L’Excellente voie de la dévotion
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L’Excellente voie de la dévotion
Récit abrégé des expériences d’une mendiante, à la demande de frères adamantins[1]
par Séra Khandro
Emaho !
Dans le champ pur du dharmakāya, tu es l’enseignant Samantabhadra[2].
Dans le champ pur du sambhogakāya, tu es Vairochana des cinq familles de bouddha[3].
Tu es le nirmāṇakāya Padmasambhava, Seigneur des Trois Protecteurs[4].
Je t’adresse mes prières, Péma Lédrel, seigneur ornant le dessus de ma tête,
Maître du Dharma et guide des disciples[5].
Ayant mûri et libéré mon esprit, ô chef de famille éveillée,
Puisses-tu demeurer sur mon chakra de grande félicité,
Et m’accorder complètement la grâce d’une intelligence vive !
Comme l’ont clairement prédit les prophéties adamantines[6],
Le dharmakāya Samantabhadrī, le sambhogakāya Vajravārāhī,
Et le nirmāṇakāya Yéshé Tsogyal de Karchen –
De même que l’émanation spirituelle de sa parole éveillée, Dorjé Shyiwa Tso[7] –
Comptent parmi mes émanations illusoires dans des vies antérieures.
Pourtant, je demeure une femme simple,
D’aspect ordinaire et aux maigres connaissances.
Les moindres qualités issues de l’étude, de la contemplation et de la méditation me font défaut,
Et je suis constamment assaillie par la paresse et la distraction.
Qu’une personne aussi indigne écrive une histoire profonde
Sur l’émergence d’excellents enseignements et de nobles qualités,
Voilà qui fait penser à un lotus poussant dans le ciel – une impossibilité notoire[8].
Néanmoins, deux proches frères de vajra[9] m’ont instamment demandé
D’écrire ceci, et pour ne pas les décevoir,
Je donnerai une brève description factuelle de ma présente incarnation,
Laquelle résulte d’un mérite accumulé antérieurement.
Puisse l’assemblée des ḍākinīs qui demeurent dans l’espace m’accorder sa permission[10] !
Jadis, aux pieds du Bouddha, j’étais connue sous le nom d’Outpalma[11] ;
En Inde, je fus Rolang Dérol ;
Et en présence de Padmasambhava, je fus Dorjé Shyiwa Tso.
Au Khotan[12], je fus la Népalaise Changchoub Drön.
Puis, après de nombreuses renaissances,
Je suis née Kunzang Dékyong Chönyi Wangmo, à Lhassa, au Tibet[13],
Dans une noble et riche famille de rang impérial[14].
Dès mon plus jeune âge, j’aimais le Dharma
Et j’aspirais à m’éveiller pour le bien de tous les êtres[15].
Ayant compris la futilité des huit préoccupations mondaines[16],
Je priais constamment les Trois Joyaux[17].
Grâce à ces aspirations, quand j’eus huit ans,
Les ḍākinīs m’ont bénie ; elles ont pris soin de moi
Et m’ont protégée comme leur propre enfant chérie.
Sous l’aspect d’une nonne, la Noble Tārā[18]
Me prit comme disciple et me donna des conseils pour éveiller la bodhicitta.
Koungabüma[19] me fit passer la porte du Dharma
En m’accordant notamment les vœux de refuge,
Et elle me montra la voie de la libération.
Bien que mes parents aient été d’une bonne famille
Et dotés d’un esprit vertueux enclin au Dharma,
C’étaient des gens influents socialement et intéressés par le pouvoir.
Alors, pendant quelques années j’ai mené une vie
Où se mêlaient spiritualité et affaires mondaines,
Et je dirigeais nos sujets et nos domestiques.
Mon père m’ordonna de me marier,
Ce qui me plongea dans la souffrance et le désespoir.
Résolue à éviter que cela se produise, j’ai prié Padmasambhava,
Yéshé Tsogyal et les ḍākas et ḍākinīs qui résident dans l’espace ;
Et par le pouvoir de ces suppliques,
J’ai pu surmonter cet obstacle saṃsārique.
À douze ans, mon karma positif s’est épanoui
Et Saraha[20] m’a acceptée comme disciple.
Il m’a enseigné les voies du mûrissement et de la libération,
Et les instructions essentielles du quatrième chakra[21].
Il m’a accordé cette transmission dans sa totalité,
Comme quelqu’un qui offre ce qu’il a de plus précieux.
Grâce à cette pratique,
Les obscurcissements de mes canaux et vents se réduisirent quelque peu,
Et je fis des progrès à l’égard des six signes de l’entrée, du maintien et de l’inséparabilité [de la pratique de Tsa Lung][22].
Des déploiements magiques de sagesse, de déités mondaines et de démons
Augmentèrent ma réalisation, et je réalisai la sagesse de la présence éveillée.
Sachant que les formes divines et démoniaques
N’étaient qu’apparences qui jaillissaient de mon esprit,
Je n’eus nul besoin de fabriquer mentalement un masque de réalisation.
Pendant un moment, je pris soin de ces déités et démons comme mes propres disciples.
À treize ans, par le pouvoir de prières accumulées auparavant,
J’ai rencontré le puissant siddha Kukupa[23].
Il m’a introduite aux instructions essentielles qui permettent
De dissiper les obscurcissements des canaux et des vents.
En utilisant les cinq chakras comme base,
Il m’a enseigné les niveaux de la voie du Mahāmudrā externe et interne,
Et m’a partagé les enseignements secrets.
Grâce au relâchement des nœuds dans mon canal du cœur,
Des êtres de sagesse m’ont donné d’incontestables rouleaux symboliques,
Et j’ai pu voir directement les visages de Padmasambhava et Yéshé Tsogyal.
J’ai été investie du rôle de messagère de ces êtres de sagesse,
Qui ont prophétisé que le temps était venu de veiller au bien des autres.
Ils m’ont aussi donné des conseils sur la façon d’accomplir graduellement les deux objectifs[24].
En direction du Kham – le pays des cannibales –,
Résident tes compagnons spirituels, détenteurs du Dharma et disciples.
Tu les guideras humblement et habilement dans les trois régions.
Ils m’offrirent ainsi moult prophéties et conseils,
Et je reçus les transmissions des deux trésors secrets des dākinīs[25].
En outre, ils présentèrent des parchemins symboliques
Qui prédisaient des situations actuelles et futures.
Il y était mentionné qu’à l’avenir,
J’aurais la capacité de mener les personnes qui me sont liées
Au domaine des ḍākinīs, une terre pure apparaissant d’elle-même ;
Et ces décrets me furent confiés par écrit.
Yudrönma m’a aidée directement en écrivant
Les indications des ḍākinīs sur ce qui allait se passer[26].
En particulier, elle m’a enseigné les méthodes
Pour évaluer les compagnons des cinq classes[27],
Et les activités de magnétisation, d’entraînement et de maturation[28].
M’ayant offert des textes et communications symboliques
Des vidyādharas[29], d’Orgyen de l’Île cuivrée[30] et des ḍākinīs,
Elle m’accorda des instructions orales
Accompagnées de prédictions à propos du présent et de l’avenir.
Grâce à elles, j’ai pu prendre soin de démons et de dieux sans forme.
Les protecteurs et les esprits locaux du Tibet - Nyenchen[31], entre autres –,
Ont veillé à ce que les conditions soient propices ;
Et bien qu’ils m’aient remis de nombreux termas,
Je les ai cachés à nouveau pour le bien [futur] du Tibet.
Alors, une nonne que l’on estimait être Koungabüma dit :
Connais-tu le sens de la vacuité ?
Si tu n’en réalises pas la signification,
Tu aurais beau être inspirée à parler et à agir vertueusement,
Les bienfaits seraient négligeables.
Pieds et poings liés par la tendance à te chérir toi-même,
Tu passeras ta vie à jongler pour concilier le vice et la vertu.
Cela aura pour résultat de renaître dans les trois états supérieurs
De même que dans les trois domaines inférieurs,
Et de tourner, passant de l’un à l’autre
Tout en demeurant confinée au saṃsāra.
Donc, ne sois pas aveugle à ton propre discernement.
Sachant ce qu’il faut accepter et rejeter,
Maintiens la pratique de cette sagesse innée –
Le grand secret de l’esprit.
J’ai répondu :
Vārāhī, figure principale parmi les ḍākinīs des trois kāyas –
Yoginī de la danse de la sagesse magique –
Je te prie avec une dévotion irréversible.
Montre-moi le secret de mon esprit !
Accorde-moi tes bénédictions, ô Noble Dame,
Afin que je puisse devenir comme toi,
Plutôt que croupir dans le saṃsāra cette vie durant.
