable. Consultez les biographies des bouddhas et bodhisattvas, de même que des érudits et adeptes du passé, vous verrez. D’un autre côté, ce corps peut aussi ravager cette vie et les suivantes, comme en attestent les histoires de malfaiteurs qui se sont retrouvés dans les enfers. Vous voici donc arrivé à un tournant décisif : vous pouvez monter, ou descendre. Ne perdez pas de vue ce qui est profitable et nuisible, et ne succombez pas à des idées erronées ou à de mauvais conseils.
Maintenant que vous avez trouvé ce joyau des libertés et avantages, ne le gaspillez pas, mais faites d’immenses efforts – physiquement, verbalement et mentalement – pour en tirer le meilleur parti. Concentrez vos énergies sur le saint Dharma, le nectar qui dissipe les divers écueils [des extrêmes] de l’existence et de la quiétude, le grand remède qui guérit la maladie chronique du saṃsāra. Cependant, on ne peut le comprendre par notre propre ingéniosité ; il nous faut nous en remettre à la condition sine qua non d’un authentique ami spirituel, servir cette personne des trois façons[5] et faire tout ce qu’elle exige. Avec la dévotion qui fait percevoir tout ce que fait l’enseignant comme quelque chose d’authentique, préservez la force vitale de la voie. Ne négligez pas ce qui se déverse de ce précieux vase qu’est la bouche du maître. Plutôt, avec une application dévouée, continue, et une diligence ferme et insatiable, pratiquez jusqu’à ce que votre esprit se tourne vers le Dharma, que le Dharma progresse sur la voie, que la voie pacifie la confusion, et que les perceptions confuses se transforment en sagesse. Pensez, « Ô guru, accordez-moi une telle capacité ! Ô Trois Joyaux, prenez soin de moi ! Permettez-moi d’y parvenir ! Inspirez-moi par vos bénédictions afin que je puisse l’incarner parfaitement ! » Avec de telles pensées, générez un renoncement aussi fort que le courant d’une rivière. Quand vous terminez votre séance, dédiez les mérites et adonnez-vous aux activités post-méditatives sans jamais perdre votre renoncement sincère. Cela s’applique aussi à tout ce qui suit.
2. Les préliminaires extraordinaires
Cette section comporte cinq parties, à savoir, les instructions sur : 1) la prise de refuge, 2) l’orientation de l’esprit vers l’éveil suprême, 3) la purification des circonstances défavorables que sont les actes négatifs et les obscurcissements, 4) la réunion des circonstances favorables par les accumulations, 5) les bénédictions du guru-yoga.
Les Vers adamantins disent :
Prends refuge, efforce-toi de purifier et d’augmenter,
Médite sur les bénédictions découlant du guru-yoga,
Reçois les quatre initiations, et mélange esprit et sagesse.
1. Prendre refuge
Imaginez que votre environnement immédiat est comme la terre de félicité, agrémentée d’infinies nuées d’excellentes offrandes. Dans l’espace devant vous se trouve un lotus multicolore à cent mille pétales. Sur l’étamine se trouve un disque de lune en guise de siège, sur lequel votre maître-racine est assis, sous l’aspect de la Vénérable et Noble Dame, sans partenaire. Considérez qu’elle personnifie toutes les sources de refuge. Devant elle, sur un sol de lapis-lazuli, vous et tous les êtres prenez refuge, le corps, la parole et l’esprit à l’unisson. Avec une dévotion et une foi dépourvues de la moindre distraction, considérez que le corps du guru est le saṅgha, sa parole, le saint Dharma, et son esprit, le Bouddha, et récitez les vers du texte principal :
Hommage ! Jusqu’à l’éveil, tous les êtres et moi-même…[6]
À chaque séance, récitez ces vers cent ou mille fois, selon ce qui vous est possible, sans céder à la distraction. À la fin de la séance, des rayons de lumière émanent de l’objet de refuge, vous touchent – vous et tous les êtres –, purifient vos actions négatives, vos obscurcissements et vos tendances habituelles, et transportent tout un chacun vers une terre pure. L’objet de refuge, la Vénérable Bienheureuse, se fond en lumière, dont la nature est celle de l’ambroisie d’immortalité, puis se fond en vous. Imaginez que les bénédictions de ses trois secrets entrent en vous. La nature de votre esprit a toujours été libre de production et de cessation ; c’est l’état naturel primordialement éternel, au-delà de la mort. C’est la véritable nature des trois secrets de la Vénérable Dame ; la maintenir, c’est le refuge absolu fondé sur le mode d’être des choses.
2. Orienter l’esprit vers l’éveil suprême
On ne peut mesurer l’espace incommensurable ; de même, les êtres sensibles sont innombrables. Chacun de ces êtres, dont le nombre est illimité, a été notre père ou notre mère plus de fois qu’on pourrait le compter avec les particules composant la terre. Chaque fois, ils nous ont aidés d’innombrables façons et nous ont protégés de maux inimaginables. Or, bien qu’ils nous aient uniquement témoigné une incroyable bonté, leur ignorance à l’égard des principes de causalité font que leurs actions entrent en conflit avec leurs aspirations les plus profondes. Dites-vous : « Je possède la cause nécessaire – un corps humain doté des libertés et avantages – et la condition nécessaire, c’est-à-dire que j’ai rencontré un ami spirituel. Ma proverbiale “fourberie masculine” ou “ruse féminine” ne devrait rien avoir à faire là-dedans. Rien ne serait plus honteux que de ne pas libérer ces êtres, mes propres parents, de la cage douloureuse dans laquelle ils se trouvent enfermés. Par conséquent, je ferai tout ce que je peux en cette vie pour me libérer moi-même et extirper tous les êtres de l’océan de l’existence. Pour ce faire, je vais m’appliquer aux étapes de la voie du Grand Véhicule, particulièrement au Vajrayāna, qui mène à la libération en une seule vie et qui se rencontre si rarement dans les trois temps. Je m’appliquerai spécifiquement à la quintessence de l’infinité des tantras-mères du yoga insurpassable : la pratique de la Vénérable et Noble Dame. » Avec une telle motivation, récitez ce qui suit :
Ho ! Les êtres sont aussi innombrables que le ciel est vaste.
Commencez par méditer sur votre mère en cette vie et par entraîner votre esprit. Pour ce faire, générez amour et compassion, encore et encore. Il est vital que vous continuiez d’entraîner votre esprit jusqu’à ce que vous soyez capables de prendre sur vous la souffrance de votre mère. Alors, graduellement, élargissez la méditation pour y inclure de plus en plus d’êtres, jusqu’à ce qu’enfin vous puissiez méditer sur tous les êtres, illimités comme l’espace. De plus, il est crucial que votre vœu de bodhicitta d’aspiration demeure extrêmement stable, et que vous vous conduisiez conformément aux six perfections transcendantes, les préceptes de la bodhicitta en action. Quand vous générez cet esprit orienté vers l’éveil, imaginez que vous le recevez de votre guru qui, visualisé comme l’objet de refuge, sert de témoin.
En général, on ne dissout pas immédiatement l’objet de refuge : on génère l’esprit d’éveil et ensuite seulement dissout-on le champ du refuge. Vous pouvez aussi visualiser des rayons de lumière émanant du corps de votre guru, qui a l’aspect de la Vénérable Dame. Si vous vous sentez léthargique, ces rayons vont se fondre entre vos sourcils ; si vous êtes agité, ils se fondent dans votre nombril ; si votre esprit est équilibré, considérez que les rayons viennent se dissoudre dans votre cœur ; puis, concentrez-vous sur l’essence blanche et brillante au niveau de votre tête, de votre nombril ou de votre cœur, et pratiquez la quiétude. Dans cet état, voyez comment toutes les pensées qui s’agrippent aux choses extérieures ou qui se cramponnent à l’intérieur sont insubstantielles ; elles ne laissent pas de trace derrière elles, et elles sont comme une illusion, comme un rêve. Elles sont dépourvues d’existence véritable et elles transcendent les extrêmes de la singularité et de la pluralité. Les voir nettement comme la grande union de la clarté et de la vacuité, c’est voir la réalité elle-même. Déposez-vous aussi longtemps que possible dans cette absorption méditative de tranquillité et de vision pénétrante. Si vous méditez sur la clarté intense en faisant des séances brèves mais répétées, leur durée augmentera progressivement. Cela se fera automatiquement, au fur et à mesure que la pratique vous sera plus familière. Ce conseil provient des instructions essentielles de La Profonde essence de Tārā[7].
3. Purifier les circonstances défavorables que sont les actions négatives et les obscurcissements
Bien que la visualisation et la récitation associées à Vajrasattva en vue de purifier les actes négatifs et les obscurcissements ne soient pas incluses ici, on peut les ajouter en se basant sur d’autres sources.
