La maison des traductions du bouddhisme tibétain
ISSN 2753-4812
ISSN 2753-4812

Commentaire de la prière pour appeler le guru lointain

English | Français | བོད་ཡིག

L’Ornement de la sagesse de Samantabhadra

Un commentaire sur Le chant spontané de la nature authentique : Une prière pour appeler le guru qui est au loin

par Tulkou Péma Rigtsal Rinpoché

Oṃ svasti !
Bien que ton esprit de sagesse ne s’écarte jamais de l’état du dharmakāya,
Tu guides les êtres avec une profusion d’émanations.
Ô Roi du Dharma, souverain des enseignements des kamas et termas,
Orgyen Drodül Lingpa[1], je te rends hommage et te place au-dessus de ma tête.

La quintessence de tous les tantras est la Grande Perfection.
Ces enseignements ne relèvent pas du domaine même des bodhisattvas sur les bhūmi,
Alors comment un homme ordinaire comme moi oserait-il prétendre les expliquer ?
D’un autre côté, quel mal y a-t-il à y voir une offrande aux enseignements et aux êtres ?

Dans les prophéties révélées par Orgyen Déchen Lingpa, on trouve ces précisions :

Dans le futur, à l’est du Mont Kailash, la montagne enneigée à neuf étages du Tibet,
Dans le domaine pur, secret et spontané de Vajravārāhī,
Une émanation de Drokben Lotsāwa naîtra dans une noble famille.
Il sera nommé Jñāna (« Sagesse primordiale ») et adoptera la conduite d’un tantrika.
Il s’habillera librement, se comportera comme un enfant, et sera doté de savoir et d’intelligence[2].
Il révélera de nouveaux trésors, ou bien il propagera les anciens.
Il mènera à la Glorieuse Montagne cuivrée tous ceux et celles qui tisseront un lien avec lui.

Comme l’indique et le célèbre cette prophétie, une émanation de Drokben Khyéouchoung Lotsāwa – régent du deuxième bouddha, le Né-du-Lotus – est apparue en ce monde. C’était un être miraculeux dont les prodiges d’érudition et d’accomplissement étaient inégalés dans les trois plans d’existence. Son nom – mon cœur se serre rien qu’à le prononcer, mais je le mentionne ici pour plus de clarté – était Kyabdjé Jikdral Yéshé Dordjé. Ce maître a composé une prière pour appeler le lama au loin intitulée Le Chant spontané de la nature authentique. C’est cette prière que je vais expliquer ici. Je diviserai le tout en trois sections : 1) le titre ; 2) le texte principal ; 3) le colophon.

I. Le titre

Le titre indique qu’il s’agit d’une prière [ou supplique] par laquelle on appelle [ou invoque] de loin l’esprit de sagesse du noble guru. C’est un chant d’expérience spirituelle qui fut entonné spontanément comme la résonance naturelle de la nature authentique dépourvue de fabrications.

II. Le texte principal

Nous procéderons en deux temps : a) la façon dont le guru ultime de la présence intrinsèque se manifeste sous l’aspect des trois kāya ; b) la pratique du chemin de la Grande Perfection, la présence éveillée vide et nue.

A. La façon dont le guru ultime de la présence intrinsèque se manifeste sous l’aspect des trois kāya

La prière commence par une supplique aux manifestations des kāya du guru ultime de la présence intrinsèque : 1) le dharmakāya-guru, primordialement pur et sans entraves ; 2) le saṃbhogakāya-guru de la nature lumineuse ; 3) le nirmāṇakāya-guru du déploiement spontané et compatissant.

1. Supplique adressée à la manifestation du dharmakāya-guru primordialement pur et sans entraves

L’essence immuable, condition naturelle dénuée d’élaborations,
Est primordialement pure et profondément lumineuse ; toi qui demeures dans le corps du vase de jouvence,
Yéshé Dordjé, dharmakāya-guru, prends soin de moi !
Inspire-moi à acquérir une immense confiance dans la vue[3].

L’essence ou l’état fondamental de l’intégralité de l’existence [conditionnée] et de la paix[4] est, par nature, primordialement pure. Cette essence n’est pas née de causes et de conditions. Par conséquent, elle est immuable. C’est la grande nature inconditionnée. Cette condition naturelle est libre ou dénuée de toute élaboration conceptuelle et de tous les extrêmes. La luminosité profonde, ou luminosité interne – l’éclat naturel de la sagesse primordialement pure –, demeure en tant que corps du vase de jouvence, au-delà de toute élaboration conceptuelle qui se rapporterait au visage, aux mains, aux accessoires. Ô ultime dharmakāya-guru, qui demeure en tant qu’essence immuable [Dordjé] et en tant que sagesse primordiale [Yéshé] née d’elle-même : prends soin de moi depuis la vastitude immaculée de ton esprit de sagesse !