La déesse parla :
Émaho !
Écoute, toi qui es pure et fortunée,
Écoute cette explication des instructions orales portant sur le secret de l’esprit.
Premièrement, détends ton corps, ta parole, ton esprit – qu’ils soient à l’aise.
Les points clés du corps sont les sept points de Vairochana[32].
Le point clé de la parole est de cesser de parler,
Comme cassent les cordes d’une vina[33].
Donc, ne cherche pas à parler ;
Laisse ta voix et ton souffle reposer en eux-mêmes.
Le point clé de l’esprit est de demeurer
Dans un état vide, clair, naturel et non forcé.
La nature de l’esprit est vide –
Le dharmakāya, libre d’élaboration.
Son aspect de claire lumière est sambhogakāya,
Luminosité propre et non entravée.
Son rayonnement et sa réabsorption, les apparences de tout ce qui se manifeste, sont nirmāṇakāya.
La présence éveillée, inséparable des trois kāyas,
Est parfaite dans la base.
Pour ceux dont les facultés sont les plus aiguës,
Et qui peuvent comprendre que les apparences nées d'elles-mêmes sont présence éveillée,
Ces instructions orales essentielles sont d’une profondeur inégalée.
Ceux dont les facultés sont intermédiaires, et dont l’esprit doit s’appuyer sur un objet,
Ont besoin d’instructions orales pour détruire la demeure de la fixation dualiste
En discernant saṃsāra et éveil avec le corps, la parole et l’esprit,
Et par [la méthode intégrant] l’émergence, la durée et ainsi de suite[34].
Tu dois prendre à cœur mes conseils – ces profondes instructions orales –
Sans leur permettre de s’estomper,
Et sans faire preuve de paresse comme le ferait un enfant.
La vue de la vacuité n’est rien d’autre que cela.
La connaissance des trois kāyas, c’est cela même.
C’est la grande sagesse née d’elle-même.
Même si tu passais le trichiliocosme au peigne fin,
Tu ne trouverais pas de plus grand secret de l’esprit.
Puisqu’en fait ton esprit est parfait bouddha,
Ne cherche pas ailleurs un autre soi-disant bouddha.
Sur ce, elle disparut, comme un arc-en-ciel.
J’ai pris la résolution de m’efforcer de pratiquer jusqu’à ma mort
Conformément aux conseils de cette ḍākinī.
De quatorze à dix-huit ans, souhaitant accomplir le Dharma,
Je me suis adonnée à de nombreuses austérités physiques et verbales.
J’ai passé près d’un mois sans manger une bouchée,
Mais je n’ai rien fait qui ne soit pas du Dharma.
Depuis mon enfance, j’avais confiance dans le lama,
Dans les Trois Joyaux et les déités de sagesse ;
Donc, chaque fois que des souffrances faisaient surface,
Aussi épouvantables aient-elles pu être,
J’y voyais le résultat de karma accumulé par le passé.
Je sentais que si je n’accomplissais pas le sublime Dharma dans cette vie,
Je n’aurais aucun moyen de m’acquitter de l’immense bonté
De tous les êtres en général et de mes parents en particulier.
Réfléchissant de la sorte, et déployant de grands efforts du fond de mon cœur,
J’abandonnai ma patrie, devenue comparable à un pays de cannibales ;
Et, propulsée par la force de mes aspirations antérieures
Et par ma bonne fortune karmique, j’allai vers la région orientale d’Amdo-Golok[35].
En raison de ma pauvreté et de mon humble position sociale,
Presque tout le monde me malmena et me dénigra.
Donc – bien que j’avais la capacité de révéler de profonds termas de la terre[36] –
Ça ne s’est pas produit, faute de compagnons appropriés,
De détenteurs du Dharma, et ainsi de suite[37].
Quand je fus tourmentée par toutes sortes de circonstances négatives,
J’offris un gaṇachakra[38] au maṇḍala des ḍākinīs qui résident dans l'espace infini
Et les invoquai avec cette prière :
Hélas ! Ô ḍākinīs de sagesse,
Ne confinez pas votre compassion à la sphère paisible ;
Posez plutôt un regard bienveillant sur cette fille malheureuse.
Bien que j’aie agi en accord avec les instructions des ḍākinīs,
Il est difficile pour moi d’être utile aux enseignements et aux êtres.
En ces temps dégénérés,
Les gens sont dupés par des démons et des vues erronées ;
Et ceux qui pratiquent en accord avec le Dharma
Sont aussi rares que des étoiles en plein jour.
Les gens considèrent comme des médicaments les nourritures issues
D’offrandes religieuses néfastes et de moyens d’existence pernicieux.
Ils trompent les autres par ruse, pensant que ça ne les affectera pas.
Ils prennent la nourriture offerte dévotement par les vivants,
Encourent des dettes relatives aux morts[39],
Et dédaignent la loi de cause à effet –
Vraiment, ces gens se livrent à toutes sortes de négativités.
Quand apparaissent des signes aussi flagrants des temps dégénérés,
Comment une personne telle que moi pourrait-elle
Contribuer à enrayer le déclin de la doctrine et des êtres ?
Ces entêtés pleins d’opinions erronées
Réagissent avec colère quand on leur témoigne de la bonté.
Ils traitent d’idiots ceux qui agissent en harmonie avec le Dharma.
De mon côté, en accord avec les enseignements du Bouddha,
J’ai chéri ces gens plus que moi-même
Et j’ai porté l’armure de la patience,
Savourant le goût unique du bon et du mauvais ;
Pourtant, ils ont dit que j’étais un être vile,
Une chienne incapable de comprendre le bien et le mal.
Ces critiques et jugements répétés ont fait que tout le monde
M’a crue dépourvue de nobles qualités.
Méprisée de la sorte, diffamée et victime de vues erronées,
Je suis bien loin de leur avoir été bénéfique ;
Au contraire, j’ai causé leur ruine à tous !
Donc, puissé-je abandonner ce corps indigne
Et renaître en tant qu’homme libre de pratiquer le Dharma[40].
Je n’en cesserai pas moins de m’efforcer d’exaucer les souhaits
Des guru et parèdre, et de tenter d’aider la doctrine et les êtres
En accord avec les instructions des ḍākinīs.
Écoutez-moi, maintenant,
Vous qui demeurez dans la vaste sphère de la sagesse !
Mes pleurs et l’intensité de mes suppliques firent en sorte
Que les émanations de l’espace ornèrent la vaste sphère.
La merveilleuse mère de la dimension absolue – la reine de l’espace qui illumine tout -
Révéla ces paroles en usant des signes secrets des ḍākinīs qui apparaissent dans l’espace :
Eh eh ya !
La luminosité du joyau du ciel oriental
Dissipe sans parti pris l’obscurité des êtres.
Comment une vue [jugeant] de ce qui est bon ou mauvais
Pourrait-elle s’appliquer au corps d’une messagère des ḍākinīs ?
Tout dépend de tes disciples et de leurs aspirations karmiques.
Ne laisse pas ton cœur sombrer dans la lassitude, la tristesse ou le découragement.
De huit à quatorze ans,
Grâce à la force de tes prières antérieures adressées à Né-du-Lotus,
Tu as pu être un brin utile aux dieux et démons.
Nulle raison de t’en enorgueillir : c’était ton karma antérieur.
De quinze à vingt ans,
Tu subiras d’intolérables souffrances.
Ne te laisse pas abattre – ce karma prendra fin.
De vingt et un à vingt-huit ans,
En raison de conditions corrompues entourant tes disciples,
Tes connexions négatives avec les gens
Supplanteront tes connexions positives.
Néanmoins, en suppliant Padmasambhava et Yéshé Tsogyal
Diligemment et sans la moindre hésitation,
Tu rencontreras les futurs détenteurs de ta lignée de termas qui te sont destinés,
De même que les détenteurs de Dharma [aux bonnes connexions] karmiques.
À partir de ce moment-là, graduellement,
Ta capacité d’aider la doctrine et les êtres augmentera ;
Et tes connexions négatives décroîtront constamment
Par rapport à tes connexions positives.
Là encore, que les gens qui te sont liés soient bons ou mauvais,
Ils n’en restent pas moins des disciples que tu dois aiguiller ;
Donc, déleste-toi de la préférence et du rejet, de la joie et de la peine.
Ta vue de l’équanimité doit être inébranlable.
Pour les émissaires des mères ḍākinīs,
Tout dépend de relations de bon augure.
Il importe d’être consciencieuse et d’agir habilement.
Que tu deviennes ou non une révélatrice de termas dépend de toi.
Tu as beau recevoir le mandat de découvrir des trésors spirituels,
Si tu ne respectes pas les instructions des ḍākinīs de sagesse,
La découverte pourrait être entravée par de fâcheux événements,
Et tu pourrais t’attirer des résultats indésirables.