Les êtres sensibles sont par nature totalement purs, mais ils ne le reconnaissent pas, et le résultat est qu’ils errent dans le saṃsāra. Les obscurcissements principaux, qui sont causés par l’ignorance, voilent la réalité, mais ils n’entachent pas notre nature fondamentale ; ils ne sont qu’adventices, et c’est pourquoi ils peuvent être purifiés. Il existe d’innombrables méthodes purificatrices, mais la plus formidable activité, parmi les moyens habiles du Vajrayāna, consiste à pratiquer le yoga du guru en tant que Vajrasattva. C’est la force du support. Éprouver de grands remords et regretter vivement les actes négatifs commis par le passé, c’est la force du repentir. La purification par l’écoulement de l’ambroisie et la récitation du mantra constitue la force antidotique. Se résoudre à ne jamais succomber aux actions négatives à l’avenir, même au prix de sa vie, c’est la force de la retenue. Quand ces quatre forces sont complètes, toutes les chutes et tous les méfaits, naturels ou proscrits, peuvent être purifiés.
Vous pouvez ici réciter tout texte convenable tiré du même type de trésor révélé, ou utiliser le texte-racine du Cœur des bénédictions : Une pratique du maître (Vima Ladroup)[8], qui est une branche de cette pratique même. Visualisez Vajrasattva à environ un empan au-dessus de votre tête. Imaginez qu’un flot d’ambroisie blanche s’écoule de la guirlande du mantra située au niveau du cœur de Guru Vajrasattva et entre par votre ouverture de Brahmā. Ce nectar vous lave et déloge toutes les maladies, qui sont expulsées sous forme de sang noir ; tous les démons, qui ont l’aspect d’insectes et d’autres créatures ; et tous les actes négatifs et obscurcissements, sous forme de fumée noire. Ils sortent de vos facultés sensorielles et de tous les pores de votre corps, qui s’en trouve entièrement purifié et clair comme une sphère de cristal. L’écoulement d’ambroisie vous remplit intégralement et vous rend totalement blanc. Considérez que, ce faisant, les bénédictions des trois secrets de Guru Vajrasattva imprègnent votre être. Récitez le mantra en cent syllabes autant de fois que possible. À la fin, ayant entendu vos confessions et promesses, Guru Vajrasattva confirme que toutes vos actions négatives et tous vos obscurcissements ont été purifiés. Il se fond en lumière et se dissout en vous, grâce à quoi vous maintenez l’expérience de la présence éveillée naturelle—clarté et vacuité dépourvues de fixation, le vrai visage du Vajrasattva de sens définitif.
4. Les accumulations et 5. Le guru-yoga
On combine ici les pratiques d’accumulations et de guru-yoga, qui peuvent être abordées de façon unifiée. Pour la pratique externe de ce cycle de Dharma, il est crucial que les pratiques d’accumulations et la récitation du guru-yoga suivent, de façon concise ou élaborée, Le passage secret vers l’immortalité : Un guru-yoga basé sur les trois déités de longue vie[9], composé par le guru omniscient [Khyentsé Wangpo] lui-même. Cependant, comme cela risque d’être très long si je me mets à l’expliquer dans le détail, je m’en tiendrai ici à quelques points cruciaux en lien avec le guru-yoga.
En général, le mot [tibétain] lama fait référence à ce qui est inégalé. Le mot sanskrit guru, qui signifie « lourd », suggère le fait d’être lourdement chargé de qualités. En réalité, notre guru, le glorieux protecteur, n’est certainement nul autre que le bouddha lui-même. Le maître peut manifester des apparences pures ou impures, mais comme on le voit clairement dans les biographies des adeptes accomplis du passé, les actes des bouddhas et bodhisattvas ne peuvent être jugés à l’aune des concepts ordinaires de « bon » ou « mauvais ». La perception impure est comme un déséquilibre biliaire qui fait qu’une personne voit jaune une conque blanche : c’est à notre propre esprit impur qu’incombe la faute. Si notre esprit est impur, on aurait beau rencontrer l’équivalent de Bouddha Śākyamuni qu’on risquerait d’y percevoir des défauts. Donc, toute faute perçue ne relève pas du guru, mais reflète nos propres imperfections. Réfléchissons au fait que le guru est l’égal des bouddhas en termes de qualités, mais que sa gentillesse est plus grande encore. Contemplons encore et encore cette bienveillance exceptionnelle. Il ne suffit pas de se rappeler les cadeaux et récompenses que le guru nous a prodigués, ou ses mots d’éloges et d’encouragements. Le plus important est de réfléchir encore et encore à la bonté qui consiste à nous accorder le plus haut bienfait et le plus grand bonheur à la fois temporaire et ultime. C’est un point crucial. Et comment le maître nous accorde-t-il pareil bienfait ? En nous introduisant à la sagesse co-émergente de la présence éveillée naturelle.
Le maître qui nous y introduit est notre maître-racine. Voyons sur quoi est basée la profonde connexion qui existe entre vous et ce guru. En général, nous sommes reliés les uns aux autres parce que tous les êtres partagent l’espace de la réalité qui englobe tout ; il n’est donc personne avec qui nous ne sommes pas connectés. Plus spécifiquement, dans le passé, quand le précieux guru s’entraînait à la conduite des bodhisattvas sur la voie de l’apprentissage, nous avons pris une forme comme celle d’un minuscule insecte et nous avons alors été touché par l’ombre du maître ; ou nous avons entendu quelques bribes de ses paroles ; ou encore, nous avons été touché par un rayon scintillant émané de son esprit de sagesse. Quel que soit le cas, à partir du premier moment où ce lien (bon ou mauvais) se fut établi (directement ou indirectement), cet enseignant devint ce qu’on appelle « un guru avec qui on est connecté depuis des vies antérieures ». De plus, tout comme toutes les apparences ne sont que notre propre perception, le guru, lui aussi, apparaît grâce à la perception pure au sein de notre propre esprit. Le guru n’existe pas en dehors de nous ; ultimement, c’est notre propre conscience éveillée qui est le véritable guru. Le pouvoir expressif de cette présence éveillée, sa qualité en ce qui a trait aux apparences, se manifeste extérieurement, selon notre capacité mentale, comme le corps formel (rūpakāya) du guru. C’est aussi la raison pour laquelle les apparences du saṃsāra se manifestent pour quelqu’un dont l’esprit est troublé par les tendances habituelles, alors que l’expérience du nirvāṇa se manifeste grâce à la purification graduelle de l’illusion et à la qualité apparente de la sagesse de la grande égalité, dans laquelle les deux vérités sont indissociables. La manifestation de notre propre esprit [sous l’aspect du] guru est donc un point de la plus haute importance.
Sur la base de cette compréhension, faites la méditation décrite dans la liturgie. Purifiez tous les phénomènes dans la vacuité avec le mantra et, à partir de là, générez le pur royaume de grande félicité, au centre duquel, dans le ciel devant vous, votre guru apparaît sous une forme qui lui est en fait naturelle : l’essence des trois déités de la vie immortelle. Une méthode succincte pour procéder aux accumulations consiste alors à visualiser les sept branches, comme on le fait habituellement. Vous pouvez aussi effectuer les accumulations en offrant cent mille maṇḍalas. Récitez l’invocation de la promesse sacrée et de l’esprit de sagesse du maître. Récoltez et dissolvez l’élixir de longévité, et considérez que cette ambroisie de longue vie vous remplit graduellement, en commençant par le point entre vos sourcils, et que vous recevez ainsi les quatre initiations. Répétez cette visualisation encore et encore. [Enfin,] le guru se fond en lumière et se dissout en vous ; faites alors l’expérience de l’intention de sagesse, dans laquelle esprit et sagesse ne font qu’un, et maintenez cette expérience.
2. La partie principale : explications sur la déité
Cette partie contient trois sous-sections : 1) l’explication du corps éveillé : la phase de génération du mudrā ; 2) l’explication de la parole éveillée : la récitation du mantra (qui est un aspect de la phase de génération) ; et 3) l’explication de l’esprit éveillé, comportant des instructions concises sur l’ainsité dans le cadre de la phase d’achèvement.
1. Explication du corps éveillé : la phase de génération du mudrā
Abordons ce sujet en trois temps : 1) l’expulsion des forces obstructrices et la visualisation de la sphère protectrice ; 2) la bénédiction des substances d’offrandes ; 3) la méditation sur la déité proprement dite.
1. L’expulsion des forces obstructrices et la visualisation de la sphère protectrice
Hūṃ est la syllabe de la non-dualité au-delà de toute saisie, la force vitale de l’infinité des bienheureux paisibles et courroucés, et la conscience éveillée du mudrā[10]. Quand vous la récitez, vous vous transformez en la déité de la nature authentique, le Hérouka du Lotus (Hayagrīva). Son corps est rouge et ses deux mains tiennent un lotus et une cloche. Son aspect est féroce, imposant, orné des attributs des déités courroucées. Imaginez que des syllabes hūṃ jaillissent de ses narines. Elles oblitèrent tout dans les dix directions et émettent des flammèches qui incinèrent et détruisent toutes les forces obstructrices. Pour subjuguer les pensées associées aux trois poisons, de même que les démons et les forces obstructrices qui en sont issus, chantez mélodieusement trois hūṃ, l’expression naturelle des trois kāyas. Les forces obstructrices sont alors expulsées.
