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ISSN 2753-4812
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Bodhicaryāvatāra — Chapitre 3

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Bodhicaryâvatâra

S'engager dans la pratique des bodhisattvas

Chapitre III - Adopter la bodhicitta

par Shantideva

  1. Je célèbre avec joie tous les actes vertueux
    Qui allègent les peines des royaumes inférieurs,
    Et je me réjouis aussi quand ceux qui souffrent
    Trouvent le bonheur.

  2. Je me réjouis de l’accumulation de vertus
    Qui est la cause de l’Éveil,
    Et de la libération définitive
    Des êtres des peines du samsâra.

  3. L’Éveil des bouddhas m’emplit de joie
    Ainsi que les bhûmi atteints par les bodhisattvas.

  4. L’allégresse me saisit à l’évocation de cet océan de vertus
    Qu’est la noble intention de la bodhicitta,
    Dont le but est d’obtenir le bonheur pour tous les êtres
    Et dont l’activité est, pour tous, bénéfique.

  5. Je joins maintenant les mains et vous prie,
    Bouddhas de toutes les directions,
    De faire briller la lampe du Dharma sur nous
    Qui souffrons dans l’obscurité de la confusion.

  6. Les mains jointes sur le cœur,
    J’enjoins tous les bouddhas aspirant au nirvâna
    De ne pas nous abandonner aveugles et seuls,
    Mais de demeurer parmi nous pour d’innombrables kalpas.

  7. Grâce à toutes les vertus
    Que j’ai ainsi accumulées,
    Puissé-je être pour tous les êtres
    Celui qui calme la douleur.

  8. Puissé-je être médecin et remède,
    Puissé-je être celui qui soigne
    Jusqu’à la guérison complète
    Tous ceux qui souffrent en ce monde.

  9. Faisant tomber en pluis mets et boissons,
    Puissé-je éliminer la faim et la soif,
    Et dans les temps de pénurie et de famine,
    Puissé-je devenir moi-même nourriture et boisson.

  10. Pour tous ceux qui sont pauvres et démunis,
    Puissé-je être un trésor aux ressources inépuisables,
    La source de tout ce dont ils ont besoin,
    À portée de main et toujours accessible.

  11. Mon propre corps et toutes mes possessions,
    Mes mérites passés, présents et futurs,
    Je les dédie en totalité, n’en retenant aucun,
    Pour le bienfait des êtres.

  12. C’est en lâchant prise de tout que j’atteindrai le nirvana,
    Cet état qui transcende la souffrance ;
    Puisque tout doit, un jour, être abandonné,
    Il vaut mieux que, dès maintenant, je le distribue.

  13. J’ai maintenant renoncé à mon corps,
    Et l’ai donné pour le bien de tout ce qui vit.
    Qu’ils le tuent, le battent et le maltraitent,
    Qu’ils en fassent ce que bon leur semble.

  14. Et s’ils le traitent comme leur jouet,
    S’ils le tournent en objet de ridicule et de moquerie,
    Puisque je leur en ai fait don,
    Pourquoi en prendrai-je ombrage ?

  15. Qu’ils fassent de moi ce qu’ils veulent :
    Tout, hormis ce qui leur causerait tort.
    Et puisse cela servir d’enseignement
    À quiconque en serait le témoin.

  16. Si, juste en me voyant, d’autres sont inspirés
    De pensées de colère ou de dévotion,
    Puissent ces pensées éternellement
    Servir à combler leurs désirs.

  17. Puissent ceux qui m’insultent ouvertement,
    Ceux qui me nuisent autrement,
    Même ceux qui me rabaissent en secret,
    Trouver le bonheur de l’Éveil.

  18. Puissé-je être le protecteur des abandonnés,
    Le guide de ceux qui cheminent,
    Et pour ceux qui aspirent à l’autre rive,
    Etre une barque, un pont, un gué.

  19. Puissé-je être une île à qui souhaite toucher terre,
    Une lampe à qui cherche la lumière,
    Un lit pour qui désire le repos,
    Un serviteur pour qui vit dans le besoin.

  20. Puissé-je être un joyau qui exauce les souhaits, un vase merveilleux,
    Un puissant mantra ou un remède infaillible ;
    Puissé-je devenir cet arbre miraculeux qui comble les vœux,
    Une vache d’abondance, nourrice du monde.

  21. De même que l’espace,
    La terre et les éléments,
    Puissé-je toujours soutenir la vie
    Des êtres en nombre illimité.

  22. Et tant qu’elles ne seront pas libérées de la souffrance,
    Puissé-je aussi être source de vie
    Pour les créatures innombrables
    Qui peuplent l’espace infini.

  23. Tout comme les sugata des temps passés
    Ont réalisé la bodhicitta
    Et se sont établis progressivement
    Dans l’entraînement d’un bodhisattva,

  24. De même, pour le bien des êtres,
    J’éveillerai la bodhicitta
    Et m’entraînerai moi aussi
    Graduellement dans ces disciplines.

  25. Ainsi, tous ceux dont l'esprit est avisé,
    Et qui ont adopté la bodhicitta avec joie,
    Pourront, afin de la développer davantage,
    En faire l'éloge de la manière qui suit :

  26. Aujourd’hui, ma naissance est devenue fructueuse ;
    J’ai bien obtenu une existence humaine.
    Aujourd’hui, je nais dans la famille du Bouddha,
    Je suis maintenant un fils (une fille) de Bouddha.

  27. Désormais, j’accomplirai
    Les actions dignes de ma famille,
    Je ne ferai pas tache
    Dans cette noble famille sans défauts.

  28. Comme un aveugle
    Qui trouve un joyau dans un tas d’ordures,
    Ainsi s’est levée en moi,
    Par quelque coïncidence heureuse, la bodhicitta.

  29. C’est l’élixir suprême
    Qui abolit la souveraineté de la mort,
    Le trésor inépuisable
    Qui élimine la misère du monde,

  30. Le remède incomparable
    Qui guérit les maladies du monde,
    L’arbre qui abrite tous les êtres
    Las d’errer sur les chemins de l’existence conditionnée,

  31. Le pont universel
    Qui mène à la libération des existences douloureuses,
    La lune de l’esprit qui se lève
    Et apaise la brûlure des passions du monde,

  32. Le grand soleil qui finalement dissipe
    Les brumes de l’ignorance du monde,
    Le beurre le plus fin, baratté à partir
    Du lait du Dharma sacré.

  33. Aux êtres qui errent sur les chemins de l’existence
    Et cherchent à en goûter les joies,
    Elle offre le bonheur le plus élevé,
    Satisfaisant ces éternels vagabonds.

  34. Aujourd’hui en présence de tous les protecteurs,
    Je convie tous les êtres à l’état de sugata
    Et, en attendant, au bonheur.
    Que les dieux, les asura et tous les autres se réjouissent !

| Traduit en anglais par Adam Pearcey, 2007.
| Traduit en français sur la base de l'anglais et du tibétain par Christian Magis, 2007.

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