La quiétude, le mouvement et l’intelligence
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La pratique du Mahāmudrā axée sur la quiétude, le mouvement et l’intelligence
par Mip’am Rinpoché
Si tu es en mesure de pratiquer les trois catégories simples du Mahāmudrā que sont le calme, le mouvement et la claire conscience, tu parviendras au point crucial – voir en définitive la vérité du dharmatā – grâce à la présence de la nature de bouddha (sugatagarbha) et à l’application des points clés basés sur les instructions essentielles. Puisque la racine de tous les phénomènes se trouve dans l’esprit, c’est en recherchant la clé de ton propre esprit que tu viendras à en connaître le secret, à comprendre tous les phénomènes, et à réaliser la nature de l’inexistence du soi. Pour ce faire, on peut donc se dispenser d’un excès d’analyse théorique, et suivre plutôt les instructions cruciales des maîtres réalisés.
Quand tu tournes ton regard vers l’intérieur et constates que ton esprit demeure sans le moindre mouvement, c’est ce qu’on appelle la quiétude, ou l’immobilité. Quand diverses formes de conceptualisation se produisent, c’est le mouvement. Et dans les deux cas, la capacité qu’a l’esprit de se connaître lui-même est ce qu’on nomme intelligence, ou claire conscience. Si tu maintiens cela continuellement, tu découvriras pour toi-même un point crucial, à savoir, la façon dont les différentes expériences de joie et de peine surgissent à partir de l’esprit même, avant de s’y dissoudre. Si tu comprends ça, tu reconnaîtras que toutes les perceptions ne sont que les manifestations de ton propre esprit. Alors, en regardant directement l’essence de l’esprit, qu’il soit immobile ou actif, tu comprendras que même s’il se manifeste de toutes sortes de façons, il est vide et dénué d’essence véritable. Tu sauras également que cette vacuité n’est pas un néant terne comme un espace vide, mais une vacuité qui inclut les qualités les plus sublimes, parce que tout en étant dénuée de réalité intrinsèque, la clarté incessante a toujours la capacité de tout connaître et de tout constater. Quand on comprend de la sorte le secret décisif de l’esprit, l’observateur et l’objet observé ne sont pas séparés; on fait plutôt l’expérience de l’authentique nature de l’esprit et de sa luminosité naturelle. C’est ce qu’on appelle la reconnaissance de rigpa, et c’est cette intelligence qu’on dévoile dans le Mahāmudrā et le Dzogchen. Si tu peux soutenir cette reconnaissance, ton expérience se développera, comme le disait Saraha :
À regarder encore et encore
La nature semblable au ciel
Et pure depuis toujours,
Le fait même de voir vient à s’estomper.
C’est aussi le message de la Mère, Prajñāpāramitā :
L’esprit est vide d’esprit; la nature de l’esprit est claire lumière.
Il n’y a rien de plus facile. Le mettre en pratique est crucial.
Par Mip’am. Maṅgalam.
| Traduit en français par Vincent Thibault (2022) sur la base de la traduction anglaise d’Adam Pearcey (2021).
Bibliographie
Éditions tibétaines
Mi pham rgya mtsho. gsung 'bum/_mi pham rgya mtsho. 27 vols. Paro, Bhutan: Lama Ngodrup and Sherab Drimey, 1984–1993. (W23468) Vol. 27: 22–23
Mi pham rgya mtsho. gsung 'bum/_mi pham rgya mtsho. 32 vols. Chengdu: [gangs can rig gzhung dpe rnying myur skyobs lhan tshogs], 2007. (W2DB16631) Vol. 32: 326–327
Version : 1.0-20220616