Les syllabes hūṃ reviennent, et vous visualisez alors la sphère adamantine de protection tout en récitant le mantra. Imaginez que la fondation adamantine de la sphère est constituée de petits vajras, et que tout interstice entre eux est scellé avec du métal en fusion. La clôture de vajra est faite de vajras horizontaux et verticaux, et à l’intérieur se trouve la tente de vajra, dont la forme ressemble à un casque. La tente n’a qu’un sommet, sur lequel se trouve la partie supérieure d’un demi-vajra. Dans l’espace entre la clôture et la tente se trouvent des marquises adamantines. À l’extérieur, la clôture et la tente sont couvertes d’un filet de petits vajras entrelacés, relié au centre par une chaîne de vajras. Un anneau de feu, qui ressemble aux charbons ardents d’un forgeron, flamboie à l’infini, dans toutes les directions, avec une force telle qu’il est imperméable à toute eau qui pourrait venir de l’intérieur et insensible aux rafales qui pourraient s’élever à l’extérieur, fussent-elles apocalyptiques. Cette protection formidable, d’une robustesse extrême, est totalement impénétrable pour les démons et les forces obstructrices. À un niveau ultime, se reposer dans la vaste dimension de la présence éveillée naturellement manifeste, laquelle n’a jamais été souillée par la moindre élaboration, pensée ou idée égocentrique, c’est la sphère de protection absolue.
2. La bénédiction des substances d’offrandes
Disposez des offrandes externes et internes, si vous en avez. Sinon, en comprenant que tout ce qui apparaît et existe n’est autre que le mudrā d’offrande, imaginez que tout est purifié dans la vacuité avec oṃ, multiplié avec āḥ, et transformé avec hūṃ en substances d’offrandes externes, internes et secrètes. Bénissez les offrandes en récitant le mantra trois fois et en l’accompagnant du mudrā du trésor céleste.
Dans le cadre de la prise de refuge, les objets à purifier sont toute adoption, par vous et tous les êtres, de voies erronées ; le fait de ne pas chercher la protection des Trois Joyaux ; et l’adhésion à des vues erronées, depuis des temps sans commencement. La méthode pour s’en purifier, c’est de prendre authentiquement refuge. Le résultat de cette purification est l’actualisation de l’éveil en tant qu’incarnation des trois kāyas.
Dans le cadre de la génération de l’esprit d’éveil, les objets à purifier sont le fait que vous ayez suivi l’approche du petit véhicule, les préoccupations égoïstes, la haine envers autrui, et ainsi de suite. Ils sont purifiés par cette méthode même (c’est-à-dire la génération de la bodhicitta). Le résultat, c’est l’activité éveillée ininterrompue fondée sur la grande compassion non conceptuelle.
Dans le cadre de l’expulsion des forces négatives et de la visualisation de la sphère protectrice, les objets à purifier sont toutes les pensées confuses qui obscurcissent l’état naturel, de même que les gardiens des directions, les esprits arrogants masculins et féminins qu’ils engendrent, et qui sont rassemblés et dominés. En particulier, ceux qui ne sont pas entrés dans le véhicule des mantras secrets, et ceux qui s’y sont engagés mais qui ont sombré dans une vue et une conduite erronées, sont ici éliminés. La pratique en soi effectue la purification, et le résultat de cette purification est la destruction des forces démoniaques quand l’éveil est atteint.
Dans le cadre de la bénédiction des offrandes, les objets à purifier sont la perception du monde et de ses habitants comme étant ordinaires, et la consommation impulsive des plaisirs sensoriels. La purification est atteinte par cette méthode [la bénédiction des offrandes], et le résultat d’une telle purification est l’expérience du déploiement infini de la sagesse primordiale quand on atteint l’éveil.
Règle générale, il y a ce qu’on appelle les quatre portes des mantras secrets : 1) la porte des mots qui rappellent le sens ultime ; 2) la porte des mantras secrets qui invoquent l’esprit de sagesse ; 3) la porte de la concentration méditative pour la concentration en un point ; 4) la porte du déploiement [des déités] associé aux mudrā, symboles et signes. Cela suggère que votre méditation doit s’accorder au texte récité. C’est un point d’une importance cruciale à chaque étape, pour tout ce qui précède et tout ce qui suit.
3. La méditation sur la déité proprement dite
Cela se fera en trois temps : 1) visualiser la déité de samaya ; 2) inviter et dissoudre la déité de sagesse ; 3) concentrer l’esprit sur l’apparence claire de la forme de la déité.
1. Visualiser la déité de samaya
Ce sujet se décline à son tour en deux parties : 1) établir le cadre des trois concentrations méditatives et 2) générer le résultat, c’est-à-dire le palais et les déités du maṇḍala.
1. Établir le cadre grâce aux trois concentrations méditatives
Récitez le mantra [commençant par] « oṃ mahā-śūnyatā… » tout en contemplant doucement sa signification – que tous les phénomènes de la perception dualiste sont complètement purifiés dans la grande sagesse non duelle, dont la nature est indestructible.
Regardons de plus près le texte à réciter. Le vers qui commence par « Tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa… » renvoie au samādhi de l’ainsité. Tous ces phénomènes qui sont visibles et audibles pour nous-mêmes et autrui ont toujours été totalement purs et naturellement lumineux. Ils ne sont autres que la grande vacuité de l’espace indestructible et omnipénétrant de l’ainsité. Demeurez longtemps dans cette expérience semblable à l’espace et dépourvue d’apparence. Cela sert à épurer et à purifier l’état de la mort. En plantant la graine de l’actualisation du dharmakāya, vous créez les circonstances interdépendantes qui permettront de parfaire le résultat. Cela vous fait mûrir et jette les fondations pour que s’élève en votre esprit la luminosité de la voie supérieure de la phase d’achèvement. Quand il est dit que la purification de la mort mène au dharmakāya, cela souligne la connexion entre la base et le fruit et nous invite à cultiver la confiance dans cette relation, que nous devrions maintenir tout au long des prochaines sections de la pratique.
Le deuxième vers renvoie au samādhi de la luminosité universelle, au cours duquel, à partir d’une expérience de vastitude omnipénétrante au-delà de toute élaboration conceptuelle, on ressent une compassion immense, libre de saisie et semblable à une illusion envers les objets illusoires, c’est-à-dire tous les êtres qui n’ont pas une telle réalisation et qui apparaissent tout en étant dépourvus d’existence véritable. Le pouvoir de la profonde unité de l’un et l’autre[11] nous inspire la pensée suivante : « Je vais les mener au niveau de l’éveil suprême ! » Cela purifie l’état intermédiaire (bardo) et crée les circonstances interdépendantes contribuant au perfectionnement du résultat du saṃbhogakāya. Cela jette aussi les bases de la grande compassion, la cause permettant de surgir de la claire lumière sous forme de déité d’union.
Le troisième vers renvoie au samādhi causal. La présence éveillée causale se manifeste instantanément dans l’espace sous la forme d’un tāṃ blanc, qui brille comme du cristal. La syllabe émane des rayons quinticolores – comme si un arc-en-ciel s’était levé dans un ciel immaculé – dans toutes les directions, sans frontières ou limites. Ces rayons purifient tout attachement au monde et à ses habitants comme étant ordinaires, et ils créent une vaste sphère de protection comme celle visualisée plus tôt. Cela purifie toutes les conditions défavorables et tous les obstacles concernant le lieu de naissance dans la prochaine vie, crée les circonstances interdépendantes pour vaincre les quatre démons au moment du fruit, et jette les bases pour l’élimination des obstacles et des écueils potentiels dans la pratique des canaux, vents et essences pendant la phase d’achèvement.
2. Générer le résultat, le palais et les déités du maṇḍala
Des rayons de lumière irradient du tāṃ – la cause de la sphère protectrice – et transforment les maṇḍalas de l’espace, du vent, du feu, de l’eau et de la terre, de même que le mont Mérou, en leurs essences totalement pures dans la vaste dimension de Dhātviśvarī, Samayatārā, Pāṇḍarāvasinī, Māmakī et Buddhalocanā. Sur le mont Mérou se trouve une vaste base, lisse et plate, constituée de poussière et de terre adamantines. En son centre : un lotus en fleurs, fait de gemmes, multicolore et doté de cent mille pétales, au cœur duquel se trouve un maṇḍala solaire aussi large que la fleur. En son centre se trouve un vajra croisé à douze pointes – trois pointes blanches à l’est, trois jaunes au sud, trois rouges à l’ouest, et trois vertes au nord, le centre étant bleu. Visualisez le palais au centre. Cela purifie le fondement du monde extérieur, constitué sur la base des cinq éléments et du mont Mérou, pour tout lieu où l’on peut renaître en tant qu’être sensible. Cela crée aussi les circonstances interdépendantes permettant l’atteinte du résultat et de la perfection au sein du dharmadhātu des cinq mères, la sphère où tous les bouddhas s’éveillent. Cela jette les bases de la phase d’achèvement, quand les cinq éléments et le mont Mérou, qui sont les cinq chakras et le canal central, et le lotus, le soleil et le vajra croisé, qui sont les chakras dans les canaux, les vents et les essences, sont tous rendus souples et maniables.