Même si tu as l’autorisation en fait de termas,
D’autres circonstances pourraient te dominer.
Tu pourrais tomber amoureuse, te marier à un chef de famille
Et perdre de vue tes objectifs spirituels,
Ce qui jetterait un voile sur tes activités de tertön.
Ce serait navrant si tu t’adonnais à ce genre de conduite !
Mais si tu suis les ordres des ḍākinīs,
Tu seras assurément bénéfique à toi-même et aux autres.
Comprends-tu ces prophéties, demoiselle de noble famille ?
Moi, une manifestation de l’espace, je m’y dissous à nouveau !
Elle se dissolut alors en lumière et disparut dans l’espace.
De dix-neuf à vingt-huit ans,
Mes expériences de joie et de peine fluctuèrent comme des rides sur l’eau.
La moitié de ce qui arrivait était consacré au Dharma ;
Le reste n’était que souffrance terrestre.
En particulier, sur l’ordre d’un lama dont j’avais reçu des initiations,
Je me suis mariée et appliquée à des activités mondaines[41].
Cependant, je n’arrivais jamais à satisfaire qui que ce soit.
Bouleversée, je désespérai du saṃsāra.
Une fois, alors que je contemplais l’idée de partir
Pour le royaume de l’invisible et glorieuse montagne,
Deux jolies filles venues d’un pays non humain apparurent,
Parées de maints joyaux précieux. Elles parlèrent gentiment :
Hé ma ! Écoute, l’amie. Nous connais-tu ?
Nous sommes deux excellentes ḍākinīs
Venues d’une terre pure cachée pour t’offrir des conseils.
Dame, serait-ce vraiment une bonne chose si tu partais
Pour la bienheureuse citadelle des ḍākinīs ?
En ces temps dégénérés, ne vois-tu pas que l’esprit des êtres
Est soumis à des forces démoniaques ?
Ne te dispute pas avec ton compagnon.
Ne sais-tu pas que la détérioration de samaya te fera souffrir[42] ?
La dame nommée Pal[43]
Sera ton rappel à la pratique de la vertu.
Pour relâcher l’attachement et l’aversion envers cette situation,
Ne ferais-tu pas mieux de laisser les choses être ?
Quand le dragon ornera sa tête
[De celui qui est né en l’an] du serpent de fer au sud[44],
Tu recevras rapidement le précieux joyau.
N’est-ce pas là l’accomplissement du double objectif ?
Ce n’est pas le moment de venir chez nous.
Grâce aux encouragements
De l’être sublime né en l’an du cheval[45],
Des conditions favorables se placeront pour cette dénommée Vajra[46].
Comprends-tu cela ?
Pendant trois ans et trois mois, ne vois personne.
Si tu fais preuve de diligence dans ta pratique,
Ne sais-tu pas qu’à l’occasion spéciale et incontestable des ḍākinīs,
Lors du Saga Dawa, il dissipera [tes obstacles][47] ?
Quoi que tu fasses,
Si tu pratiques parfaitement selon les prophéties des ḍākinīs,
Tu atteindras la bannière des deux lignées de termas –
Ne le sais-tu pas[48] ?
Nous viendrons te voir de temps à autre pour t’énoncer des prophéties.
Ne les partage pas avec autrui ;
Elles sont sous le sceau du secret.
Cache-les dans la sphère de ton cœur.
Elles se sont alors dissipées comme des arcs-en-ciel dans l’immensité du ciel.
Suite à cette rencontre, je suis tombée un peu malade.
Ensuite, une véritable émanation du grand tertön Karma Lingpa,
Jigdrel Chökyi Lodrö Rinpoché[49], s’intéressa à moi,
Même s’il connaissait [mes circonstances].
Il insista sur nos liens étroits en fait de Dharma et de samaya ;
Mais, compte tenu des conseils des ḍākinīs,
Je ne pouvais aucunement accepter.
Vers la même époque, un moine vêtu comme un paṇḍita[50]
Et disant être Guru Rinpoché
M’approcha alors que je menais un troupeau de bêtes.
« Me connais-tu ? » demanda-t-il à trois reprises.
Je répondis :
Si tu es Guru Rinpoché,
Tu es omniscient et tu connais les trois temps ;
Ton activité est insondable
Et tes miracles, sans entraves.
Ayant atteint le suprême siddhi,
Tu es de tous les bouddhas le principal.
Je m’incline respectueusement devant toi, guru inégalé.
Au moment où s’évanouiront les apparences de cette vie,
Puissions-nous, moi et tous ceux et celles qui me sont liés,
Nous éveiller immédiatement dans la vastitude primordiale du dharmadhātu,
Inséparables d’avec toi, noble guru.
Après quoi, le moine répondit :
Je suis un nirmāṇakāya libre des causes et circonstances,
Spontanément présent et naturellement manifesté pour le bien des êtres.
Ce moine n’a d’autre but que d’aider les êtres animés.
J’ai atteint le vajrakāya, le corps suprême et sans forme.
Bien que les êtres ordinaires soient fort loin
De pouvoir contempler directement le Né-du-Lotus,
Les personnes dévouées qui invoquent Guru Rinpoché
Avec la force de leur foi et de leurs aspirations antérieures,
Pourront aux six occasions voir mon visage, entendre ma voix
Et recevoir les bénédictions de mon esprit de sagesse.
En raison de ton bon karma, tu m’as rencontré ;
Mais comme tu as renoncé à ton compagnon
Et que tu nourris des doutes à l’égard des mantras,
Tu me perçois comme un moine ordinaire.
Si tu souhaites exploiter les termas qui te reviennent,
Sache qu’il y a près d’ici, en direction du soleil méridional,
Un révélateur de trésors autre que moi
Et pourtant inséparable de moi.
Le nom de ce bodhisattva de la famille de diamant
Est Raśmi[51] ; si tu t’unis à ce héros,
Alors, du sud et vers le sud,
S’épanouiront les deux lignées de termas prédites[52].
Si le serpent de fer noir prend place dans le ventre du dragon[53],
Une volée d’oiseaux dorés venus de toutes les directions s’amassera comme des nuages.
Si le corbeau noir ne fait pas pleuvoir de poison,
Les guerres barbares seront évitées pendant soixante ans.
Le soleil de la joie et de la félicité se lèvera pour un temps sur le Tibet.
Il est crucial de prendre le plus grand soin des points clés
Énoncés dans les guides prophétiques de tes propres termas,
Comme le moment, les signes, les interdépendances, et ainsi de suite.
C’est ce qu’il dit ; et cela eut pour effet de transfigurer mes apparences :
Je me retrouvai dans les rangs d’une assemblée de ḍākinīs.
De leur voix mélodieuse comme la vina et l’oiseau kalapingka[54],
Je reçus le rouleau intermédiaire des ḍākinīs associé à mes profonds trésors dharmiques.
Immédiatement après, Vimaraśmi m’accepta comme disciple ;
Et du portail occidental
De la seconde grande montagne enneigée appelée Machen Pomra[55],
Au lieu sacré des sept dames courroucées, qui se trouve à proximité,
J’ai révélé le profond terma
Du Secret trésor des ḍākinīs de la réalité[56].
De plus, en ces lieux où les souhaits sont exaucés – le stūpa d’Aśoka[57],
La Lumineuse Montagne de Fer Ardent,
Le lieu sacré de Dong Dzong, le pic de la Falaise du Garuḍa,
La Haute Montagne du Lotus, la Forteresse du Singe, et ainsi de suite -
Des lieux sacrés majeurs et mineurs,
J’ai découvert des trésors intangibles
Et d’autres termas matériels.
Chacun de ces trésors incluait des prédictions opportunes.
Cependant, en raison de corruption parmi mes disciples,
Les connexions de bon augure furent obscurcies.
Il demeure que les enseignements profonds, opportuns et favorables,
Sont comme une source d’eau qui émerge
Et que la terre ne saurait bloquer.
Même si la négativité tourbillonnait comme le vent, je ne ressentais aucune peur ;
Et je rencontrai graduellement les personnes fortunées qui allaient détenir ma lignée.
Je devins capable d’abandonner habilement
Les activités relatives aux huit préoccupations mondaines.
De vingt-neuf à trente-deux ans,
En fonction de circonstances temporaires et du mûrissement de karma antérieur,
Mon compagnon m’écarta, comme un chien dont on ne veut plus[58].
Ému par ma maladie intense et insupportable[59],
Le Seigneur du Refuge – le protecteur qui couronne ma tête, Péma Lédrel –
M’accepta et m’accorda sa profusion d’initiations et d’enseignements,
Ce qui déracina la sombre ignorance de mon esprit.
