Un chant non sectaire
Un chant célébrant l’approche non sectaire[1]
par Shabkar Tsokdrouk Rangdrol
Je supplie tous les lamas des lignées
Du Madhyamaka, du Dzogchen, du Mahāmudrā, du Zhijé et du Chö :
Bénissez-nous afin que nous soyons impartiaux
Envers les différents systèmes philosophiques.
Le niveau de l’éveil authentique et parfait
Est comme le sommet d’une montagne.
Madhyamaka, Dzogchen, Mahāmudrā, Zhijé et Chö
Sont comme les sentiers des quatre directions.
Ceux et celles qui pratiquent ces systèmes
Sont tels les randonneurs qui empruntent ces sentiers.
Les légères différences entre ces enseignements,
Comme les variations entre les différents sentiers.
À la moindre contradiction entre les enseignements,
Chaque tradition accuse la suivante,
Affirmant, « tu enseignes des hérésies ! »
C’est comme si les sentiers des quatre directions,
Dont certains sont plus larges, directs ou escarpés,
S’accusaient l’un l’autre, en prétendant :
« Ton sentier n’est pas un sentier ;
C’est un faux sentier ! »
Les méthodes de pratique peuvent certes varier ;
De même, untel montera un bon cheval ;
Un autre fera porter sa charge par un mulet ;
Un autre encore transportera lui-même ses bagages.
La principale différence en est la rapidité :
Le voyageur à cheval arrivera en premier ;
L’animal de bât suivra ; enfin,
Arrivera celui qui porte tout lui-même.
Pourtant, quel que soit le sentier qu’il emprunte,
Le randonneur finira par atteindre le sommet.
De même, quel que soit l’enseignement qu’on pratique,
On parviendra au niveau de la bouddhéité.
Ainsi, comme le Madhyamaka, le Dzogchen, le Mahāmudrā, le Zhijé et le Chö
Comprennent tous des méthodes pour atteindre l’éveil,
Tu devrais pratiquer celui que tu souhaites pratiquer,
Tout en ayant envers tous les systèmes une perception pure.
Comme l’a dit Milarépa, le seigneur des siddhas :
« Les enseignements ne sont pas noirs ou blancs, bons ou mauvais.
Se disputer à propos des systèmes et calomnier le Dharma
Ne fait que rompre la corde par laquelle on se hisse vers la libération. »
Par ailleurs, Paṇchen Chökyi Gyaltsen disait :
« Comme les actes négatifs envers les supports –
Le Dharma et les êtres nobles – sont intolérables,
Abandonne la haine et les préjugés,
Et embrasse tout dans la précieuse lumière
De la perception pure. »
Tsokdrouk Rangdrol prie
Tout un chacun d’agir de la sorte.
J’ai chanté, ayant adressé des prières
À tous les maîtres qui nous ont précédés.
Grâce à leurs saintes bénédictions,
Puissions-nous n’avons nul préjugé envers les enseignements.
Prononcé par Tsokdrouk Rangdrol.
| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise de Rachel Pang (2023).
Bibliographie
Édition tibétaine
Zhabs dkar tshogs drug rang grol. "bya btang tshogs drug rang grol gyis phyogs med ri khrod 'grims pa'i tshe rang gzhan chos la bskul phyir glu dbyangs dga' ston 'gyed pa rnams kyi stod cha." In Zhabs dkar tshogs drug rang grol kyi bka' 'bum. New Delhi: Shechen Publications, 2003. Vol. 3: 610–611
Sources secondaires (en anglais)
Pang, Rachel H. “The Rimé Activities of Shabkar Tsokdruk Rangdrol (1781-1851)”, Revue d’Etudes Tibétaines, no. 29, Avril 2014, pp. 5-30.
Ricard, Matthieu. The Life of Shabkar: The Autobiography of a Tibetan Yogin. Albany: State University of New Tork Press, 1994.
Sources secondaires (en français)
Shabkar. Autobiographie d’un yogi tibétain, traduit par Matthieu Ricard et Carisse Busquet (Plazac : Padmakara, 2014).
Version : 1.0-20241005
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Le texte original ne comporte pas de titre ; celui-ci fut ajouté lors de la traduction. ↩