Pour ce qui est de l’immense confiance dans la vaste vue du dharmakāya, l’état naturel, le Tantra du lever naturel de rigpa (Rigpa Rangshar) explique :

La vue du dharmakāya
N’est pas à voir dans l’avenir, a déjà été vue, et est vue parfaitement en ce moment même[5].

Ainsi, [on supplie :] « inspire-moi [ou bénis-moi] afin que j’acquière une confiance immense (ou constante) à cet égard – en l’ultime lignée de sagesse.

2. Supplique adressée à la manifestation du saṃbhogakāya-guru, la nature lumineuse

La nature incessante est l’assemblée des maṇḍala de l’union de la luminosité.
Toi qui résides dans le déploiement spontanément parfait des cinq certitudes,
Déchen Dordjé, saṃbhogakāya-guru, prends soin de moi !
Inspire-moi à parfaire l’immense pouvoir de la méditation !

L’éclat naturel de la véritable nature, le dharmakāya, est incessant [ou non entravé]. C’est le rassemblement, ou maṇḍala, de la luminosité ultime – l’union indivisible de la présence éveillée et de la vacuité – incréée et spontanément parfaite. Ce maṇḍala est réuni au complet et comprend les cinq certitudes [ou cinq perfections]. Le lieu parfait est le Palais Lumière de Lotus en Akaniṣṭha, l’ultime terre pure qui apparaît d’elle-même. Le temps parfait est l’intemporalité au-delà des trois temps, l’espace de l’égalité primordialement pure. En ce lieu et en ce temps résident le maître parfait, Padmasambhava, roi de la présence éveillée surgie d’elle-même, et sa suite parfaite, à savoir un rassemblement de vidyādhara-ḍāka et vidyādhara-ḍākinī qui ne sont autres que le maître lui-même. L’enseignement parfait est celui des 6 400 000 tantras de la Grande Perfection. Toi qui résides dans le déploiement spontanément parfait des cinq certitudes, saṃbhogakāya-guru de luminosité, Déchen Dordjé, prends soin de moi !

La méditation est ici la non-méditation, telle que l’explique le Tantra du lever naturel de rigpa :

La méditation du dharmakāya
Est vive, limpide et inébranlable[6].

Inspire-moi [ou bénis-moi] pour que je puisse parachever l’immense pouvoir de la méditation dans l’état continuel de la non-méditation, pour qu’en cette vie, la réalisation de la sagesse de la luminosité ultime – la clarté vide de la lignée symbolique des vidyādhara – soit parfaite en moi.

3. Supplique adressée à la manifestation du nirmāṇakāya-guru, l’expression naturelle et compatissante

La capacité compatissante, illimitée, est la sagesse libre des extrêmes.
Toi qui demeures dans l’essence de [l’union de] la vacuité et de la présence éveillée, omniprésente et dépouillée,
Drodül Lingpa, nirmāṇakāya-guru, prends soin de moi !
Inspire-moi à maîtriser et à faire progresser merveilleusement la conduite !

L’expression naturelle, ou capacité compatissante, du dharmakāya primordialement pur est vaste et omniprésente : elle imprègne jusqu’aux confins de l’espace. Elle ne tombe dans aucun extrême ; elle est au-delà de tout biais ou préjugé ; elle est dépourvue [ou vide] d’élaborations ; elle est libre de toute fixation à l’égard des quatre extrêmes. C’est la sagesse ultime, telle que la décrit le Guhyagarbha Tantra :

Au-delà de la singularité et de la multiplicité,
Elle n’a ni centre ni périphérie. Cette nature intrinsèque,
Que même les bouddhas ne peuvent voir,
Se manifeste sans point d’attache, sagesse née d’elle-même.

Toi qui demeures dans l’essence de [l’union de] la vacuité et de la présence éveillée, omniprésente et dépouillée, tu es le nirmāṇakāya-guru de la capacité compatissante, le Roi du Dharma des trois mondes, Dudjom Drodül Lingpa. J’appelle ton amour et ta compassion intenses : prends soin de moi !

Le merveilleux progrès de l’activité (ou grand développement de la conduite) est la discipline yogique de la présence éveillée libre d’attachement et de toute notion d’acceptation ou de rejet. Comme le dit la Tantra du lever naturel de rigpa :

La conduite du dharmakāya
Est sans entraves, sans saisie, sans attachement[7].

Inspire-moi [ou bénis-moi] afin que la sage réalisation du dharmakāya – l’indivisible rigpa-vacuité de la lignée orale des individus – puisse pénétrer mon continuum, afin que je maîtrise le grand développement de l’activité !

B. La pratique du chemin de la Grande Perfection, la présence éveillée vide et nue

Nous procéderons ici en quatre temps : 1) l’introduction de la Grande Perfection par la vue ; 2) le perfectionnement de la force de la reconnaissance par l’entraînement ; 3) la résolution par la conduite ; 4) le fruit, l’atteinte de la stabilité.