Au centre du vajra croisé se trouve le palais de la grande libération, d’une ampleur incommensurable, fait de joyaux précieux et de cristal blanc. Il est carré et possède quatre portes, soit une de chaque côté. Chaque porte a huit toraṇas[12] causaux et résultants. Les huit toraṇas résultants comprennent un fronton, une poutre à motif de lotus, une arche aux motifs biseautés et emboîtés, des ornements suspendus en perles blanches, une poutre ornée de pierres précieuses, de franges et de guirlandes, une corniche, des descentes fluviales, et un auvent[13]. Les huit toraṇas causaux seraient répartis sur huit niveaux à l’extérieur des portes, un peu comme des escaliers. Le palais comporte aussi maints autres ornements : terrasses des plaisirs sensoriels, frise aux briques dorées, chaînes et éléments suspendus, ornements sharbou, toit de pagode… Au centre, le sommet fait d’éléments superposés est surmonté d’un vajra constitué de matériaux précieux. Le palais rayonne de lumière partout et n’implique aucune distinction entre intérieur et extérieur. Il n’y a nulle obstruction. Les seize déesses d’offrandes dansent sur les terrasses rouges dédiées aux plaisirs des sens et lèvent les mains en tenant des substances d’offrandes. Juste à l’intérieur de l’enceinte de vajra, visualisez le périmètre où se tiennent les déités mondaines, les gardiens de tout ce qui est positif, y compris les soixante-quinze glorieux protecteurs. C’est ce qu’a dit le grand seigneur, le guru révélateur de termas[14].
Au centre de ce palais parfaitement constitué, visualisez un lotus blanc à quatre pétales, sur lequel se trouvent un disque solaire et un disque lunaire (le premier sous le second) symbolisant les essences blanche et rouge. Le palais purifie toutes les formes de résidences où les êtres peuvent habiter ou transiter. Le lotus, le soleil et la lune purifient le sperme et le sang dans la matrice de la mère – pour ce qui est des naissances à partir d’un utérus et à partir d’un œuf – et, parmi les deux autres sortes de naissance, celles issues de la chaleur et de l’humidité. Ils purifient aussi les tendances habituelles qui causent l’attachement et la saisie envers l’environnement et le corps. Cela crée les circonstances interdépendantes permettant l’actualisation du grand palais comme une manifestation naturelle de la sagesse primordiale quand vient le résultat. Pendant la phase d’achèvement, le palais représente les qualités de clarté, de vacuité et de félicité au sein d’un esprit où canaux, vents et essences sont unifiés. Le siège de lotus représente le chakra des canaux [au sommet] de la tête, le soleil représente le chakra des canaux situés au nombril et l’essence rouge en bas, et la lune renvoie au chakra des canaux au-dessus de la tête et à l’essence blanche en haut. Ces éléments jettent les bases de l’état unissant tous les aspects des kāyas et sagesses de la grande félicité totalement immuable, dans laquelle les seize aspects des quatre joies montent et descendent grâce au flamboiement et à l’écoulement du feu tummo plein de félicité.
La génération des déités (ce qui est « supporté ») va comme suit. Dans l’espace entre le soleil et la lune unifiés se trouve la syllabe tāṃ. Lune, soleil et syllabe s’unissent pour ne faire qu’un au sein de l’essence de la grande félicité, à partir de laquelle des rayons de lumière jaillissent et remplissent le ciel, faisant des offrandes aux nobles, réveillant les śrāvakas de leur cessation, et menant au niveau au-delà de l’apprentissage ceux qui cheminent encore sur la voie. Les rayons se combinent avec les bénédictions des vainqueurs des dix directions et de leurs héritiers. L’essence vitale du saṃsāra et du nirvāṇa et toute la splendeur de l’existence et de la quiétude se réunissent et se fondent en une masse de rayons lumineux, qui se transforme instantanément en la forme complète et parfaite de la déité.
Cela purifie la réunion des essences blanche et rouge dans l’utérus et l’entrée de la conscience à partir de l’état intermédiaire, de même que la combinaison du sang, du sperme et de la conscience qui suit l’expérience de transformation fondée sur le rapport sexuel entre un père et une mère potentiels. L’émission et la réabsorption des rayons lumineux purifient le développement graduel du corps dans l’utérus, qui relève du potentiel des quatre éléments primaires et des dix vents, lesquels produisent les agrégats, les éléments et les sources sensorielles. La pleine manifestation de la forme de la déité purifie le développement du fœtus dans l’utérus et sa naissance éventuelle. Cela crée aussi les circonstances interdépendantes en vue du résultat : ces circonstances permettent alors aux bouddhas de prendre n’importe quelle forme convenant aux êtres à entraîner et de manifester des actes tels que la naissance à partir d’une matrice.
Dans le cadre de la phase d’achèvement, la signification de l’union du soleil et de la lune est telle qu’expliquée plus haut ; elle peut aussi symboliser l’union de la félicité et de la chaleur là où il y a des nœuds dans les chakras au sein du canal central. La syllabe-germe représente l’énergie (le vent) et l’esprit qui entrent dans le canal central et s’y dissolvent. L’émission et la réabsorption de rayons lumineux représentent la félicité-vacuité qui naît de la béatitude en fusion. La pleine manifestation de la forme de la déité jette les bases pour l’atteinte du suprême kāya de sagesse, l’union indissociable de la vacuité et de la félicité naturelle et co-émergente.
En essence, Tārā est la mère qui donne naissance aux quatre types de nobles[15], la Dame de la Perfection de sagesse transcendante (prajñāpāramitā), la sagesse dotée de toutes les qualités et se manifestant de façon magique et illusoire. Elle est la mère suprême qui enfante tous les vainqueurs des trois temps, la personnification de l’activité éveillée, la noble et vénérable Dame, la Roue qui exauce les souhaits. Son corps est blanc et lumineux, de la couleur de la lune ou du cristal, et immaculé. Elle a un visage et deux mains. Ces dernières sont extrêmement souples, parfaitement alignées, douces comme l’arbre palāśa[16]. Sa main droite fait le geste de la générosité suprême. Sa main gauche, levée près de son sein gauche, est dans le mudrā offrant le refuge, et tient entre le pouce et l’annulaire la tige souple, délicate et fraîche d’une fleur d’outpala blanche qui s’épanouit à la hauteur de l’oreille. La fleur est à mi-floraison et soutient un vase de longévité fait de cristal et orné des fruits d’un arbre qui exauce les souhaits. À droite se trouve une fleur qui porte des fruits et à gauche, une fleur fermée.
Elle est paisible, souriante, et d’une beauté époustouflante. Son corps est souple et gracile. Sa taille est fine ; sa poitrine, généreuse et attrayante. Son lotus secret n’est pas visible. La moitié de ses cheveux sont attachés en chignon au-dessus de sa tête et surmontés d’un joyau ; le reste retombe librement derrière ses oreilles. Sa chevelure est d’un noir de jais – le noir d’une abeille. Elle a de beaux grands yeux surmontés de sourcils hauts et élégants. Son nez et ses lèvres sont irréprochables et attirants. Elle est assise bien droite, svelte, les jambes croisées en posture adamantine. Elle porte un vêtement inférieur fait de soies aux couleurs variées, qui pend comme l’arc d’un guerrier ; une écharpe bleue, un vêtement inférieur de soie rouge, un vêtement supérieur de soie bleu foncé, une couronne agrémentée d’un fleuron de joyaux, des boucles d’oreille serties de gemmes diverses, des bracelets et bracelets de chevilles, une ceinture, un collier court, un autre qui descend à la hauteur de sa poitrine, et un autre qui descend jusqu’à son nombril. Un œil se trouve sur la plante de ses pieds et sur la paume de ses mains, en plus des trois yeux qui agrémentent son visage – au total, sept yeux qui contribuent à sa beauté éblouissante.
Son compagnon, le Lotus Seigneur de la Danse (Péma Garwang), naît du rayonnement de Tārā. Comme il est l’aspect apparent des moyens habiles et qu’il déborde de passion, son corps est blanc teinté de rouge. Son expression est paisible, souriante. Sa main droite tient un lotus rouge et sa main gauche, un vase de longévité. Il est magnifiquement orné de vêtements de soie et de bijoux sertis de joyaux. Assis jambes croisées en posture du lotus, il enlace la déité principale. Ils sont unis dans la grande félicité-vacuité de l’union de la sagesse et des moyens habiles, et ils demeurent dans une sphère d’infinie lumière de sagesse.
Au niveau de la tête de Tārā, sur un disque lunaire, visualisez un oṃ blanc ; au niveau de sa gorge, sur un lotus rouge à huit pétales, une syllabe āḥ rouge ; au niveau de son cœur, sur un disque solaire, un hūṃ bleu. Ces syllabes sont de la nature de Vairocana, Amitābha et Akṣobhya, respectivement.
2. Inviter le maṇḍala de sagesse
Imaginez que des rayons de lumière évoquant des crochets et aussi brillants qu’un milliard de soleils émanent des trois syllabes-germes à vos trois points et invitent le maṇḍala des déités de sagesse. Avec « jaḥ hūṃ baṃ hoḥ […] », les déités de sagesse sont convoquées, attirées, liées et contentées. De la sorte, demandez-leur de demeurer fermement, et joyeusement.
