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ISSN 2753-4812
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L’Excellente voie du Grand Véhicule

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L’Excellente voie du Grand Véhicule

Comment méditer sur les trois portes de la libération conformément au Mahāyāna

par Rongtön Shéja Kunrig

Hommage au maître et à la déité suprême !

Ta sagesse est parfaitement claire, comme la sphère du soleil ;
Et dans ta compassion, tu veilles sur l’infinité des êtres,
Tes actions éveillées se poursuivant jusqu’à la fin des temps.
Avec dévotion, je m’incline devant toi, ô sage suprême !

Ācārya Haribhadra, quand il présente la méditation sur les trois portes de la libération, explique que ces dernières peuvent se rattacher à la méditation sur les seize aspects des quatre vérités des nobles (l’impermanence et ainsi de suite). Ici, dans ce contexte où nous présenterons les trois portes – la vacuité, l’absence de caractéristiques et l’absence de souhaits – conformément aux doctrines du Mahāyāna, la vacuité s’applique à la base, l’absence de signes s’applique à la voie, et l’absence de souhaits s’applique au résultat.

Tout d’abord, il y a trois concepts qui bloquent les portes de la libération :

  • Percevoir la base comme étant réelle bloque la porte de la vacuité.
  • Croire que la voie est dotée d’attributs réels bloque la porte de l’absence de caractéristiques.
  • Considérer que le résultat est quelque chose à espérer bloque la porte de l’absence de souhaits.

C’est pour éliminer ces trois idées qui entravent la libération que nous méditons sur les trois portes.

Ici, « base » fait référence aux agrégats, aux éléments et aux sphères sensorielles. L’ignorance coémergente à l’égard de ces fonctions est la source du saṃsāra. Comme on le lit dans Les Soixante-dix stances sur la vacuité :

L’authentique pensée conceptuelle
Est ignorance, a dit l’Enseignant.

On en comprend que c’est la base du saṃsāra. Pour la surmonter, nous devons parvenir à une conclusion définitive à propos de la vacuité de la base, et pratiquer ensuite la méditation sur la vacuité. Alors, en abandonnant la perception de la base comme étant réelle, on ouvre la porte de la vacuité.

Si, quand on médite sur la vacuité, on considère que cette méditation est dotée de caractéristiques réelles, ce genre de croyance ne sert qu’à nous enliser. Il est dit :

Les aspects sont la cessation de la fixation et ainsi de suite.[1]

Il nous faut cesser toute fixation sur les quatre vérités. Autrement dit, même l’attachement à la voie est quelque chose à éviter, et c’est pourquoi l’on doit méditer sur le fait qu’elle est dépourvue de caractéristiques véritables. En méditant sur le samādhi de « l’absence de marques », on ouvre la porte de l’absence de caractéristiques.

Il est dit :

Son égalité consiste en les quatre aspects
De l’absence de prétention à l’égard des formes et ainsi de suite[2]

On dit qu’il faut alors éviter d’entretenir quelque forme de prétention que ce soit. Il nous faut non seulement abandonner l’espoir d’un fruit à atteindre par une autre méthode, mais il nous faut même nous défaire de l’espoir que la réalisation de la vacuité nous procure un quelconque résultat. Ce faisant, on ouvre la porte de l’absence de souhaits.

Cette explication – dans laquelle on rattache les trois samādhis à la base, à la voie et au résultat – s’inscrit dans la perspective du Mahāyāna. C’est la façon de méditer sur les trois avenues menant à la libération. Ainsi, c’est à la lumière du Mahāyāna qu’il faut expliquer la connaissance de la voie qui passe par ces trois portes d’émancipation.

Grâce aux mérites engendrés par cette explication authentique
De la façon de méditer sur les trois portes de la libération –
Dont le sens est difficile à saisir pour les autres, si acharnés soient-ils –,
Puissent tous les êtres entrer sur la voie du Grand Véhicule !

Ce texte, intitulé « L’Excellente voie du Grand Véhicule : Comment méditer sur les trois portes de la libération conformément au Mahāyāna », fut écrit par le grand Rongtön au monastère de Nalendra, pendant le mois de Saga Dawa de l’année Rabjoung[3].


| Traduit en français par Vincent Thibault (2024) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2007).


Bibliographie

Édition tibétaine

shes bya kun rig. "rnam thar sgo gsum sgom tshul theg chen lam bzang." In gsung 'bum/ shes bya kun rig. 10 vols. gsung 'bum/ shes bya kun rig. skye dgu mdo: gangs ljongs rig rgyan gsung rab par khang, 2004. (BDRC W28942). Vol. 1: 158–161.


Version : 1.0-20240606


  1. Abhisamayālaṃkāra, chapitre 1, v 28 c.  ↩

  2. ibid., chapitre 3, v 10 bc.  ↩

  3. C’est-à-dire l’année du lièvre de feu, 1447.  ↩

Rongtön Sheja Künrig

Rongtön Sheja Kunrig

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