1. L’introduction de la Grande Perfection par la vue

Ce point comporte deux parties : 1.1) la présentation de la vue vaste et dégagée ; 1.2) une explication comme quoi, par la force de cette vue, on n’a pas besoin de s’en remettre à des voies qui requièrent des efforts.

1.1 Présentation de la vue vaste et dégagée

La base primordiale de la présence éveillée innée est sans mouvement ni changement.
Tout ce qui survient comme le jeu du dharmakāya n’est ni bon ni mauvais.
Puisque l’esprit à l’instant même est le véritable bouddha,
Je trouve dans mon cœur le guru de l’ouverture et du contentement.

Vous pensez peut-être que quand vous réaliserez que votre propre présence éveillée – la base primordiale – est libre d’obscurcissements, comme l’espace, vous atteindrez alors l’éveil, et que si vous ne le réalisez pas, vous vous égarerez dans le saṃsāra. Pourtant, ce n’est pas le cas. En fait, nul changement, nulle fluctuation, nulle condition ne peuvent changer le mode d’être des choses. Quand les apparences de la nature fondamentale surgissent de la base, elles sont comme des reflets apparaissant à la surface d’un miroir. De cette façon, quelles que soient les apparences [ou expériences] du saṃsāra ou du nirvāṇa qui peuvent faire surface, elles relèvent toutes du jeu, ou du potentiel, du dharmakāya. On aurait beau alors chercher des concepts positifs à adopter et des concepts négatifs à abandonner que l’on n’en trouverait aucun.

Comme l’a enseigné l’omniscient Jigmé Lingpa :

Bien que l’apparence des objets se manifeste sans cesse face à la présence éveillée, puisque cette dernière ne fusionne pas avec les objets, toute perception dualiste – le cœur du saṃsāra – est comme un dessin tracé sur l’eau. Les obscurcissements et leurs remèdes se libèrent d’eux-mêmes. Et donc, avec un sourire heureux, comme l’a dit Saraha, quand la présence éveillée ne s’égare pas dans les objets, il ne se produit nul attachement, nulle saisie, nulle notion de réfutation ou d’affirmation, et les liens du saṃsāra et du nirvāṇa se dénouent, comme l’a directement manifesté Padampa Sangyé.

L’esprit dans l’instant présent qui est la fraîcheur même ne peut être entaché par les défauts du saṃsāra ni coloré par les vertus du nirvāṇa. C’est le bouddha véritable [ou vivant]. Comme l’a dit l’omniscient Longchenpa :

Tout est excellent. Il n’y a rien qui ne soit excellent. Au-delà du bon et du mauvais, tout est uni dans l’excellence[8].

De cette façon, lorsqu’on laisse les apparences telles quelles, dans un état d’ouverture et de contentement, on n’a pas besoin de chercher ailleurs le dharmakāya-guru ; il se trouve dans notre propre cœur. Autrement dit, quand on laisse l’esprit dans une aise naturelle, dans un état dépourvu d’artifices, c’est là même que l’on trouve le dharmakāya-guru.

1.2 Une explication comme quoi, par la force de cette vue, on n’a pas besoin de s’en remettre à des voies qui requièrent des efforts

Par le pouvoir de cette vue libre et dégagée, il n’est pas besoin de s’en remettre à des voies qui requièrent des efforts. C’est l’une des caractéristiques spéciales de la Grande Perfection. Comme le dit la prière :

Quand je réalise que cet esprit authentique est la nature même du maître,
Nul besoin de prières teintées d’attachement et de saisie, ni de plaintes artificielles.

La nature intrinsèque de l’esprit authentique [ou inné] n’est pas entachée par la fixation dualiste. C’est là la nature même du guru-racine qui nous témoigne la triple bonté. Quand nous l’avons réalisé, nous n’avons plus besoin de prières teintées d’attachement et de saisie, ni de plaintes artificielles, qui sont toutes basées sur l’idée d’un maître existant indépendamment (l’objet, qui est en fait une création de l’esprit dualiste) et d’un être qui le supplie (le sujet) et qui existerait aussi réellement.

2. Le perfectionnement de la force de la reconnaissance par l’entraînement

Ce point s’articule en deux parties : 2.1) le repos dans un état libre d’objectif et d’activité mentale ; 2.2) le fait que l’éveil ne s’accomplisse pas à force de références conceptuelles.

2.1 Le repos dans un état libre d’objectif et d’activité mentale

En me relaxant dans la présence éveillée sans artifices – l’état naturel, libre et ouvert –,
Je reçois les bénédictions de l’autolibération sans dessein de tout ce qui survient.

