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ISSN 2753-4812
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Les quatre samayas extraordinaires du Dzogchen

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Les quatre samayas extraordinaires de la Grande Perfection[1]

par Tsoultrim Zangpo

Quatre modes de respect des samayas permettent de demeurer dans l’essence de la sagesse de la Grande Perfection. Les voici :

1. L’absence d’existence

Le samaya naturel apparu de lui-même, l’essence primordialement pure de la présence éveillée au-delà de toute élaboration, est appelé « samaya de l’absence d’existence » parce qu’il ne contient rien qui doive être maintenu. Ce samaya, dans le cadre duquel il n’y a donc rien à préserver, implique de rester simplement dans la grande sagesse naturelle de la Grande Perfection spontanément présente. Il n’y a rien de plus à faire ; reposez simplement sans jamais vous écarter de l’ainsité dans laquelle il n’y a nulle limite entre observation et transgression.

2. L’égalité [2]

Le samaya de l’égalité consiste à transcender les phénomènes conditionnés et à se déposer dans leur véritable nature, sans entretenir la moindre fixation qui puisse l’altérer. Laissez simplement les cinq consciences sensorielles reposer dans la réalisation de l’ainsité dépourvue de toute emprise sur quelque objet que ce soit, intérieur ou extérieur.

3. La présence spontanée

Le samaya de la présence spontanée consiste [à demeurer dans] la qualité de cognition, l’éclat ouvert de l’ainsité, qui est essentiellement non existante et primordialement pure, et dans laquelle la profusion des qualités est naturellement et spontanément présente (leur présence ne dépend donc pas de la pratique des quatre visions).

4. L’unicité

Le samaya de l’unicité consiste à demeurer dans la sagesse unique, qui repose en tant que luminosité naturelle et inexprimable par des mots. Ici, tous les concepts d’assertion et de négation, incluant les idées et jugements concernant les vœux et engagements, le fait que les choses soient réelles ou non, ou qu’elles se produisent et cessent, et tout attachement à la réalisation ou au manque de réalisation, ne font tous qu’un au sein de l’unique ainsité. Tout est un dans la nature que l’on ne voit pas en regardant.


De plus, reposer dans la sagesse primordiale de la vacuité qui, en essence, est au-delà de toute élaboration conceptuelle concernant un sujet ou un objet ou une existence véritable, c’est le samaya de l’absence d’existence.

Tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa sont l’expression et le jeu de la sagesse primordiale – ils se manifestent individuellement à partir d’une même source. Rien ne s’écarte de la vastitude de cette présence éveillée. Reconnaître que tout est parfait au sein de cette unique base, c’est le samaya de l’unicité.

La présence éveillée primordiale repose en tant qu’égalité naturelle, sa nature étant dépourvue de fluctuation, de changement ou de fragmentation en concepts tels que bon, mauvais, heureux, malheureux, espoir, doute, et ainsi de suite – c’est une égalité qui englobe tout. Demeurer dans une telle ouverture vaste et spacieuse constitue le samaya de l’égalité.

Tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa se manifestent individuellement à partir de la présence éveillée, qu’on le réalise ou non. La présence éveillée en tant que telle est la base naturelle à partir de laquelle se manifestent tout ce qui est positif et tout ce qui est négatif. Demeurer dans cette reconnaissance, c’est le samaya de la présence spontanée.

Le dénommé Tsoul a écrit ceci à la main dans la perspective d’un léger mouvement issu de la base primordiale.


| Traduit en français par Vincent Thibault (2025) sur la base de la traduction anglaise de Sean Price (2021).


Bibliographie

Édition tibétaine

Tshul khrims bzang po. "rdzogs pa chen po'i ye shes kyi ngo bo'i bzhugs tshul la dam tshig gi chings kyis bcing tshul bzhi/." In gsung 'bum/_tshul khrims bzang po/. BDRC W1PD26799. 6: 487–488. [s.l.]: [s.n.], [n.d.].

Ressources secondaires en français

Cornu, Philippe, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Paris : Éditions du Seuil, 2001, article « Samaya ».

Cornu, Philippe et Bressollette, Louise, Manuel de bouddhisme – Philosophie, pratique et histoire, tome III : Le bouddhisme Vajrayāna, Éditions Rangdröl, 2019, pp. 253–254.


Version: 1.0-20250127



  1. Le texte original tibétain ne comporte pas de titre ; celui-ci fut ajouté par l’éditeur.  ↩

  2. Une autre traduction de phyal ba, retenue par Philippe Cornu, est « ouverture ». Voir les références.  ↩

Tsoultrim Zangpo

Tulku Tsoultrim Zangpo

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