Il ouvrit alors le trésor secret
Des cent portes de la sage connaissance,
Et mon esprit fut imprégné de la richesse de l’étude et de la contemplation.
En particulier, je m’éveillai directement au sens intérieur de la sagesse,
Et j’atteignis sur la voie de la libération l’union du Mahāmudrā.
Grâce à cela, extérieurement, ma renommée s’accrut parmi les disciples ;
Et intérieurement, les nœuds dans mes canaux du centre et de la gorge se dénouèrent complètement.
Secrètement, j’actualisai la sagesse non conceptuelle ;
Et je répandis de plus en plus la doctrine
Des enseignements des profonds termas
En les couchant par écrit et en les propageant.
J’accomplissais sans effort le bien des êtres que je devais guider.
Des assemblées de déités, ḍākinīs, dharmapālas
Et gardiens des termas m’accompagnaient comme mon ombre,
Veillant à ce les circonstances soient favorables.
La façon dont ils me dispensaient prophéties et conseils est mentionnée dans d’autres textes[60].
Un jour, après avoir reçu les conseils du héros bénéfique aux êtres[61],
Alors que je demeurais près du Blanc Rocher Escarpé,
Se présentèrent à moi quatre créatures féminines, non humaines
À tête de tigre, de lion, d’ours et de perroquet.
Voici ce qu’elles proclamèrent, d’une seule voix mélodieuse :
Ha ya hi ! Écoute, Puissante Yoginī !
Depuis la forteresse des ḍākinīs appelée Tidro,
La dame de sagesse qui voit tout[62] t’envoie un message sublime.
Au lieu suprême – la Forteresse du Rocher Adamantin –
Dans une assemblée de vajra-ḍākinīs,
Les profonds enseignements de la Réunion de l’esprit de sagesse
Et de l’Essence du cœur des ḍākinīs[63]
T’apparaîtront, destinée immuable,
Lorsque le temps et les circonstances seront propices.
Le moment en question sera en l’an du cheval[64],
Et il est alors certain que des gardiens éloignés
Te présenteront tes termas.
En raison de la profondeur [de ces trésors spirituels],
Une grande discorde pourrait survenir ;
Tu dois donc être extrêmement prudente à cet égard.
Dans le grondement haletant de la terre,
Il est possible que de sombres nuages chargés de pluie soient appelés
Et que s’atténue l’éclat lumineux
Du maṇḍala solaire totalement radieux.
À ce moment, sois sage !
Des gens influencés par des démons
T’inviteront avec des mots plaisants,
Et divers obstacles indésirables pourraient se dresser.
Si tu suis le dénommé Ma[65],
Qui sait ce qui en résultera ?
Viendra un moment opportun où des ḍākinīs
T’offriront des prophéties limpides expliquant tout ceci.
As-tu compris, chère amie ?
J’allais répondre en demandant, « Qui êtes-vous ? »,
Mais je ne pus finir ma question, réveillée par d’autres facteurs –
Et la vision s’évanouit d’elle-même.
Néanmoins, conformément aux prophéties des ḍākinīs,
Je révélai les profonds termas ;
Je les transcrivis clairement et les distribuai abondamment.
À cette époque arriva un homme foncé portant une chuba blanche
Et disant qu’il était le Roi de Gojo[66].
D’une voix effrayante, il tonitrua :
Toi, étrange femme !
Pourquoi es-tu venue ici et d’où viens-tu ?
Ne reste pas ici si tu veux éviter la bagarre !
Il gronda, arborant un sourire féroce.
Je répondis :
Malheureux, va :
Jamais je n’ai vu quelqu’un d’aussi bizarre !
La Vallée de Trom est un passage
Pour tous, Tibétains et Chinois.
J’ignorais qu’elle n’appartenait qu’à toi.
Quoi qu’il en soit, je n’ai ni demeure, ni parents ;
Seule, je me promène où bon me semble.
Je ne chéris ni ce corps, ni mes possessions,
Et je les offre en festin aux dieux et démons
Des perceptions karmiques confuses.
J’abats sans ménagement l’orgueil égotique
De tous les êtres formels et sans forme.
Je reconnais tout ce qui arrive et apparaît
Comme la manifestation magique de l’esprit.
Je détiens les instructions pour détruire la saisie
Des perceptions confuses et de l’importance du soi.
Par chance, tu es apparu dans mon champ de vision.
Cependant, libre de bienfaits ou de méfaits,
Tout est la manifestation du dharmakāya
Dans le vaste espace de l’intention de sagesse éveillée
De la Merveilleuse Mère non née et primordialement libre. Phet !
Ayant répliqué de la sorte, je me détendis un moment
Dans la grande présence éveillée, vide et sans bornes,
L’espace de la pureté et de l’égalité.
Et comme un rêve,
L’apparence confuse s’évanouit dans l’espace fondamental.
Quand j’eus trente-trois ans et par la suite,
Mon manque de mérite eut de terribles effets :
Le Seigneur du Refuge, l’omniscient joyau de mon cœur, Péma Lédrel,
S’en alla pour le royaume des ḍākinīs[67].
Sans mon protecteur,
Je fus abandonnée, sans foyer ni partenaire.
On m’a même bannie dans une contrée lointaine,
Et je devins comme une épine aux yeux de tout le monde.
Seul le fils de cœur du Seigneur du Refuge,
Mon frère adamantin Natsok Rangdrol[68],
Me consola en me disant :
« Ô, suprême partenaire de Son Éminence,
Tu ne dois pas t’exiler en un lieu lointain. »
Il me lia alors par nos engagements dharmiques sacrés.
Le résultat fut que je restai plusieurs années
Au lieu saint qu’est le monastère de Séra[69].
J’ai maintenu, protégé et diffusé les profonds enseignements
Du grand révélateur de trésors et de son fils[70],
Conformément à la directive du Seigneur du Refuge.
J’ai propagé les profonds termas
Auprès de tout le monde, [des gens] proches et lointains.
En particulier, j’ai confié l’héritage
Des deux trésors spirituels[71] à ceux qui en avaient la bonne fortune,
Comme le principal détenteur du Dharma, Prajñā Raśmi[72].
De plus, d’innombrables autres êtres fortunés
Ont maintenu les précieux enseignements en pratique isolée.
Pour combler le double objectif,
J’ai préservé les enseignements des deux trésors spirituels ;
Et quand la réincarnation
Du Guru Seigneur du Refuge fut intronisée,
La douleur dans mon cœur s’apaisa quelque peu.
Par ailleurs, dans sa grande bonté,
Mon Seigneur du Refuge, ce joyau magique,
Avait considéré la misérable chienne que j’étais
Comme « une lionne à la crinière de turquoise » ;
Quand j’y repensais, mon esprit s’attristait profondément.
Quand se levait le soleil qui tout illumine,
Je me rappelais le kāya de mon Seigneur du Refuge, ce joyau magique ;
Quand la lumière chassait les ténèbres des dix directions,
Je pensais à sa qualité éveillée de compassion impartiale.
Quand, depuis les hauteurs de la voûte céleste,
Le soleil se couchait derrière les montagnes occidentales,
Je me rappelais comment mon maître lui-même était venu
Pour nous guider tous, avant de passer au-delà de la souffrance.
Quand je voyais la vastitude du ciel,
Je me rappelais l’aspect de son rūpakāya,
Naturellement manifesté, spontanément présent,
Apparaissant depuis la sphère du pur dharmakāya, la base de l’espace fondamental.
Dans chaque symbole, dans chaque signe, dans tout ce que je voyais, et dans tout ce qui m’apparaissait :
Je voyais un rappel de mon Seigneur du Refuge, ce joyau magique.
Quel que soit le monastère ou le lieu solitaire où je demeurais,
Mon maître me manquait.
Quand je réfléchissais à ma pratique et aux instructions orales,
Mon maître me manquait.
Quand je rencontrais mes nobles frères et sœurs dans le Dharma,
Il me manquait terriblement.
Quoi que j’aie pu ressentir, je me rappelais le maître.
Je ne faisais que penser à mon guide, mon enseignant, Péma Lédrel.
Il me manquait tant que je pleurais sans cesse.
Cette tristesse fut si intense qu’elle embrouilla ma pensée.
J’avais beau avoir accompagné mon maître pendant si longtemps,
Cela me semblait n’avoir duré qu’un instant.
J’avais reçu tant d’initiations et d’enseignements,
Et voilà que j’avais l’impression que tout s’était déroulé en une seconde.
Quand je contemplai le fait qu’il en allait ainsi de toutes choses, j’eus le cœur brisé.