Vous pouvez aussi rendre hommage, faire des offrandes et offrir des louanges, de façon concise. Premièrement, chantez « a la la ho ! » pour exprimer l’émerveillement devant les qualités du corps, de la parole et de l’esprit de la déesse principale. Puis, rendez un hommage symbolique dans la compréhension que les déités – l’union indissociable des samayasattvas et jñānasattvas – sont le puissant rayonnement de l’authentique nature de votre propre esprit. Des déesses émanent de votre cœur et présentent les offrandes externes régulières et les offrandes internes des cinq délices sensoriels. Elles présentent aussi les offrandes secrètes : de vastes nuées d’amṛta dont émanent encore d’autres déesses d’offrandes ; le rakta issu de la libération de tous les êtres malveillants des trois domaines, avec des déesses rouges émergeant des chapelets de bulles qui se forment à la surface ; et le grand torma des substances de samaya, le monde extérieur tout entier, duquel émanent encore d’innombrables plaisirs des sens. Vos facultés sensorielles immaculées se délectent, pendant que les déesses se dissolvent dans les déités. Satisfait par le goût de la sagesse dans laquelle sujet et objet sont indivisibles, vous complétez les vastes accumulations. Pour dire les choses simplement, l’offrande de l’ainsité fait référence au fait que les offrandes, ceux qui les présentent, et ceux qui les reçoivent, ne sont autres que l’espace omnipénétrant qui a toujours été totalement pur. Les déesses de vajra qui émanent de vous louent les qualités de la déesse principale, exécutent la dance de la félicité, et offrent des louanges avec des chants délicieux. À la fin, les déesses se dissolvent en vous.
3. Concentrer l’esprit sur une image nette de la déité
Concentrez votre esprit sur l’aspect général de la déité, le grand mudrā dans lequel les formes de samaya et de sagesse sont indissociables. Vous êtes la déesse principale en union avec son partenaire. Leurs corps, leurs visages, leurs bras, tout est présent au grand complet – vides par essence, bienheureux par nature, et apparaissant clairement. Les déités sont l’union des apparences et de la vacuité, apparaissant comme le reflet de la lune sur une eau claire, sans obstruction, sous une forme lumineuse dont l’essence n’est que sagesse. Que cela soit bien net dans votre esprit.
Si l’apparence manque de clarté, dirigez toute votre attention – mentalement et visuellement – sur une peinture de la déité de samaya. Imaginez que votre propre corps prend instantanément les caractéristiques qui y sont dépeintes. En méditant encore et encore, au fil de séances brèves mais répétées, votre visualisation durera plus longtemps et se clarifiera progressivement. Elle ne doit toutefois pas être plate comme une image peinte, ou solide comme une statue. Entraînez-vous avec soin et constance à reconnaître l’inséparabilité de la déité – l’essence du dharmakāya, la forme du saṃbhogakāya et le déploiement expressif du nirmāṇakāya – et de votre propre sentiment d’identité. Ce point combine les phases de génération et d’achèvement.
Une telle concentration mentale est en elle-même cruciale. Quand vous entendez le nom d’une personne que vous connaissez, vous pouvez instantanément vous rappeler son apparence physique et les traits de son visage. Il nous faut nous rappeler la forme de la déité de la même façon. Un point clé consiste à méditer à des moments où les vents et l’esprit sont clairs – la nuit, par exemple. Puis, après avoir visualisé l’ensemble de la déité, concentrez-vous sur des caractéristiques particulières, comme son œil central, ou l’extrémité du joyau sur sa couronne, jusqu’à son siège fait d’un lotus et d’un disque de lune. Visualisez sa forme sans ornements, puis avec eux. Concentrez votre esprit sur ces aspects individuels jusqu’à ce que chacun apparaisse clairement. Puis, concentrez-vous avec une clarté sans faille sur tous les aspects simultanément.
Quel que soit l’aspect vers lequel vous orientez votre esprit, faites-le sans distraction, mais de façon équilibrée – ni trop tendue, ni trop relâchée. Permettez à votre esprit de relaxer complètement. Si l’image s’étiole [en raison de quelque mollesse], ressaisissez-vous ; si la visualisation manque de clarté parce que des pensées s’agitent dans votre esprit, alors, détendez-vous. Si vos pensées deviennent extrêmement perturbatrices, arrêtez et passez plutôt à la récitation de mantras, et cetera. C’est ainsi qu’il faut éliminer les défauts de la torpeur et de l’agitation quand on visualise. À l’occasion, pensez que votre corps, votre parole et votre esprit n’ont jamais été ordinaires, et dites-vous que vous êtes en fait la Bienheureuse Dame du fruit, en qui toutes les fautes sont éliminées et toutes les qualités, parfaites. En intensifiant de la sorte l’apparence claire de la déité, en gardant à l’esprit qu’elle la représente bel et bien, et en accroissant votre familiarisation, vous développerez la sensation continue d’être véritablement la déité.
Se rappeler la pureté
Les caractéristiques formelles d’une déité n’ont rien à voir avec celles d’un corps grossier ordinaire produit par la force du karma et des émotions destructrices. Les qualités des trois secrets des déités parvenues au fruit ultime prennent plutôt des formes symboliques qui ont une signification dans la perception des êtres à apprivoiser.
L’état naturel de la base, qui a toujours été totalement et naturellement pur, est indissociable des sagesses et kāyas résultants. Maintenir la force vitale de la pratique en se concentrant uniquement sur l’expression extérieure de cette nature pendant qu’on chemine sur la voie, c’est la pureté de notre propre présence éveillée. Par les bénédictions qui en découlent, apparence et existence se manifestent comme le maṇḍala des déités : c’est la pureté des phénomènes en tant que déités individuelles. Appliquer le sceau de la vue qui est inexprimable et au-delà de l’apparition, de la durée et de la cessation, et méditer sur l’union des apparences et de la vacuité, c’est la pureté de l’ainsité des phénomènes. Tâchez de pratiquer en combinant ces trois formes de pureté, avec une image claire et en maintenant la fierté [d’être la déité].
Se rappeler la pureté des aspects individuels
Puisque tous les phénomènes sont d’une saveur unique dans l’ainsité, Tārā a un seul visage. Ses deux mains représentent les moyens habiles et la sagesse, et sa posture adamantine, jambes croisées, signifie l’élimination des extrêmes de l’existence et de la quiétude. L’union des déités masculine et féminine représente l’apparence et la vacuité. La couleur de son corps – celle d’une lune brillante – signifie qu’elle déborde de compassion et qu’elle est née des larmes du Seigneur du Monde, dans la famille du Lotus, laquelle est libre d’attachement. Son sourire serein et son attitude affectueuse témoignent de son amour pour les êtres. Sa main droite, dans le mudrā de la générosité suprême, signale qu’elle confère les accomplissements de la longévité et de la sagesse. Pour signifier qu’elle protège les êtres de la peur et que le secret de son esprit de sagesse – profond, paisible et au-delà de l’élaboration conceptuelle – est la Dame de la prajñāpāramitā, mère de tous les vainqueurs, sa main gauche est dans le mudrā offrant refuge. Pour symboliser son activité éveillée libre d’entraves, elle tient au niveau de son cœur la tige d’une fleur d’outpala blanche. La fleur, qui s’épanouit au niveau de son oreille, supporte un vase de longévité, ce qui signifie la victoire contre la peur d’une mort prématurée. Signe de sa perfection des qualités vertueuses et de son souci des autres, ses cheveux sont partiellement attachés en chignon sur sa tête, alors que le reste retombe librement. Ses vêtements de soie, du haut comme du bas, signifient son affranchissement des tourments des émotions négatives. Ses accessoires de soie et de pierres précieuses représentent les sept facteurs de l’éveil et le fait qu’elle n’a pas abandonné les plaisirs des sens mais qu’elle les porte comme des ornements. Elle est enlacée par son partenaire, le Lotus Seigneur de la Danse (Péma Garwang) qui est le propre rayonnement naturel de Tārā, et qui représente les moyens habiles, la grande félicité totalement immuable et l’aspect apparent de la sagesse. Le palais a pour nature les signes, symboles et significations des trente-sept facteurs de l’éveil. L’enceinte de vajra ne peut être pénétrée par la pensée conceptuelle. Les flammes qui l’entourent signifient que les tendances habituelles de la pensée conceptuelle ont été surmontées. Ainsi, le rappel de tels exemples de pureté sert à contrer tout attachement à ces caractéristiques comme étant ordinaires. S’entraîner de la sorte au rappel de la pureté, qui relie la base au fruit, sert de cause immédiate à l’accomplissement suprême de la phase de génération.
C’est ainsi que vous devez visualiser tout dans ses moindres détails, avec clarté, stabilité et pureté, en procédant par étapes, depuis le palais, la clôture de vajra et les montagnes de flammes à l’extérieur, jusqu’à la déité principale à l’intérieur.