Il ne suffit pas de reconnaître la vue libre et dégagée. Il nous faut parfaire la force de cette reconnaissance en nous y entraînant [autrement dit, en la cultivant]. Pour y parvenir, relaxez-vous dans l’instant même dans la présence éveillée dépourvue d’artifices, libre d’élaborations et de références conceptuelles, sans bloquer les portes de la conscience claire [ou cognition lucide]. Dans cet état, ne tentez ni d’abandonner ni de freiner les différents mouvements de l’esprit et les pensées qui prolifèrent. Simplement, laissez les choses être dans l’état naturel, libre et ouvert. Comme l’enseigne Rongzom Mahāpaṇḍita dans L’Entrée sur la voie du grand véhicule :

Puisque les défauts et qualités ne sont pas produits,
Tous les signes de conceptualisation, quels qu’ils soient,
Sont en eux-mêmes dépourvus d’artifices, non fabriqués, et lumineux –
Spontanés, sans entraves, non poursuivis, et naturellement apaisés[9].

Ainsi, quand la présence éveillée dépourvue d’entraves et d’objet est laissée sans objectif [ou sans dessein, ou sans point de mire conceptuel], toutes les pensées qui surviennent, qu’elles soient positives ou négatives et en lien avec l’une ou l’autre des six collections, sont libérées selon l’un des quatre grands modes de libération – la libération primordiale, la libération dépouillée, la libération complète et l’autolibération – dans le dharmadhātu, la nature omni-pénétrante semblable à l’espace. Telle est la bénédiction que reçoit le disciple fortuné.

2.2 L’éveil ne s’accomplit pas à force de références conceptuelles

L’état de bouddha ne s’atteint pas à force de dharmas fabriqués ;
La méditation analytique, simple construction mentale, est une ennemie sournoise.

Selon le véhicule ordinaire, les personnes de facultés inférieures qui entrent sur la voie du Mahāyāna doivent réunir de vastes accumulations de mérites (avec concepts) et de vastes accumulations de sagesse (sans concepts) pendant trente-sept ères incalculables. Les gens de capacité intermédiaire doivent procéder aux accumulations pendant sept ères incalculables, et ceux dont les facultés sont supérieures doivent s’y adonner pendant trois ères incalculables. À défaut, ils ne pourront jamais accéder à la bouddhéité. Selon l’approche [ou la voie] du véhicule extraordinaire des mantras, le pratiquant ou la pratiquante doit s’entraîner aux austérités du corps, de la parole et de l’esprit pendant seize, sept ou trois vies. Contrairement à ces approches usuelles qui demandent beaucoup d’efforts, l’approche des enseignements extraordinaires de la Grande Perfection est dénuée d’efforts. Elle nous permet de nous éveiller en une seule vie. Par comparaison, les approches inférieures requièrent tellement de temps qu’il semble pratiquement impossible d’atteindre l’état de bouddha.

Cela étant, dans le véhicule causal, la nature intrinsèque demeure un objet de spéculation [ou d’analyse mentale], alors que dans les tantras communs du véhicule résultant, les pratiquants s’imposent une [image de la nature intrinsèque] fabriquée intellectuellement par l’entremise des pratiques de génération et d’achèvement. Quand ces pratiquants se trouvent dans diverses circonstances – positives ou négatives – et se tournent vers ces remèdes, ceux-ci ne font pas le poids. Ces gens s’éloignent du fruit, la Grande Perfection sans effort, l’éveil surgi de lui-même. Ainsi, ces voies temporaires, qui laissent le pratiquant confus comme un enfant désorienté, constituent des ennemies sournoises.

3. La résolution par la conduite

Cette section comprend quatre parties : 3.1) la conduite du fol abandon qui survient quand on transperce les voiles trompeurs de l’espoir et de la peur ; 3.2) les qualités uniques de cette façon de pratiquer ; 3.3) les qualités uniques du grand maître tertön ; 3.4) les qualités uniques des enseignements de la Grande Perfection, l’Ati qui constitue le pinacle de tous les véhicules.

3.1. La conduite du fol abandon qui survient quand on transperce les voiles trompeurs de l’espoir et de la peur

Désormais, le fol abandon fait s’effondrer mes modes d’appréhension.
Puissé-je vivre ma vie dans cet état de repos, dépouillé et libre d’inhibitions.

Quand on voit directement le vrai visage du dharmakāya, l’authentique état lumineux qui est libre de références et au-delà de toute projection et dissolution mentale, alors, tout attachement aux styles et aux manières [les modes d’appréhension] impliquant un sujet et un objet s’effondre [ou est détruit] sur place. Comme l’expliquent les enseignements : au début, les pensées sont libérées quand on les reconnaît, comme lorsque l’on croise une vieille connaissance. Plus tard, les pensées se libèrent d’elles-mêmes, naturellement, comme un serpent qui se dénoue. Enfin, les pensées sont libérées sans bienfait ni méfait, comme lorsqu’un voleur entre dans une maison vide. Une fois compris ce point crucial concernant la dissolution de la saisie, alors, quelles que soient les pensées qui se manifestent – qu’elles soient positives ou négatives –, il n’est nul besoin de les éliminer ou d’y remédier. Il suffit de reposer dans la relaxation naturelle pour que les pensées se purifient dans le dharmakāya.