Il avait suffi que je voie son visage
Pour que la foi et la dévotion se lèvent du plus profond de mon être.
Le simple fait d’entendre sa voix m’a mise
Sur le chemin de la maturité et de la libération.
L’intention éveillée de son esprit de sagesse
A ouvert les cent portes du trésor secret.
Une pluie d’enseignements de Dharma émanait de lui,
En accord avec les dispositions mentales et les capacités des êtres,
Les dégageant des crevasses du saṃsāra.
Ayant atteint le niveau suprême de la béatitude constante et inégalée,
Il était le guide qui libérait les êtres dans l’espace primordial.
Sa bonté était insondable,
Et je n’avais aucun moyen de lui rendre la pareille.
Réfléchir à ce que tout cela impliquait
Agitait encore davantage mon esprit accablé de chagrin ;
Et je me mis à gémir, en pensant à mon maître sublime.
Toutefois, pour répondre à sa bienveillance,
Je rejetai ces réflexions égoïstes fondées sur mes propres émotions.
J’expliquai les profonds trésors et les diffusai auprès des disciples fortunés.
J’agis en harmonie avec le Dharma
En toutes actions, corps, parole et esprit.
J’ai poursuivi ma pratique dans la solitude, comme un rhinocéros[73].
Même si j’étais autorisée [à révéler] mes propres termas,
Je me sentais personnellement indigne des activités d’une tertön.
« Si l’enfant maintient la lignée de son père,
Cela suffit », pensai-je.
Il est dit que les emplacements de mes profonds trésors spirituels
Sont les trois lieux du corps éveillé,
Les trois lieux de l’esprit éveillé,
Les trois lieux de la Forteresse et du Blanc Rocher Escarpé,
Et deux lieux cachés et sacrés.
Pour ce qui est des profonds enseignements,
Ce sont les cycles du tronc, de la branche, de la fleur et du fruit,
Et les trésors immuables de l’esprit éveillé, qui sont comme la terre.
Mes termas complémentaires portant sur l’activité éveillée sont inconcevables.
Pour ce qui est de mes compagnons en fait de trésors spirituels,
Ce sont les deux suprêmes et les trois excellents,
Les cinq grands bodhisattvas appartenant aux cinq familles.
Quant aux détenteurs de mes enseignements, il y a quatre fils de cœur,
Huit suprêmes, suivis de vingt-cinq autres, puis d’une centaine, et d’autres encore.
Ils parviendront en une vie au résultat des deux niveaux.
Le moment de révéler mes trésors dharmiques,
De même que les détails et les circonstances favorables qui s’y rapportent,
Sont indiqués par les ḍākinīs
Dans les chapitres des inventaires de mes termas, les guides prophétiques intérieurs,
Les listes complémentaires, les annexes, et ainsi de suite.
Elles ont prédit que mon travail pour le bien des disciples
Se propagerait en cinq lieux, en particulier à l’est et au sud.
En résumé, ce petit recueil de points essentiels portant sur mes termas,
Je l’ai couché par écrit sous la forme d’une autobiographie
Riche de sens et exprimée en peu de mots,
Pour exaucer les souhaits de dignes disciples.
Comment quelqu’un comme moi, d’une naissance ordinaire, inférieure,
Pourrait posséder les secrètes qualités de la parole excellente, je l’ignore.
Qu’importe : par la compassion des gurus de la lignée,
Et par l’ultime mûrissement des deux provisions
Accumulées au cours de nombreuses vies,
J’ai atteint une naissance riche en Dharma et contenté les nobles.
Le détenteur des profonds trésors, Péma Lingpa,
M’a tenu dans sa compassion ;
Et son octroi des enseignements qui mûrissent et libèrent
A fait s’éveiller mon karma antérieur et l’autorisation
De révéler quelques profonds termas mineurs.
Depuis lors, j’ai la capacité – d’indéniables siddhis –
[De révéler] de profonds trésors dans plusieurs vies à venir.
Bien que je n’avais aucunement l’intention d’avoir une suite de disciples,
J’ai pris soin d’eux en usant de moyens habiles,
En raison de mes aspirations antérieures.
Sans qualités secrètes dignes de ce nom,
Ce récit n’est qu’un compte rendu abrégé de la façon dont j’ai vécu.
Je ne l’ai pas écrit pour le prestige,
Ni pour nourrir les huit préoccupations mondaines.
C’est surtout pour tenir une promesse faite aux disciples fortunés
Que j’ai mis par écrit quelques absurdités.
Grâce à cette vertu, puissent les détenteurs du Dharma
Demeurer inébranlables sur leurs pieds de lotus.
Puissent les connexions favorables internes et externes être parfaites,
Et puisse le mérite croître.
Que soit dissipée toute forme de déclin du Dharma
À travers l’univers et parmi les êtres qui l’habitent.
Que les terribles époques de guerre et de famines soient pacifiées.
Que les enseignements des profonds termas se propagent dans les dix directions,
Et que s’accroissent les activités éveillées de ceux et celles qui les préservent.
Puissent le pouvoir et la richesse des mécènes s’amplifier et rayonner.
Puissent les êtres animés parvenir au bonheur
Et pratiquer un Dharma riche et entier.
Que tous les êtres soient libérés dans le Palais de la Lumière de Lotus sur Ngayab[74] !
Qu’ils soient accueillis par les vidyādharas, ḍākas et ḍākinīs !
Qu’en entonnant le chant du Guru Siddhi [Mantra],
Nous renaissions au pays des ḍākinīs,
Oḍḍiyāna, indivisibles de Péma Drodul Lingpa ;
Et que maître et disciples s’éveillent,
Inséparables de son esprit de sagesse éveillée !
Voilà donc le récit des expériences d’une mendiante. Bien qu’il me soit difficile de prononcer le nom de l’omniscient Seigneur du Refuge, je l’utilise ici pour de bonnes raisons.
Mes deux frères de vajra, de sublimes moines de Shākyamuni à l’esprit libre de concepts – les célestes yogis Donli et Rangjoung, qui furent d’authentiques disciples du grand détenteur de la présence éveillée et Seigneur des Accomplis, Gélek Palzang – m’ont longtemps et instamment demandé [d’écrire ceci], accompagnant leurs requêtes d’offrandes d’écharpes et d’argent. Mon propre élève, le vagabond Shérab Özer, qui a fait des supports pour les trois lignées de trésors, est resté uniquement dans des ermitages isolés et a propagé autant qu’il le pouvait les profonds enseignements. Il a offert son corps, sa parole et son esprit au lama, a abandonné les activités non vertueuses et s’est toujours consacré à la pratique. Lui aussi m’a demandé avec insistance [d’écrire ceci].
S’y sont ajoutées les sollicitations répétées de nombreux étudiants fidèles, tels que Rigzang, Gyurmé Trinlé et d’autres encore. Pour ne pas ignorer leurs requêtes, au demeurant profondes, moi, Kunzang Dékyong Chönyi Wangmo, la plus humble des disciples du Seigneur Omniscient, a écrit ce texte en cet excellent seizième jour du neuvième mois de l’an du serpent de terre (1929), dans un lieu de retraite isolé, au monastère de Séra. Mon domestique, le moine Tsultrim Dorjé, a fourni le matériel d’écriture.
Puisse [ce texte] se répandre dans toutes les directions et à toutes les époques ! Que tout soit de bon augure ! Que la vertu règne dans les trois temps !
Gé’o Gé’o Gé’o. Sarva Mangalam.
| Traduit en français par Vincent Thibault (2023) sur la base de la traduction anglaise de Christina Monson (2012), originellement parue dans The Excellent Path of Devotion, Kama Terma Publications, Boulder, Colorado, et retouchée en 2023 pour la version de Lotsawa House. Le traducteur francophone remercie Emeric Yeshe Dorje pour sa relecture et ses suggestions.
*Note de la traductrice anglophone : Kyabjé Chatral Sangyé Dorjé Rinpoché est le Joyau qui exauce les souhaits, à qui je dois tout. La traduction de ces précieux mots de Séra Khandro ne fut possible que grâce au soutien et aux encouragements de la grande ḍākinī Saraswati Dévi, la fille de Chatral Rinpoché. Tout au long de ce travail, de nombreuses personnes ont fourni une aide inestimable, dont Loppön Jigme Rinpoche, Bhakha Tülku Rinpoche, Lama Chönam, Sangye Khandro, Sarah Jacoby, Heidi Nevin, Elizabeth Monson, Carol Schlenger, Julia Gruberg, Sarah Bolasevich, Wayne Amtzis, Sangye Dragpa, et d’autres encore. L’amour et la bonté de mes parents, John et Susan Monson, furent omniprésents, et leur soutien fut également inestimable. Kay Henry et David Bolduc ont facilité la préparation du manuscrit et du livre pour la première publication de cette traduction, qui fut partiellement soutenue par une bourse de la Brown-Monson Foundation.