Méditer ainsi sur la phase de génération de la déité purifie ce qui suit : au niveau de la base, le fait de naître en tant qu’enfant, de grandir, d’être accablé par des désirs, de chercher à les assouvir, de prendre épouse, de développer graduellement nos capacités physiques, verbales et mentales, et de prendre en charge les affaires de la famille. Le résultat de cette purification est de naître en tant que bouddha en nirmāṇakāya, de renoncer au monde et de pratiquer l’ascétisme en quête d’éveil, d’arriver au siège de l’éveil (bodhimaṇḍa), de dompter Māra, de développer la concentration méditative et de maîtriser la sagesse omnisciente. Du point de vue des voies supérieures, cela jette les fondements qui permettront de prendre l’aspect de la déité basé sur la félicité, l’énergie (les vents) et l’esprit, pour accomplir le corps de la déité de sagesse de la félicité-vacuité. Cela jette aussi les bases pour demeurer inséparable d’un karma mudrā ou d’un mudrā de sagesse en vue de parvenir à l’accomplissement suprême. C’est donc une prémisse pour se familiariser toujours plus avec la sagesse naturelle et parvenir ainsi rapidement à l’accomplissement suprême. De la sorte, la méditation est un moyen de mûrissement.
La bénédiction des trois points purifie votre corps, votre parole et votre esprit ordinaires. Cette purification se fait au moyen des trois vajras, et résulte en l’atteinte des trois secrets de tous les bouddhas.
L’objet de purification, quand on invite les déités de sagesse et qu’on leur demande de rester, c’est la tendance habituelle qu’ont les enfants de se développer à l’image des autres êtres nés dans la même catégorie qu’eux et d’atteindre un niveau d’intelligence similaire. La méthode de purification, c’est l’absorption du maṇḍala des déités de sagesse dans le maṇḍala des formes de samaya. Le résultat de la purification, c’est de ne plus faire qu’un avec la réalisation de tous les Ainsi-Allés.
Les activités telles que l’hommage ont pour objet de purification la tendance habituelle des êtres immatures qui cèdent aux plaisirs sensoriels et se consacrent à des préoccupations mondaines. La méthode de purification, c’est de rendre hommage dans la reconnaissance de l’indivisibilité de l’espace omnipénétrant et de la sagesse ; de présenter des offrandes externes, internes et secrètes ; et d’offrir des louanges tout en se rappelant les qualités des trois secrets. Le résultat d’une telle purification est de créer les circonstances interdépendantes pour la manifestation d’offrandes illimitées, sans qu’aucun effort ne soit requis, au moment de l’éveil, et de devenir digne de révérence dans l’entièreté du saṃsāra et du nirvāṇa.
Ce qui précède est conforme à ces lignes de La Profonde essence de Tārā :
Générez le maṇḍala du support et de ce qui est supporté.
Avec une image vive, une fierté stable,
Et le rappel de la pureté, cultivez l’apparence claire.
En atteignant la limite de la clarté totale,
Qui peut stopper l’attachement aux apparences perçues comme ordinaires… [17]
2. Explication de la parole éveillée : la récitation du mantra
Quand vous vous lassez de méditer de cette façon, vous devez vous entraîner à la concentration méditative axée sur la récitation du mantra pour aviver votre pratique. Comme le mentionne la section sur la visualisation accompagnant la récitation du mantra :
Je suis la sublime Tārā : en mon cœur
Réside le jñānasattva Amitāyus.
D’un blanc éclatant…
Au centre du cœur [d’Amitāyus] se trouve un lotus blanc à quatre pétales. Sur son anthère se trouve un médaillon où sont unis un soleil (en dessous) et une lune (au-dessus), avec un tāṃ blanc au centre. La syllabe est brillante, radieuse, et entourée du mantra en dix syllabes, du mantra combiné, du mantra de la déité de sagesse[18] et de celui du nirmāṇasattva[19]. Ils sont tous reliés et disposés dans le sens des aiguilles d’une montre. Concentrez votre esprit sur ces mantras, et ce faisant, imaginez que d’infinis rayons de lumière émanent de la force vitale au cœur de la déité et de la guirlande de mantras. Ces rayons émergent du sommet de sa tête et déploient de très nombreuses formes de la Noble Dame Uṣṇīṣavijayā. Cette dernière est blanche, avec un visage et deux mains. Sa main droite, dans le geste offrant refuge, repose sur son genou droit, tout en formant le mudrā menaçant et en tenant un crochet de fer destiné à l’invocation ; sa main gauche, faisant au niveau de son cœur le geste de la générosité suprême, tient un vase de longévité d’où s’écoule un flot d’ambroisie. Elle est assise jambes croisées à la façon d’une bodhisattvi. Ses formes sont aussi nombreuses que les particules de poussière dans un rayon de soleil. Elles collectent la sagesse – la connaissance, l’amour, le pouvoir – de l’infinité des vainqueurs, des trois racines, des protecteurs de dharma adamantin et des déités de prospérité, de même que l’essence vitale du monde inanimé et des êtres animés partout dans le saṃsāra et le nirvāṇa, sous forme d’ambroisie, de rayons lumineux et de vif-argent raffiné. Le tout se fond dans les essences subtiles de votre corps, de votre parole et de votre esprit, vous faisant parvenir à la longévité et à la sagesse, et vous faisant accomplir la force vitale de l’immortalité semblable au vajra. Ayez tout cela à l’esprit pendant que vous récitez le mantra.
Le « vif-argent raffiné », c’est la substance de « l’extraction de l’essence »[20]. Cette substance est blanche comme la lune d’automne, et elle rayonne comme le soleil. Elle tourbillonne dans le sens des aiguilles d’une montre et forme toutes sortes de motifs auspicieux et de signes augurant l’accomplissement – des svastikas, par exemple, et de joyeuses ondulations. Son pouvoir est tel que quiconque y touche acquiert la force d’un éléphant, la longévité du soleil et de la lune, et un corps de vajra. Elle peut accorder la jeunesse et la vigueur d’un jeune de seize ans, et transformer du métal en or au moindre contact. En arroserait-on un arbre desséché qu’il y pousserait instantanément des feuilles, des fleurs, des fruits. Il est dit qu’on devrait méditer sur de telles formes en les imaginant éclatantes de splendeur et d’une grande félicité.
En général, pour ce qui est du mouvement de la guirlande mantrique, on dit que la phase d’approche met l’accent sur la disposition ; l’approche intime, sur la rotation ; l’accomplissement, sur le « palanquin » (doli) ; et le grand accomplissement, sur l’émission et la réabsorption [de rayons lumineux]. Toutefois, en temps normal, il suffit de se concentrer sur la disposition. Puis, une fois que vous parvenez à la visualiser clairement, vous pouvez commencer à imaginer la rotation. Imaginez alors que d’innombrables rayons de lumière émanent (comme on l’a expliqué plus haut) de la guirlande mantrique, qui tourne rapidement dans le sens horaire, en émettant son propre son. Pour la récitation, ceux qui n’ont pas déjà entrepris de retraite d’approche devraient se concentrer sur le mantra en dix syllabes ; ceux qui l’ont fait devraient surtout se concentrer sur le mantra combiné. Récitez aussi quelques mantras de la déité de sagesse et du nirmāṇasattva.
Cette pratique quotidienne réunit l’approche, l’accomplissement et l’activité.
À l’occasion, donc, imaginez que des rayons de lumière émanent de la guirlande mantrique ; ces rayons ardents, qui resplendissent de la sagesse de la grande félicité, font que tout ce qui est animé et inanimé dans les trois mondes se trouve parfait en tant que maṇḍala du grand filet illusoire – déités, mantra, sagesse. Ou encore, imaginez que la guirlande mantrique émane sans interruption de la syllabe de la force vitale (tāṃ), qu’elle passe par la bouche de la déité de sagesse, passe par celle de la déesse principale, puis entre dans la bouche du compagnon ; elle traverse son corps et s’écoule de son vajra secret dans l’espace secret de la déité féminine, avant de se dissoudre dans la syllabe de la force vitale. Ce mouvement qui évoque celui d’un tison tourbillonnant engendre la sagesse de la grande félicité dans l’esprit éveillé des déités masculine et féminine. Considérez que vous atteignez l’accomplissement sacré, naturel, spontané et permanent de la suprême immortalité immuable, et récitez le mantra combiné. C’est la visualisation pour l’accomplissement. Ou encore, tout en récitant le mantra combiné, imaginez que des rayons lumineux dont les couleurs correspondent aux quatre types d’activité jaillissent de son cœur, remplissent le ciel comme des messagers, et effectuent toutes sortes de suprêmes activités éveillées – pacification, enrichissement, magnétisation, subjugation – selon vos souhaits.
N’interrompez pas la récitation avec des mots ou des paroles ordinaires. Vous devez réciter les mantras avec une concentration stable et focalisée. Si vous vous lassez de rester concentré sur cette unique visualisation, reposez l’esprit un moment sur l’image claire des déités, ou prenez le temps d’engendrer la compassion pour les êtres dont le karma accumulé résulte en une vie courte. Occasionnellement, récitez le mantra en percevant de façon claire et stable que toutes les apparences et tous les sons ne sont autres que la vénérable Tārā. Surtout : c’est en récitant le mantra tout en préservant l’expérience de la vue, avec une foi et une dévotion dépourvues du moindre doute, et avec la compréhension de l’inséparabilité de la déité et du mantra, que vous parviendrez promptement aux accomplissements ordinaires et suprême. Si votre esprit est distrait, le nombre de mantras récités importe peu : vous diminuerez peut-être un peu vos obscurcissements de la parole, mais vous n’atteindrez pas le résultat souhaité. Comme l’a dit le grand maître de l’Oḍḍiyāna :
Récitez avec une concentration dénuée de distraction.