S’il était nécessaire d’appliquer un remède sur mesure pour chaque pensée, il serait impossible de parvenir à un point où toutes les pensées seraient éliminées, puisque les pensées sont infinies. Comme l’enseigne Rongzom Mahāpaṇḍita dans L’Entrée sur la voie du grand véhicule :

Imaginons qu’un père de famille soit tué par un morceau de bois. Son fils pourrait éprouver de la colère envers le morceau de bois en question. Or, si l’enfant ressent de la haine pour un deuxième puis un troisième morceau de bois [parce qu’ils lui rappellent celui qui a tué son père], peut-on dire que ces [nouveaux] cas de colère font tous partie d’une même entité ? Ou devrait-on plutôt considérer que chaque occurrence de colère [envers une pièce de bois ou une autre] est un phénomène distinct ?

Si on affirme que tous les épisodes de colère relèvent d’une entité unique – une seule colère, pour ainsi dire –, on pourrait s’attendre à ce que le fait de brûler la pièce de bois fasse partir en fumée toutes les autres occurrences de colère. Mais ce n’est pas le cas. [D’un autre côté,] si toutes les occurrences étaient distinctes, on n’aurait pas assez d’un kalpa pour les énumérer ; et même en supposant qu’on puisse les éliminer une par une, la simple accumulation des éliminations ne nous ferait pas parvenir à une fin définitive[10].

Pour le pratiquant dont la saisie s’est effondrée, il n’y a pas même une miette d’existence véritable, où que ce soit dans le saṃsāra ou dans le nirvāṇa. Tout est présence éveillée et son déploiement naturel – comme les divers reflets qui apparaissent sans contrainte à la surface d’un miroir. Peu importe ce qui apparaît, cela ne s’écarte jamais de l’essence de la dimension fondamentale, la base de l’être qui est dépourvue de coins et de pourtour et libre d’élaborations. S’épuise alors la polarité dualiste selon laquelle le saṃsāra serait négatif et le nirvāṇa, positif. Ainsi, dans l’état naturel de la Grande Perfection, il n’y a pas de concentration conceptuelle sur un point clé ou un autre, ni rien qui existe de façon indépendante. D’où le fol abandon, qui est affranchissement de la saisie. Comme l’a dit Dudjom Rinpoché :

Je suis libéré des espoirs de bonheur que nourrit le sot,
Et libéré de la peur de perdre la face qui ligote l’érudit.
Moi, l’excentrique affranchi de l’espoir et de la crainte,
Je vais partager ces instructions libres des « oui » et des « non ».

Et comme l’a dit le seigneur Milarépa :

Certains me prennent pour un fou.
Je suppose que je le suis, au fond !
Cette folie est une affaire de famille :
Le père est fou, le fils est fou,
La lignée tout entière est folle…
Folle est la descendance de Vajradhāra !

Ces mots émanent de l’expérience et de la réalisation directe de la Grande Perfection. Un tel pratiquant reconnaît que toutes les paroles sont des sons vides, non nés, incréés, non fabriqués. Il s’ensuit que le pratiquant fait alors l’expérience de tous les mots comme autant d’échos de paroles insensées, et que sa fixation sur les distinctions du genre « élevé ou non », « pur et impur », s’en trouve purifiée. De ce fait, l’espoir et la crainte s’estompent, et la parole, affranchie des inhibitions, coule librement. L’esprit se dilate dans l’état continu de présence éveillée libre de références, pendant que le corps, purifié, devient la forme de sagesse – non fabriquée, claire et pourtant vide – de la déité. Alors, le pratiquant n’est plus tourmenté par le sentiment d’importance du soi qui le ferait normalement se soucier d’améliorer et de maintenir son apparence ; il demeure plutôt dans un repos dépouillé tel qu’il pourrait s’allonger tout nu, joyeusement et sans gêne, au beau milieu d’une foule. Dans la vacuité nue des apparences, des sons et de la présence éveillée, il vit sa vie (ou passe son temps) comme il lui plaît.

3.2. Les qualités uniques de cette façon de pratiquer

Joyeux dans tout ce qu’il entreprend, le yogi de la Grande Perfection !
Heureux en toute compagnie, l’héritier de la lignée de Padmākara !

Le yogi qui s’immerge dans cet état sans aucune fluctuation ou distinction entre l’équilibre méditatif et l’après-méditation est dans toutes ses actions comme une boule de mercure qui tombe au sol. Quelles que soient ses actions du corps, de la parole ou de l’esprit, et peu importe comment il apparaît ou comment il se comporte – que ce soit en accord ou non avec les perceptions des êtres ordinaires –, un tel yogi demeure indemne des défauts du saṃsāra (la saisie dualiste). Il est alors totalement joyeux, ravi, plein d’entrain.