Version: 1.1-20230607
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Dans la tradition Vajrayāna, on appelle « frères et sœurs de vajra » les personnes de la même lignée, celles avec qui l’on reçoit des initiations et des enseignements oraux, et celles qui ont le même guru. ↩
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Selon la tradition bouddhiste, on peut considérer que le dharmakāya – le corps de vérité, ou la nature absolue – est la base fondamentale de l’éveil, laquelle, dans une optique de distinction conceptuelle, est décrite comme ayant un aspect de pureté originelle et un aspect de présence spontanée. Au sein de cette base, le bouddha primordial, Samantabhadra, s’éveille en reconnaissant la vraie nature de la réalité, telle quelle, sans jamais avoir à s’égarer dans la confusion comme le font les êtres sensibles. ↩
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Les cinq familles de bouddha sont celles de Vairochana, Akṣhobhya, Ratnasambhava, Amitābha et Amoghasiddhi. Quand ils sont représentés ensemble, Vairochana est au centre. « Lac glaciaire » (ou « Océan infini ») est une épithète de Vairochana et fait référence à la représentation cosmologique bouddhiste de l’existence qui provient de l’eau parfumée émanant des corps de ces bouddhas et manifestant les terres pures et tous les univers. C’est ce qu’on peut comprendre comme étant le sambhogakāya, ou « corps de jouissance » : la base primordiale de l’éveil se manifeste sous forme de bouddhas, de terres pures et de diverses apparences imprégnées de sagesse. Pour plus de détails, voir Jamgön Kongtrul Lodrö Tayé, Myriad Worlds, traduit et édité par l’International Translation Committee fondé par Kalu Rinpoché (Ithaca, New York : Snow Lion Publications, 1995), p. 103. ↩
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Les « trois protecteurs » fait référence aux bodhisattvas Mañjushrī, Avalokiteśvara et Vajrapāṇi. Padmasambhava, aussi appelé Guru Rinpoché, le grand maître indien auquel on attribue l’établissement des enseignements bouddhistes au Tibet à l’invitation du roi Trisong Détsen (khri srong lde btsan) au 9e siècle, est considéré comme l’émanation combinée des trois protecteurs. Quant au terme nirmāṇakāya (« corps d’émanation »), c’est la sagesse des bouddhas qui s’incarne dans une personne apparaissant en ce monde pour être utile aux êtres confus et usant de tous les moyens habiles nécessaires. ↩
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« Péma Lédrel » fait référence à Tülku Drimé Özer (sprul sku dri med ’od zer, 1881-1924), le suprême guru et partenaire spirituel de Séra Khandro, Déwé Dorjé (se ra mkha’ ’gro bde ba’i rdo rje, 1892-1940). Aussi connu sous le nom de Rigdzin Chenpo Péma Drodul Sangngak Lingpa (rig ’dzin chen po padma ’gro ’dul gsang sngags gling pa), Tülku Drimé était l’un des huit fils du grand révélateur de termas Dudjom Lingpa (bdud ’joms gling pa, 1835-1905) et lui-même un tertön (gter ston) ou découvreur de trésors spirituels, bien que la majorité de sa collection n’ait pas été retrouvée. Selon la biographie de Tülku Drimé composée par Séra Khandro, ses précédentes incarnations incluent le khenpo indien Vimalamitra ; la princesse du roi Trisong Détsen à Samyé, Sémo Lhacham Pémasal (sras mo lha lcam pad ma gsal) ; Yarlha Shampor Péma Lédreltsal (yar lha sham por pad ma las ’brel rtsal), une incarnation de la princesse Pémasal ayant vécu au milieu du 13e siècle ; et Longchen Dorjé Ziji (klong chen rdo rje gzi brjid, c’est-à-dire le grand omniscient Longchen Rabjam, 1308-1363). Dans ses textes autobiographiques, Séra Khandro fait souvent référence à Drimé Özer en l’appelant Péma Lédrel ou Péma Lédreltsal. ↩
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Les prophéties adamantines sont des prédictions trouvées dans les écrits de nombre des plus grands maîtres de la tradition bouddhiste tibétaine, tels que Padmasambhava, qui – avec sa partenaire tibétaine Yéshé Tsogyal – a caché d’innombrables enseignements du profond Dharma sous forme de trésors spirituels, en prévision de leur découverte à des époques ultérieures. Padmasambhava, de même que d’autres maîtres, ont prédit les personnes qui trouveraient ces enseignements. L’une de ces prophéties adamantines concernant Séra Khandro se trouve dans le profond enseignement du grand tertön Péma Lingpa (padma gling pa) appelé La quintessentielle liste rouge (snying byang dmar po) et est citée par Khenpo Péma Ösel Thayé : « Dans le futur, en un lieu dharmique et divin, une émanation de Vajravārāhī nommée Félicité (bde ba) [viendra] en l’an du dragon d’eau. [Les syllabes] bam et ha, ri, ni et sa apparaîtront clairement sur sa tête, sa gorge et son cœur. Elle rassemblera les deux lignées de profonds termas et épaulera habilement ses disciples. » Voir Khenpo Pema Ösel Thayé, Une biographie abrégée de la Ḍākinī du centre [du Tibet] intitulée « Un guide pour accéder aux terres pures » (dbus za mkha ’gro’i rnam thar bsdus pa mkha’ spyod bgrod pa’i lam yig bzhugs) dans Un petit livre intitulé « Le Plaisant jardin de nectar [de myrobolan] » (deb chung a ru ra’i ga tsal zhe cha wa zhuk/deb chung a ru ra’i dga’ tshal), Chengdu : Sichuan Nationalities and Languages Press, si khron mi rigs dpe skrun khang, 2003, p. 76. ↩
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En tant que compagne du bouddha primordial (Samantabhadra), unie sans dualité à son esprit de sagesse, Samantabhadrī symbolise la représentation féminine de cet état éveillé et, en tant que telle, elle est présentée comme la première des incarnations antérieures de Séra Khandro. Le sens n’est pas littéral, mais indique que l’esprit de sagesse et la lignée de Séra Khandro découlent directement du dharmakāya, représenté ici par Samantabhadrī. On mentionne ensuite Vajravārāhī (« Laie adamantine »), une déité de sagesse en sambhogakāya qui occupe une place importante dans les enseignements révélés par Séra Khandro, puisque c’est Vajravārāhī qui l’a initiée en rêve à l’âge de 13 ans, lui transmettant les deux collections de termas qui sont au cœur de sa lignée de pratique. Enfin, le nirmāṇakāya de Vajravārāhī est ici Yéshé Tsogyal, la merveilleuse compagne tibétaine de Padmasambhava, origine humaine de la lignée d’incarnations de Séra Khandro, dont les cycles révélés incluent d’ailleurs de nombreuses pratiques méditatives centrées sur Yéshé Tsogyal. ↩
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L’analogie d’un lotus ou d’une fleur poussant dans le ciel est souvent employée pour parler d’une chose invraisemblable ou inexistante. Ici, Séra Khandro l’utilise en toute humilité pour suggérer qu’elle est notoirement dépourvue de qualités spéciales ou louables. ↩
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Dans le colophon de ce texte, Séra Khandro mentionne deux frères de vajra, Donli (don li) et Rangjoung (rang byung), qui lui présentèrent des offrandes et lui demandèrent de mettre sa vie par écrit. Elle nomme aussi trois autres personnes qui lui ont adressé des requêtes similaires. ↩
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Dans ses commentaires et termas, Séra Khandro invoque fréquemment les ḍākinīs « qui demeurent dans l’espace » (ou qui se déplacent et agissent dans des champs purs). Ces êtres de sagesse importants – généralement féminines – sont responsables de la protection et de la propagation de trésors spirituels et jouent donc un rôle central dans la vie des tertöns du bouddhisme tibétain. Comme elle le mentionne dans ses écrits biographiques, Séra Khandro a invoqué ces ḍākinīs tout au long de sa vie, et elle fut souvent approchée et conseillée par elles. Apparaissant tantôt sous forme humaine, tantôt sous forme animale, et parfois encore sous un aspect combinant des traits humains et animaliers, elles ont régulièrement informé Séra Khandro de la ligne de conduite à adopter lors de moments charnières dans sa vie. ↩
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Il s’agit d’une référence à la nonne bouddhiste Outpala-varnā, qui s’est donné beaucoup de mal pour être la première à accueillir le Bouddha à son retour du paradis de Tuṣhita, où il était allé visiter sa mère. ↩
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Le Khotan (li yi yul) était un ancien royaume bouddhiste établi vers le 4e siècle avant notre ère dans la région de l’actuel Xinjiang en Chine, parfois appelé Turkestan chinois. Des légendes attribuant la fondation du royaume au roi indien Aśoka ou à ses fils sont consignées dans les écrits du pèlerin chinois Xuanzang, de même que dans la chronique tibétaine du Li-yul. Voir Lamotte, Étienne, History of Indian Buddhism, traduit par Sara Webb-Boin (Louvain-La-Neuve : Université catholique de Louvain, Institut orientaliste, 1988), pages 257-258, ou, en français, Histoire du bouddhisme indien : Des origines à l'ère Saka, Publications universitaires & Institut orientaliste, Louvain, 1958. ↩
