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ISSN 2753-4812
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En pensant à ma mère

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En pensant à ma mère

par Shabkar Tsokdrouk Rangdrol

Écoute bien, Tsokdrouk Rangdrol !

Tu dis que ta mère, qui en cette vie
T’as porté dans son ventre, a fait preuve de bonté.
Mais pourquoi alors ne pas penser une seconde
À la bienveillance des autres êtres qui t’ont aidé –
Tes parents dans d’innombrables vies antérieures ?

À présent, tes anciennes mères souffrent intensément
Du froid, de la chaleur, de la faim, de la soif, de la servitude…
Elles sont malades, blessées, démunies.
Comment pourrais-tu toutes les oublier ?

Tous les êtres ont été tes mères bienveillantes ;
Et s’il est vrai, comme le Bouddha lui-même l’a dit,
Qu’il n’y a pas de différence entre ta mère actuelle
Et celles de tes vies antérieures,
Pourquoi t’entêtes-tu à faire la distinction
Entre la mère d’une vie ou d’une autre ?
À quoi peut bien servir une telle discrimination ?
Réfléchis-y attentivement !

Négliger toutes tes mères du passé
Pour ne penser qu’à une seule est une forme d’attachement.
Alors, ne pense pas que tu as vraiment cultivé la compassion !
Tant que perdurent la partialité et l’attachement,
Il ne peut y avoir de libération du saṃsāra.
Tant que tu éprouves de l’attachement,
Ne prétends pas avoir renoncé aux affaires de cette vie !

Si ton maître, les bouddhas et leurs héritiers te voyaient
Oublier tous ces êtres qui ont été ta mère dans le passé,
Tout en pleurant à la pensée de ta vieille mère du moment,
Ne serait-ce pas une source d’embarras ?

Considère la bienveillance de tes mères antérieures !
Si tu en viens à pleurer en contemplant leurs tourments,
Le maître, les bouddhas et leurs héritiers se réjouiront tous.

Donc, de la même façon que tu penses à ta mère actuelle,
Contemple les souffrances et difficultés éprouvées
Par tous ces êtres malheureux qui furent tes mères,
Et pleure encore et encore en pensant à leur sort.

Tout comme tu ressens de l’amour pour ta mère en cette vie,
Génère de l’amour pour tous les êtres, tes mères du passé,
Et engendre également la compassion et la bodhicitta.
Tu intégreras ainsi les rangs du Mahāyāna.

Encore et encore, rappelle-toi toute la bonté
Des êtres des six classes, tes propres parents aimants.
Si tu te soucies d’eux comme de ta mère en cette vie,
Ils t’aimeront aussi, comme leur propre enfant.

Tsokdrouk Rangdrol s’est adressé à lui-même ces mots à un moment où il pensait à sa mère.


| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2012), qui remerciait Alak Zenkar Rinpoché.


Bibliographie

Édition tibétaine

Zhabs dkar ba tshogs drug rang grol. “skyabs mgon zhabs dkar baʼi a ma dran paʼi gsung mgur.” In gsang chen snga ʼgyur baʼi bkaʼ gter zhal ʼdon phyogs bsgrigs. Zi ling: mtsho sngon zhing chen mtsho lho dge ʼos slob grwaʼi par khang, 1998. pp. 459–461.


Version : 1.0-20241004

Shabkar Tsokdrouk Rangdrol

Shabkar Tsokdrouk Rangdrol

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