De tels yogin et yoginī de la Grande Perfection sont heureux en toute compagnie. Et peu importe avec qui ils se trouvent, leurs actions ne déplaisent jamais à autrui, puisqu’ils maîtrisent la capacité d’influencer les perceptions des autres. Ils orientent naturellement l’esprit des autres vers le Dharma. Ceux qui tissent des liens positifs avec eux sont bénis et peuvent atteindre l’éveil en une seule vie ; ceux qui établissent une connexion négative avec eux sont bénis et peuvent graduellement mettre fin à leur expérience du saṃsāra. Telles sont les capacités de ces yogin et yoginī. En tout temps et en toutes circonstances, ces gens sont heureux, c’est-à-dire imprégnés non pas d’une félicité conceptuelle, mais de la grande félicité sacrée, immuable et perpétuelle. Ce sont là les qualités uniques des enfants de la lignée de Padmākara, le second bouddha Padmasambhava, le maître qui est aussi le père de centaines de siddha dotés des bénédictions spéciales des lignées orale, symbolique et spirituelle de l’Ati, ou Grande Perfection.

3.3. Les qualités uniques du grand maître tertön

Ô seigneur inégalé, grand maître révélateur de trésors spirituels,
Dharma sans pareil, essence du cœur des ḍākinī !

Ces vers font référence à Kyabjdé Jikdral Yéshé Dordjé – roi du Dharma dans les trois mondes, émanation du grand tertön Dudjom Lingpa, couronne de tous les érudits et siddha du Tibet, et souverain des premières traductions (kamas et termas). Comme il est dit dans le Tantra de l’union du soleil et de la lune :

Si l’on n’en raconte pas l’histoire,
Les gens n’auront pas confiance
Dans cet enseignement définitif et suprêmement secret[11]

Je vais donc expliquer la lignée de ce maître, le grand lama tertön. La transmission passant du dharmakāya Samantabhadra à Vajrasattva, ou Vajrapāṇi, est la lignée de sagesse des vainqueurs. La transmission allant de Garab Dordjé jusqu’au grand maître Padmasambhava est la lignée symbolique des vidyādhara. La transmission passant de Padmasambhava au trio formé par le Roi, le Sujet et l’Amie [Trisong Détsen, Vairotsana et la ḍākinī Yéshé Tsogyal], jusqu’à notre propre maître-racine – le chef de tous les maṇḍala et de toutes les familles de bouddhas, Kyabdjé Dudjom Jikdral Yéshé Dordjé – constitue la lignée orale des individus. Ce sont les trois lignées [ou lignes de transmissions]. De plus, il y a trois lignées relatives aux enseignements des termas [ou trésors spirituels] : la lignée de transmission prophétique, la lignée de l’initiation par l’aspiration, et la lignée confiée sous le sceau des ḍākinī. La transmission sacrée de ces six lignées fut conférée au maître tertön non par des humains mais par des ḍākinī qui brisèrent le sceau des instructions et l’accueillirent à bras ouverts en lui transmettant les enseignements oralement. En tant que telle, la lignée est encore chaude du souffle des ḍākinī, et on ne peut la décrire par des mots ou l’appréhender par l’esprit conceptuel. Les bénédictions de cette lignée courte surpassent celles d’autres lignées. Telles sont ses qualités uniques.

Dans la lignée des deux grands lamas tertöns [le premier, Dudjom Lingpa et le second, Dudjom Jikdral Yéshé Dordjé Rinpoché], il y a des témoignages très connus de disciples qui, au cours même de leur vie, par les voies du trekchö (« la coupure nette ») et du thögal (« le franchissement direct ») ont atteint le lumineux corps d’arc-en-ciel, et dont le corps s’est dissout en atomes. Plusieurs autres ont manifesté des signes extraordinaires d’accomplissement spirituel au moment de leur mort : des arcs-en-ciel et des faisceaux lumineux, des reliques et restes précieux, et toutes sortes de miracles impressionnants. De nombreux signes de ce genre – qui dépassent l’entendement des êtres ordinaires – se sont manifestés par le passé et continuent de se déployer chez les pratiquants d’aujourd’hui. Ce sont des signes authentiques et indiscutables que la personne a atteint le fruit de l’accomplissement.

Le maître dont il est ici question, Orgyen Drodül Lingpa, le protecteur des trois mondes, possède des qualités d’élimination et de réalisation inégalées même par les bodhisattvas des dix bhūmi. Il a surmonté les plus subtiles tendances habituelles se rapportant aux apparences dualistes, et il s’est pleinement éveillé dans l’épuisement transcendant et primordialement pur des phénomènes. Comme Dudjom Rinpoché lui-même l’a dit :

Auparavant, le vidyādhara Vajra puissant (Nüden Dordjé),
Dans l’avenir, le sugata Aspirations infinies (Möpa Thayé),
À présent, le régent de Padmākara, Drokben Lotsāwa lui-même –
Je t’adresse ma prière, Jikdral Yéshé Dordjé !

Non seulement est-il le bouddha du passé, du présent et de l’avenir, il est aussi le régent de Padmākara à notre époque, le maître Drokben Khyéouchoung Lotsāwa incarné, le grand tertön et roi du Dharma, l’insurpassable maître de l’intégralité du saṃsāra et du nirvāṇa.