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Séra Khandro est connue sous d’autres noms, dont « Ḍākinī Félicité de Diamant du Tibet central » (dbus bza’ mkha’ ’gro bde ba’i rdo rje). Le nom « Séra Khandro » provient de sa résidence au monastère d’Awo Séra à Serta, dans l’est du Tibet, où elle séjourna à la demande de Sotroul Natsog Rangdrol (bsod sprul sna tshogs rang grol), le fils de cœur de son guru, Tülku Drimé. ↩
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D’autres sources décrivant la naissance de Séra Khandro parlent d’un père nommé Lhasey Jampa Ngonpo (lha sras byams pa mngon po), « Fils des Dieux, Seigneur de la Bienveillance », qui était un chef local « reconnu comme une émanation du vieil homme Rong Tsatra (rong tsha khra) et qui était une personne forte, puissante, dotée de capacités en fait de trésors spirituels, et démontrant sans entraves des signes d’accomplissement. » Sa mère est décrite comme appartenant à la classe des ḍākinīs, une dame de la lignée de Noup (gnub) nommée Tséring Chö Dzom (tshe ring chos ’dzoms), « Longue Vie au Dharma Abondant ». Sa naissance eut lieu en l’an du dragon d’eau au cours du quinzième cycle rabjoung (1892), à Lhassa, parmi de nombreux signes merveilleux – un pavillon de lumière multicolore apparut dans le ciel, une brume parfumée s’éleva, et le roi des vautours dansa sur le toit de sa maison. Voir p. 77 dans la référence de Khenpo Péma Ösal Thayé mentionnée ci-dessus, à la note 6. ↩
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« Bodhicitta », qu’on pourrait traduire par « esprit d’éveil », fait référence à l’intention altruiste et compatissante d’œuvrer au bien-être, au bonheur, et au bien temporaire et ultime de tous les êtres jusqu’à ce que tous les domaines du saṃsāra soient vidés. ↩
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Dans une perspective bouddhiste, les huit préoccupations mondaines sont le gain et la perte, la louange et le blâme, la renommée et la mauvaise réputation, et le plaisir et la douleur. Ces préoccupations représentent de grands obstacles à l’accomplissement de la pratique du Dharma. ↩
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Les Trois Joyaux sont le Bouddha, le Dharma (ses enseignements) et le Saṅgha (la communauté des pratiquants spirituels). ↩
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Tārā (ou Jetsün Drolma, comme l’appellent les Tibétains), est un bouddha féminin. Vénérée et considérée comme la grande mère de la libération, elle apparaît sous de nombreuses formes. Les termas de Séra Khandro comprennent de nombreuses méditations sur Tārā en tant que déité personnelle. ↩
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« Koungabüma » fait référence à Koungaboumpa (kun dga’ ‘bum pa), l’énigmatique révélatrice de termas du 14e siècle qu’on croyait être également une incarnation de Yéshé Tsogyal. Son trésor spirituel le plus connu s’intitule ma rgyud gsang ba lam khyer gyi chos skor (qu’on pourrait traduire par « Le Tantra de la Mère Secrète : Cycles de pratiques quotidiennes »). ↩
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Le mahāsiddha Saraha serait né au sein d’une famille de brahmanes dans l’est de l’Inde vers la fin du 8e siècle ou au début du siècle suivant. Il est célèbre pour ses dohās, ou hymnes spirituels, qui expriment sa compréhension et sa profonde réalisation. ↩
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Ces instructions se rapportent à la pratique de l’union. ↩
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Il s’agit de références à des pratiques respiratoires dans le cadre d’un entraînement avec les vents et canaux énergétiques subtils du corps. ↩
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Kukurādza, un autre mahāsiddha indien, se serait fait enseigner les tantras internes par le roi Dza après en avoir reçu la transmission de Vajrapāṇi, le Seigneur des Secrets. Voir Dudjom Rinpoche, Jigdrel Yeshe Dorje, The Nyingma School of Tibetan Buddhism: Its Fundamentals & History, traduit et édité par Gyurme Dorje et Matthew Kapstein, Boston, USA : Wisdom Publications, 1991, p. 460. ↩
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Les « deux objectifs » signifient ici l’accomplissement de son propre bien et de celui des autres. Cela peut aussi signifier l’accomplissement des deux kāyas, le dharmakāya et le rūpakāya (zük ku/gzugs sku). ↩
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Ces deux termas sont Le Secret trésor des ḍākinīs de la réalité (chos nyid mkha’ ’gro’i gsang mdzod) et L’Essence du cœur des ḍākinīs de la réalité (chos nyid mkha’ ’gro’i thugs thig). ↩
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Yudrönma, ou la « Lampe turquoise adamantine », est une importante déité protectrice associée à d’importantes lignées tibétaines de termas. ↩
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Les « cinq classes » font référence aux cinq familles de bouddha. ↩
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Il faut comprendre ces activités dans le contexte d’une pratique avec un compagnon ou une compagne. Cela signifie « accrocher » un partenaire approprié et, si cette personne ne s’est pas entraînée aux cinq pratiques préliminaires, s’assurer qu’elle le fasse et qu’elle en récolte le fruit. ↩
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Les vidyādharas sont des « détenteurs de connaissance éveillée », un titre ou une façon de faire référence à des êtres éveillés. ↩
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Il s’agit d’un autre nom de Guru Padmasambhava. ↩
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Nyenchen Thanglha (gnyan chen thang lha) est une déité protectrice mondaine qui porte le nom d’une chaîne de montagnes au Tibet central. Important protecteur des enseignements Nyingma, il est considéré comme un bodhisattva de la huitième bhūmi. ↩
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Instructions sur la bonne posture de méditation assise. ↩
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Un instrument à cordes de l’Inde ancienne, qu’on croit être l’ancêtre du sitar. ↩
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Les pratiques de distinction du saṃsāra et de l’éveil impliquent diverses méditations physiques, verbales et mentales, qui sont classées parmi les pratiques préliminaires aux pratiques principales du thögal (thod rgal, « franchissement du pic ») des enseignements de la Grande Perfection (rdzogs chen). L’examen « de l’arrivée, de la durée et du départ » de l’esprit est un entraînement précédant souvent les instructions essentielles qui montrent la nature de l’esprit et introduisent le pratiquant à la présence de la sagesse éveillée, laquelle est ensuite principalement maintenue par l’entraînement du trekchö (khregs chod) de la voie de la Grande Perfection. ↩
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Une nuit, à l’âge de 15 ans, Séra Khandro s’est enfuie audacieusement de la maison familiale à Lhassa pour rejoindre le campement nomade de Drimé Özer et son entourage du Golok. Ne connaissant pas le dialecte golok, et ayant rarement été confrontée à des épreuves physiques dans le cadre de sa vie aristocratique, elle fut catapultée dans une situation extrêmement éprouvante : tenter de s’adapter au dur mode de vie nomade parmi des gens qui la considérait avec un mélange de suspicion, de jalousie et d’indifférence. Sa détermination à pratiquer le Dharma de façon pure, et sa foi en Drimé Özer, ont fini par lui faire valoir une acceptation précaire dans l’entourage du maître, alors qu’ils voyageaient vers l’est pour atteindre la région des hauts pâturages de l’Amdo-Golok, située le long de la frontière entre les actuelles provinces chinoises du Sichuan et du Qinghai. C’est dans ces régions que Séra Khandro a passé le reste de sa vie. ↩
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Il existe de nombreuses catégories de trésors spirituels au sein de la tradition tibétaine des termas (gter ma). Les termas de la terre sont généralement de précieux objets matériels, tels que des statues, des vases et d’autres accessoires rituels. Séra Khandro a signalé avoir découvert de tels objets plus tard dans sa vie ; mais elle a aussi mentionné qu’elle les avait cachés par crainte que soit remise en question leur authenticité en tant que termas. ↩
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Une fois au Golok, Séra Khandro se retrouva totalement dépendante des autres pour se nourrir et se loger. Pour survivre, elle fut forcée de travailler en tant que servante dans une maison qui se trouvait à proximité de la résidence de Drimé Özer. Elle ne pouvait alors reconnaître ses propres capacités de révélatrice de termas, puisqu’elle n’avait pas encore tissé les liens adéquats avec les personnes destinées à soutenir cette activité. Cependant, elle ne s’est pas moins appliquée assidûment à la pratique, et elle a notamment rapporté avoir complété 100 000 prosternations en dix-sept jours. ↩
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Une cérémonie élaborée de festin d’offrande. ↩