Autrement, si vous vous laissez distraire,
Vous pourriez réciter pendant des siècles sans résultat.
Par ailleurs, le mālā utilisé pour compter devrait être authentique et consacré.
Le Tantra de la Grandiose Foudre [de sagesse] dit :
Ni trop fort, ni trop faible,
Ni trop vite, ni trop lentement,
Sans intensité excessive ni mollesse,
Sans omettre la moindre syllabe,
Sans distraction ni discussion,
Sans interruption due au bavardage ou autre.
Évitez ce genre de fautes quand vous récitez les mantras. À l’occasion, retenez votre souffle et pratiquez la récitation silencieuse en vous rappelant la forme et le son du mantra, ou pratiquez la récitation mentale au cours de laquelle vous laissez aller même le maintien du souffle, en vous concentrant sur la forme et le son du mantra que vous répétez dans votre esprit.
Ici, l’objet de la purification, c’est l’attachement au langage[21] empreint d’illusions, l’énonciation de noms, de mots et de syllabes relevant du domaine saṃsārique impur, de même que les tendances qui y sont associées. La méthode de purification est la récitation verbale, faite à répétition. Cette purification des processus verbaux et des sons qu’ils produisent a pour résultat de jeter les bases qui permettront d’accomplir des actes bénéfiques aux autres par le biais de la parole adamantine – en tournant la roue du Dharma, par exemple – une fois qu’on aura atteint l’éveil. Cela purifie aussi les fautes d’ordre général, particulièrement celles de l’esprit, et engendre le pouvoir de la parole.
En appelant encore et encore les déités de sagesse par leurs noms à l’aide des mantras, vous vous en rapprocherez inévitablement. Puisque les déités elles-mêmes prennent la forme de ces mantras, vous devriez méditer sur leurs syllabes-germes et faire les récitations en ayant confiance qu’il s’agit de vidyā-mantras de sagesse. De ce fait, elles prendront assurément la forme des mantras, et la connexion ne pourra qu’être établie. À plus court terme, vous accomplirez les quatre types d’activité – particulièrement l’accroissement de la longévité, du mérite et de la sagesse –, et au bout du compte cela servira de cause directe et extraordinaire pour l’obtention de la parole adamantine.
À la fin de votre séance, compensez tout ajout ou omission et stabilisez [les effets de la pratique] en récitant les voyelles et consonnes et le mantra de l’essence des origines interdépendantes. Faites des offrandes et louanges abrégées, et confessez toute erreur avec le mantra des cent syllabes. Considérez que les apparences des déités se dissolvent dans l’espace omnipénétrant de la luminosité, comme la vapeur d’un souffle s’évapore de la surface d’un miroir. Ou encore, imaginez que des rayons lumineux jaillissent du cœur de la déité principale, touchent le monde entier et ses habitants, et les font se fondre en lumière et se dissoudre dans le palais. Le palais se dissout ensuite dans les déités principales. Le compagnon se fond dans la déité féminine. À son tour, elle disparaît graduellement, en commençant par les pieds et la tête, et se dissout dans le tāṃ, qui disparaît de bas en haut jusqu’à ce qu’il ne reste que le nāda, extrêmement subtil, sur lequel vous concentrez votre esprit. Puis, reposez dans l’état de luminosité au-delà de toute référence.
Réémergez instantanément, dans le corps d’union, et récitez les trois syllabes [oṃ āḥ hūṃ] pour sceller vos trois portes qui se révèlent être les trois vajras. Demeurez inséparable des « trois maintiens »[22] : la reconnaissance que toutes les formes, y compris la vôtre, sont le corps éveillé de la Noble Dame ; tous les sons, sa parole éveillée ; et toutes les pensées, son esprit éveillé. Concluez en dédiant les mérites et en récitant des prières de bon augure appropriées. Puis, entamez vos activités quotidiennes.
Ici, l’objet de la purification, c’est la mort qui se reproduit une fois la jeunesse épuisée : la dissolution graduelle du « support » [le maṇḍala] et de ce qui est « supporté » [les déités] représente les phases de la dissolution externe et interne et de la luminosité du dharmakāya au moment de la mort, alors que la réémergence sous la forme de la déité correspond au bardo du devenir. Les étapes de dissolution et de réémergence constituent la méthode purificatrice. Quant au résultat de la purification : puisque l’aspect apparent du rūpakāya – qui est l’activité du dharmakāya – et la sagesse du dharmakāya sont tous deux par nature l’espace fondamental, les manifestations en rūpakāya, qui sont absorbées dans cette nature et qui en émanent, profiteront aux êtres sans interruption.
3. Explication de l’esprit éveillé : instructions concises sur l’ainsité dans le contexte de la phase d’achèvement
La dissolution de la phase de création dans la luminosité et le fait d’en réémerger, comme on vient de l’expliquer, éliminent les extrêmes de la permanence et du nihilisme. On pratique alors le yoga de la phase d’achèvement non thématique, ce que l’on peut expliquer brièvement de la façon suivante. La Profonde essence de Tārā dit :
La présence éveillée, spontanée, naturelle, instantanée,
Est placée dans l’inconcevable espace fondamental.
Grâce à la sagesse démonstrative, symbolique,
La co-émergence absolue devient évidente.
Vajra Tārā, qui possède les trois essences inaltérables,
Est alors accomplie en cette vie[23].
Comme le suggèrent ces vers adamantins, l’authentique nature de l’esprit en tant que tel n’est pas une entité réelle dotée d’attributs concrets, et par conséquent, il ne s’agit pas de quelque chose de permanent ou d’autonome. Elle n’est pas non plus inexistante, puisqu’elle fournit la base continuelle pour la manifestation des diverses expériences du saṃsāra et du nirvāṇa. Le fait que la simple clarté et la présence éveillée ne cessent pas signifie que ce n’est pas rien. [Cette nature] est aussi libre des extrêmes que sont « à la fois l’un et l’autre » et « ni l’un, ni l’autre », et elle transcende donc toutes les formes d’étiquette, de pensée et d’expression. Voilà la vue.
Appuyez-vous sur les instructions essentielles du guru, sans réfléchir ni conceptualiser. Quand vous faites l’expérience de l’état naturel, n’altérez pas votre esprit avec des idées ou des fabrications mentales, mais laissez-le simplement tel quel. Ne vous laissez pas distraire de cette expérience semblable à l’espace – pas même un instant. Laissez la présence éveillée, pénétrante, dans sa condition naturelle, et ne déviez pas d’une présence qui est sans objet, naturellement claire, vive et distincte. C’est là la méditation qui unit la quiétude (śamatha) et la vision supérieure (vipaśyanā).
À partir de cette vue et de cette méditation, cultivez pendant la post-méditation la confiance que tous les phénomènes sont illusoires. Œuvrez au bien des êtres par l’union de la vacuité et de la compassion, et laissez toutes vos expériences et activités alimenter la sagesse de la grande félicité co-émergente. C’est la conduite.
En vous familiarisant avec cet entraînement, vous actualiserez l’état naturel de la base, dans lequel il n’y a rien à gagner ni à perdre, et vous verrez le visage naturel de l’ultime, noble et vénérable Dame, la perfection de sagesse transcendante. C’est le résultat. Au début, la sagesse de l’exemple apparaît sur les voies de l’accumulation et de l’application. Puis, avec la familiarisation, on atteint la voie de la vision et l’on réalise la sagesse ultime. Enfin, on parvient au stade où il n’y a plus rien à apprendre.
Il faut s’efforcer de parfaire ce quartet : vue, méditation, conduite et résultat. Pour ce qui est de la nature définitive des phases de génération et d’achèvement, le dernier chapitre du Guhyasamāja dit :
Le Dharma que les bouddhas révèlent
Se compose véritablement de deux phases :
Il y a la phase de génération
Et la phase d’achèvement.
Ainsi, il y a la phase de génération, qui purifie notre attachement aux apparences ordinaires du monde et des êtres qui l’habitent, et la phase d’achèvement non thématique, qui lie naturellement et sans effort l’énergie (les vents) et l’esprit au sein de l’essence indestructible et mène au kāya doté des qualités suprêmes. Voilà qui conclut l’explication de ces deux phases.
Une des innombrables méthodes profondes pour atteindre l’immortalité
Se dresse aussi haut que le mont Mérou : celle de la Bienheureuse,
La Noble Dame Tārā, appelée « Roue qui exauce les souhaits »,
Déité adorée par des millions de vidyādharas.
Son sādhana, qui puise dans l’expérience et la réalisation
De trois maîtres[24], est l’Essence du cœur de la Noble Dame.