3.4. Les qualités uniques des enseignements de la Grande Perfection, l’Ati qui représente le pinacle de tous les véhicules

Dharma sans pareil, essence du cœur des ḍākinī !

Ce Dharma – l’instruction secrète insurpassable – relève des trois cycles des enseignements de la Grande Perfection [la série de l’esprit, la série de l’espace et la série des préceptes]. Il est sans pareil, c’est-à-dire inégalé. Comme l’enseigne Longchenpa dans Le Trésor précieux du Dharmadhatū (ou Précieux trésor de l’espace fondamental du réel) :

Une fois atteint le sommet d’une montagne majestueuse,
On peut voir d’un coup les vallées tout en bas ;
D’en bas, on ne peut s’imaginer comment c’est, au sommet.
De même, l’Ati, l’essence adamantine du cœur,
Est la suprême approche spirituelle et voit ce qui est pertinent dans toutes les autres,
Alors que les approches inférieures ne peuvent en percevoir le sens ultime.
Par conséquent, c’est le pinacle, l’expérience ultime, laquelle est spontanément présente[12].

Ce pinacle de tous les véhicules – l’essence du cœur des ḍākinī de sagesse – est la plus profonde des instructions. Elle provient des profondeurs tourbillonnantes du nœud éternel dans le cœur de sagesse des ḍākinī, l’état suprême, immuable, éternel et omni-pénétrant.

4. Le fruit : l’atteinte de la stabilité

Cette section se divise en deux : 4.1.) la découverte de l’état de bouddha – le suprême épuisement transcendantal des phénomènes – en soi-même ; 4.2) le rappel de la bonté du maître qui partage avec nous ces instructions essentielles de la Grande Perfection.

4.1. La découverte de l’état de bouddha – le suprême épuisement transcendantal des phénomènes – en soi-même

Ayant naturellement purifié la grande illusion – les ténèbres du cœur –
La lumière radieuse du soleil sans nuages rayonne continuellement.
Cette chance inouïe…

Les obscurcissements affectifs et cognitifs naissent de la grande illusion – c’est-à-dire qu’ils ont pour cause l’ignorance – et polluent le cœur, c’est-à-dire qu’ils drapent l’esprit dans les ténèbres. Cette obscurité est naturellement dissipée ou purifiée par la présence éveillée – la luminosité inconditionnée, profonde, paisible et libre d’élaborations – de sorte que le soleil sans nuages, ou la réalisation de la lumière [ou luminosité] radieuse, rayonne continuellement tout au long du jour et de la nuit, cependant que l’équilibre méditatif et l’après-méditation deviennent indiscernables. Le corps se dissout en atomes, l’esprit se dissout dans la nature intrinsèque, et au cours de cette vie même, on s’éveille à l’état suprême, l’épuisement des phénomènes et de l’esprit. Il est dit :

Le pratiquant qui a brisé le sceau est comme le soleil matinal.
C’est l’apparence du dharmakāya. Quelle merveille !

Ainsi, ceux et celles qui croisent ce chemin ont une chance inouïe – une bonne fortune proprement exceptionnelle. Ils possèdent les deux types de mérites en abondance.

4.2. Le rappel de la bonté du maître qui partage avec nous ces instructions essentielles de la Grande Perfection

… vient de la bonté du maître – mon seul père, ma seule mère.
Ô maître, comment te rendre pareille bonté ? J’oriente tout mon esprit vers toi !

Cette bonne fortune, l’atteinte du chemin rapide de la Grande Perfection, est possible uniquement grâce à la bonté du glorieux maître dont les qualités d’élimination et de réalisation sont indissociables du père unique, le dharmakāya Samantabhadra. En effet, le maître nous a témoigné une bienveillance inégalée en prenant soin de nous dans sa compassion. Voudrait-on essayer de nous en acquitter en nous démenant physiquement, vocalement et mentalement jusqu’à la fin du kalpa, lui présentant dévotement des offrandes matérielles et imaginées équivalant à l’intégralité du trichiliocosme, et ainsi de suite, qu’on ne couvrirait qu’une fraction de cette bonté. Disons-le simplement : on ne peut rendre pareille bonté. De plus, comme l’a enseigné l’omniscient Bötrul :

Étudier et pratiquer sans fin – ce n’est pas ainsi qu’on mesure la réalisation.
La personne fortunée qui réalise directement le sens en est ravie.
Ô, vidyādhara de la lignée des anciennes traductions, je pense à votre bonté.
Ô, maître glorieux et bienveillant, ta compassion ne connaît pas de limites !

Grand lama tertön, notre guide qui possède une telle bienveillance, qui ébranle le saṃsāra jusque dans ses tréfonds, qui est le régent du deuxième bouddha, le maître de l’Uḍḍiyāna : je me souviens de toi, et de toi seul, dans l’état de la présence éveillée authentique et non fabriquée.