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Quand des spécialistes religieux se font demander d’accomplir une cérémonie pour des personnes mortes ou vivantes, ils ont la responsabilité d’utiliser les offrandes convenablement. ↩
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Son souhait de renaître avec le corps d’un homme reflète la culture patriarcale du Golok, de même que des réalités pratiques qui faisaient que les femmes avaient plus de difficulté à être soutenues dans leur quête spirituelle. ↩
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Quand elle avait 18 ans, Séra Khandro reçut des transmissions de la part d’un lama appelé Kangdon Bonpo Gonwang, qui lui demanda de maintenir une relation avec Gyalsé, le fils du grand révélateur de trésors Gara Tertön (1857-1911). Malheureusement, bien que Séra Khandro ait reconnu des signes qu’elle était plutôt destinée à devenir la compagne de Gara Tertön lui-même, elle en fut empêchée en raison des machinations de Yakza, l’épouse du tertön. Séra Khandro noua néanmoins une relation avec leur fils Gyalsé, principalement à cause de l’ordre de Bonpo Gonwang, comme quoi elle devait contribuer à la préservation des trésors révélés par Gara Tertön. Séra Khandro habita avec Gyalsé pendant des années, et tout ce temps, Yakza conserva une attitude acerbe et antipathique à l’égard de sa belle-fille. ↩
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Séra Khandro a aussi eu une relation tumultueuse avec Gyalsé, qui ne reconnaissait pas ses activités de tertön. Sa longue autobiographie détaille de nombreux conflits entre eux, malgré ses efforts pour le contenter. Lui-même puissant et éminent lama de la région du Golok, et fils de Gara Tertön, Gyalsé avait une relation dharmique avec Drimé Özer et était parfaitement conscient que Séra Khandro lui était connectée. Pourtant, jusqu’à ce qu’elle le quitte définitivement, il n’a jamais formellement reconnu ses qualités spéciales en tant que révélatrice de termas, et il ne lui a pas non plus accordé la position et le respect qu’elle a acquis plus tard. ↩
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Référence à Yakza. ↩
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Le « dragon » est une référence à Séra Khandro, qui est née en l’an du dragon, alors que Drimé Özer est né dans l’année du serpent. ↩
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Cela fait vraisemblablement référence à l’un de ses proches disciples ou domestiques. ↩
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Référence à Séra Khandro, dont le nom sanskrit est Sukhā Vajra. ↩
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Autrement dit : Tülku Drimé dissipera ses obstacles. ↩
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Ces deux lignées sont celles des termas de Séra Khandro elle-même et de ceux de Drimé Özer. ↩
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En fait, Jigdrel Chökyi Lodrö, aussi appelé Gotroul Rinpoché, joua un rôle important dans la vie de Séra Khandro, puisque ce fut l’un des quatre disciples principaux qui maintint sa lignée. Il fut la première autorité à la reconnaître publiquement comme une ḍākinī et une authentique révélatrice de termas, alors qu’elle avait 24 ans. ↩
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Un paṇḍita est un grand érudit religieux. ↩
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« Raśmi » est l’équivalent sanskrit de « Özer » (« Rayons de Lumière »). Le nom sanskrit de Drimé Özer est Vimala-raśmi. ↩
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Là encore, ces deux lignées sont la sienne et celle de Drimé Özer. ↩
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Cette prophétie pourrait laisser entendre que Séra Khandro devrait porter l’enfant de Drimé Özer, mais il est difficile d’interpréter ce genre de paroles de sagesse. ↩
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Petit oiseau ressemblant à un moineau et réputé pour son chant d’une grande beauté, le kalapingka (ou kalavingka) est mentionné dans de nombreux textes bouddhiques, comme le Buddhacharita d’Ashvaghoṣha. ↩
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L’une des déités protectrices les plus importantes du Tibet, considérée comme un bodhisattva de la dixième bhūmi, Machen Pomra, ou « [Montagne du] Grand Paon », réside sur la montagne enneigée d’Amnyé Machen, au Golok, au nord-est du Tibet. ↩
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C’est le titre d’un des deux cycles de termas révélés par Séra Khandro. Cette collection comprend des pratiques rituelles et liturgiques complètes, dont Le Rassemblement des Vidyādharas, de même que des pratiques centrées sur Vajrakīla, Vajravārāhī, Tārā, Yéshé Tsogyal et d’autres déités. ↩
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Le roi bouddhiste Aśoka (3e s. av. J.-C.) est dit avoir construit magiquement des milliers de stūpas en une nuit. Il n’est pas rare que des stūpas importants lui soient attribués. Ici, il s’agit peut-être d’une référence à un stūpa appelé Gömang Chorten (« le Stūpa aux nombreuses portes »), près du monastère de Bümoché, au Golok. ↩
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Dans sa longue autobiographie, Séra Khandro détaille les années de lutte et de misère qu’elle a passées aux côtés de Gara Gyalsé. Ils ont eu une fille (Yangchen Drönma), mais plus tard, Séra Khandro eut un garçon mort-né, tragédie qui lui attira des critiques considérables de la part de ses détracteurs parmi l’entourage de Gyalsé. Elle fut exclue de sa communauté, et ce, plus d’une fois, avant que Gara Gyalsé lui-même l’envoie finalement rejoindre Drimé Özer, lorsqu’elle avait 30 ans (alors qu’il avait pourtant donné bien des années plus tôt son accord pour qu’elle aille vivre à ses côtés). Fin vingtaine, Séra Khandro avait donné naissance à un autre fils (Rigdzin Gyurmé Dorjé), et elle voyagea à de nombreuses reprises avec ses deux enfants entre les campements nomades de Gara Gyalsé et Drimé Özer avant de s’installer avec ce dernier de façon permanente. ↩
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Pendant une bonne partie de sa vie, Séra Khandro a souffert d’arthrite, ou de goutte. Son état s’est empiré considérablement vers la fin vingtaine, et quand elle partit enfin s’établir au campement de Drimé Özer, elle ne pouvait marcher et devait être attachée sur son cheval. Quand elle arriva au camp, elle était à l’article de la mort. Les cérémonies de guérison menée par Drimé Özer et les pratiques qu’ils firent ensemble la ravivèrent et écartèrent cet obstacle qui mettait sa vie en danger. Dans sa longue autobiographie, elle décrit aussi une autre occasion où elle fut intensément malade : profondément chagriné, Drimé Özer pleura une larme qui tomba dans son oreille, se rendit jusqu’à son cœur et la raviva. ↩
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Ces textes font partie de ses cycles de termas. Des sections de sa longue autobiographie comprennent aussi des prophéties détaillées. ↩
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C’est-à-dire Drimé Özer. ↩
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Référence à Yéshé Tsogyal. ↩
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C’est le titre de la deuxième collection de termas révélés par Séra Khandro. ↩
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Il s’agirait de l’an 1918, alors que Séra Khandro avait 27 ans ; mais il est possible que la chronologie soit ici légèrement désordonnée. ↩
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Difficile d’identifier cette personne nommée « Parole » à qui l’on fait référence. Il s’agit clairement de quelqu’un qui aurait pu avoir une influence négative sur elle. ↩
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« Gojo » est le nom d’un ancien royaume du Kham, au Tibet oriental. ↩
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Drimé Özer est mort en 1924, à 44 ans. ↩
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Référence à Sötroul Rinpoché, supérieur du monastère de Séra (dont Séra Khandro a pris le nom) et l’un des plus proches disciples de Drimé Özer. ↩
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Référence au monastère d’Awo Séra, à Serta, dans l’est du Tibet. ↩
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Dudjom Lingpa et Drimé Özer. ↩
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Cela fait référence à la lignée de Séra Khandro et à celle de Drimé Özer. ↩
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Référence à Shérab Özer, un disciple et détenteur de la lignée mentionné dans le colophon de ce texte, dans la longue autobiographie de Séra Khandro, et dans les colophons de plusieurs de ses compositions liturgiques et pratiques méditatives. ↩
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Les rhinocéros mâles préfèrent vivre seuls. ↩
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L’Île de Chāmara est l’un des huit « sous-continents » de la cosmologie bouddhiste. ↩