Le yoga employant une forme unique, définitif et complet,
Fut ici expliqué de façon progressive, avec des instructions profondes.
Mon explication s’appuie sur les paroles d’ambroisie du guru omniscient
Et sur les enseignements des érudits et adeptes du passé.
Même si elle n’est pas altérée par des fabrications de mon cru,
Je vous demande pardon si elle s’avère entachée par ma propre ignorance !
Tous les mérites ainsi engendrés, quels qu’ils soient,
Je les dédie entièrement aux enseignements et aux êtres,
Conformément aux aspirations de Tārā et des seigneurs des trois familles.
Puissé-je ainsi ne jamais subir les causes ou effets d’une mort prématurée !
Sustentés par la pratique des deux phases,
Que mon corps devienne aussi inébranlable qu’un puissant vajra,
Que ma parole brille du pouvoir de vérité prophétique,
Et que toutes mes pensées deviennent grande luminosité !
Puisse la vie des glorieux maîtres demeurer ferme,
Puisse la mélodie dharmique de leur parole secrète résonner sans cesse,
Puisse le miroir de leur esprit de sagesse et de la double connaissance n’être jamais taché,
Et puissent-ils ainsi servir parfaitement les enseignements et les êtres !
Dans toutes mes vies, puissé-je être guidé par de grands amis spirituels,
Et recevoir le nectar du Dharma.
Puissé-je satisfaire mes vénérables maîtres
Et ne jamais me lasser de contribuer à leur activité éveillée !
Puissent les enseignements et leurs détenteurs s’épanouir et rayonner ;
Puissent les donateurs agir conformément au Dharma et mener une vie longue et toujours plus prospère,
Et puissé-je accomplir les trois secrets de la Roue qui exauce les souhaits,
Celle qui vainc toujours l’ennemi, le démon du Seigneur de la Mort !
Que l’heureux auspice d’un excellent flot d’ambroisie
Qui confère l’immortalité suprême se déverse sur notre tête,
Afin que nous obtenions la splendeur de la vie immortelle, adamantine,
Et que nous accédions au royaume de l’accomplissement suprême !
Ces instructions sur la vue de la Pratique quotidienne de Chimé p’akmé nyingtik (L’essence du cœur de la sublime Dame d’immortalité) sous une forme unique furent données par le Seigneur et grand tertön, Lama Péma Ösal Dongak Lingpa, à notre glorieux maître, l’omniscient Sitou Rinpoché, de qui j’ai moi-même (Jamyang Lodrö Gyatso) reçu la transmission et l’explication. J’ai écrit l’intégralité de ce texte le troisième jour du douzième mois. Puisse-t-il servir de cause pour que tous les êtres parviennent à la victoire contre le Seigneur de la Mort, et pour que la vie des êtres suprêmes qui détiennent les enseignements demeure ferme pendant des centaines de cycles cosmiques ! Maṅgalaṃ !
| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise de Han Kop, Adam Pearcey et Gyurme Avertin (2021), qui remerciaient Alak Zenkar Rinpoché, Khenchen Péma Shérab, Khenpo Sonam Tséwang et Sean Price pour leur aide. Le traducteur francophone remercie Ane Samten Palmo pour son avis sur quelques points et sa traduction du sādhana commenté tout au long du texte.
Bibliographie
Édition utilisée
'Jam dbyangs chos kyi blo gros. "'chi med 'phags ma'i snying thig gi rgyun gyi rnal 'byor phyag rgya gcig dang 'brel ba'i bskyed rdzogs kyi khrid mdor bsdus 'chi med grub pa'i zil dngar" in 'Jam dbyangs chos kyi blo gros kyi gsung 'bum. TBRC W1KG12986. 12 vols. Bir, H.P.: Khyentse Labrang, 2012. Vol. 8: 163–207
Sources secondaires
Jamgön Kongtrul Lodrö Thayé. The Treasury of Knowledge. Book Six, Parts One and Two: Indo-Tibetan Classical Learning and Buddhist Phenomenology (trans.) Gyurme Dorje. Boston, MA: Snow Lion Publications, 2012
Konchok Lhadrepa and Charlotte Davis. Art of Awakening: A User's Guide to Tibetan Buddhist Art and Practice. Boulder: Snow Lion Publications, 2017
Version : 1.0-20240222
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La phrase sanskrite se traduit par « Hommage au guru, la sublime Tārā ! ». ↩
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C’est-à-dire Jamyang Khyentsé Wangpo. ↩
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La prière en question va comme suit : « Glorieux et précieux maître-racine,/Demeure sur le siège de lotus au fond de mon cœur ;/Veille sur moi dans ta grande compassion/Et accorde-moi les réalisations du corps, de la parole et de l’esprit ! » ↩
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Du Texte-racine des versets adamantins, lui-même tiré de L’Essence du cœur de la Vénérable Tārā (rje btsun sgrol ma'i snying tig las / rtsa ba rdo rje'i tshig rkang). Voir https://rtz.tsadra.org/index.php/Terdzo-CHI-011 ↩
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Référence aux trois façons de satisfaire ou de servir l’enseignant (mnyes pa gsum) : 1) offrir notre pratique ; 2) rendre service (en gestes et en paroles) ; 3) faire des offrandes matérielles. ↩
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Pratique quotidienne de Chimé p’akmé nyingtik (L’essence du cœur de la sublime Dame d’immortalité) sous une forme unique. Voir https://www.lotsawahouse.org/fr/tibetan-masters/jamyang-khyentse-wangpo/chime-pakme-nyingtik ↩
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Drolmé Zabtik en tibétain (sgrol ma’i zab tig). ↩
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'chi med 'phags ma'i snying thig las / bla sgrub byin rlabs snying po. Voir https://rtz.tsadra.org/index.php/Terdzo-HA-019 ↩
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Jamyang Khyentsé Wangpo a écrit deux textes. Le plus court, tshe lha rnam gsum la bsten pa'i bla ma'i rnal 'byor 'chi med grub pa'i gseng lam (https://rtz.tsadra.org/index.php/Terdzo-DZI-029) a été traduit ici. Le plus long est intitulé bla ma tshe lha rnam gsum gyi rnal 'byor dang rjes su 'brel bar tshogs gnyis spel ba'i cho ga 'chi med grub pa'i dga' ston (https://rtz.tsadra.org/index.php/Terdzo-DZI-025). ↩
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Ici, « mudrā » fait référence à la forme de la déité. Hūṃ est le germe de cette forme ; sa nature est celle de la présence éveillée plutôt que du son. (Merci à Khenchen Péma Shérab pour ces éclaircissements.) ↩
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« L’un et l’autre » peut se lire de deux façons. Il pourrait s’agir des deux concentrations méditatives (l’ainsité et la compassion qui illumine tout), ou encore, du sujet (la grande compassion) et de l’objet (les êtres illusoires). ↩
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Un toraṇa est un tympan ou une arche décorative dont il existe des variantes dans l’architecture indienne. Parfois, on en trouve au-dessus des portes, et cela ressemble alors à un tympan. D’autres fois – comme dans le cas du toraṇa du stūpa de Sanchi, cela ressemble davantage à un arc de triomphe. Les Tibétains ont traduit le terme par « tabab » (rta babs), qui, littéralement, signifie quelque chose comme « plateforme pour descendre d’un cheval ». ↩
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La traduction française de ce passage est approximative. Les traducteurs anglophones se sont quant à eux référés à Konchok Lhadrepa et Charlotte Davis, The Art of Awakening: A User’s Guide to Tibetan Buddhist Art and Practice, Snow Lion Publications, 2017, pages 407–408. ↩
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C’est-à-dire Jamyang Khyentsé Wangpo. ↩
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Les śrāvakas, pratyekabuddhas, bodhisattvas et bouddhas. ↩
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Il s’agit probablement du butea monosperma. ↩
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Extrait de « Prendre soin des élèves », issu du Terma de l’esprit de la Profonde Essence de Tārā (Drolmé Zabtik), dgongs gter sgrol ma'i zab tig las / slob ma rjes su gzung ba, https://rtz.tsadra.org/index.php/Terdzo-CHI-042. ↩
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C’est-à-dire Amitāyus. ↩
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C’est-à-dire Uṣṇīṣavijaya. ↩
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Rasāyana en sanskrit, bcud len (chülen) en tibétain. « Extraire l’essence » peut faire référence soit aux méthodes de rajeunissement, soit à la substance rajeunissante. En Inde et au Tibet, ce fut et c’est encore toute une science. Pour les pratiquants bouddhistes, le fait d’avoir une longue vie est important, puisque cela donne le temps d’accomplir des pratiques et d’atteindre l’éveil. ↩
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Littéralement, « les termes et leurs sens » (sgra don). ↩
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khyer so gsum. Notre traduction française (« trois maintiens ») n’est qu’une solution parmi d’autres. L’idée est que ces trois reconnaissances sont « maintenues » ou « transposées » de la méditation à la post-méditation. ↩
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Extrait de « Prendre soin des élèves », issu du Terma de l’esprit de la Profonde Essence de Tārā. Voir la note 17. ↩
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C’est-à-dire Śrī Siṃha, Vimalamitra et Guru Padmasambhava. ↩