III. Le colophon

Jikdral Yéshé Dordjé a offert ce bavardage délirant pour répondre à la requête de son plus proche disciple adamantin, le tulkou Jigmé Chöying Norbou Dön Tamché Droubpé Dé. Que la vertu abonde !

[Pour ma part :]
J’ai écrit ce commentaire en étant motivé non pas par une requête,
Mais par mon propre intérêt envers cette prière merveilleuse que j’admire tant.
Quelles que soient les erreurs qui puissent s’y trouver, je les confesse
Dans la vastitude de la pureté primordiale, au-delà des élaborations.

Si la chance veut qu’elle contienne une lueur de mérite, telle une étoile en plein jour,
Ce n’est dû qu’à la bonté du glorieux maître inégalé.
Puisse la vertu engendrée par cette composition contribuer à la diffusion de l’enseignement du Bouddha
Et à la libération de tous les êtres dans la base primordiale !

Tulkou Péma Rigtsal, aussi appelé Jikmé Péma Künzang Namgyal – le plus modeste des disciples du grand lama tertön –, a écrit ce texte lors de pauses entre des séances de pratique, en se sentant profondément inspiré par cet enseignement d’Uḍḍiyāna (Kyabdjé Jikdral Yéshé Dordjé). Maṅgalam !


| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise de Laura Swan (2023, faite à la requête de Tulkou Péma Rigtsal Rinpoché), qui remercie Daniel Dordjé et laisse son adresse au bas de sa traduction pour les commentaires. Les segments entre crochets ont été ajoutés pour plus de clarté. Les mots en gras sont puisés à même le texte-racine par le commentateur. Le traducteur francophone remercie Ane Samten Palmo pour sa relecture et ses suggestions.

© 2023 Pema Riksal Lama (Péma Rigtsal Rinpoché). Reproduit sur Lotsawa House avec sa permission.


Bibliographie

Texte-racine

Dudjom Rinpoché, Le Chant spontané de la nature authentique : Une prière pour appeler le guru qui est au loin, traduction de Vincent Thibault sur la base de la traduction d’Adam Pearcey (Lotsawa House, 2024).

Sources complémentaires (en anglais)

The Self-Arisen Vidya Tantra, traduit par Acarya Malcolm Smith (Somerville: Wisdom Publications, 2018).

Longchen Rabjam, The Precious Treasury of the Basic Space of Phenomena (Junction City: Padma Publishing, 2001).

Rongzom Chökyi Zangpo, Entering the Way of the Great Vehicle, traduit et présenté par Dominic Sur, (Boulder : Shambhala Publications, 2017).

Sources complémentaires (en français)

Cornu, Philippe, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme (Paris : Seuil, 2001).

Cornu, Philippe et Bressollette, Louise, Manuel de bouddhisme – Philosophie, pratique et histoire, tome III : Le bouddhisme Vajrayāna (Éditions Rangdröl, 2019).

Patrul Rinpoché, Le Chemin de la Grande Perfection, traduit par le Comité de traduction Padmakara, deuxième édition (Plazac : Padmakara, 1997).


Version : 1.2-20240903



  1. Orgyen Drodül Lingpa est le nom que Dudjom Rinpoché, Jikdral Yéshé Dordjé, utilisait quand il révélait des trésors spirituels.  ↩

  2. shes rab en tibétain, ou prajñā en sanskrit, traduit ici par « savoir et intelligence ».  ↩

  3. Le texte-racine, Le Chant spontané de la nature authentique, traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2018), qui avait lui-même consulté une version antérieure, est disponible sur le site : https://www.lotsawahouse.org/fr/tibetan-masters/dudjom-rinpoche/calling-the-guru-from-afar.  ↩

  4. L’expression tibétaine srid zhi, littéralement « l’existence [conditionnée] et la paix », se réfère respectivement au saṃsāra et au nirvāṇa.  ↩

  5. Pour une traduction anglaise de ce tantra, voir The Self-Arisen Vidya Tantra dans la bibliographie. Pour le titre français, nous nous sommes inspirés d’une mention dans le Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme de Philippe Cornu (article « Sangwa Nyingthik »).  ↩

  6. Ibid.  ↩

  7. Ibid.  ↩

  8. « Excellent » rend ici « Samantabhadra », le bouddha primordial.  ↩

  9. Voir Rongzom Chökyi Zangpo, Entering the Way of the Great Vehicle.  ↩

  10. Ibid.  ↩

  11. Traduction partiellement inspirée de celle qu’on trouve dans Patrul Rinpoché, Le Chemin de la Grande Perfection, p. 403.  ↩

  12. Voir Longchen Rabjam, The Precious Treasury of the Basic Space of Phenomena, p. 53.  ↩

Pema Rigtsal Rinpoche

Dudjom Rinpoché

Plus d'infos:

Profils auteur sur BDRC: P3JM117 P736

Télécharger ce texte:

EPUB  PDF 
Ce site utilise des cookies pour collecter des statistiques anonymes et améliorer l'expérience.
Decline
Accept